top of page
  • Photo du rédacteurMione

À la dérive de Nadine Poirier


TITRE : À la dérive

AUTEURE : Nadine Poirier

MAISON D'ÉDITION : Éditions de Mortagne

COLLECTION : Tabou


GENRE LITTÉRAIRE : Jeunesse/Jeune adulte contemporain

NOMBRE DE PAGES : 320


SYNOPSIS : Maltraités et négligés par une mère alcoolique et toxicomane, Nolan et sa sœur, encore tout jeunes, sont pris en charge par la DPJ. Commence alors un long périple de famille d’accueil en famille d’accueil, au rythme des mauvais coups que fait Nolan pour en être expulsé.


À seize ans, après avoir passé la moitié de son existence dans le « système », Nolan est toujours convaincu qu’il réussira à retourner auprès de sa mère. Même si celle-ci ne lui témoigne plus aucun intérêt, il ne peut envisager sa vie sans elle et n’offre son attachement à personne d’autre. Jamais une nouvelle mère ne pourra être plus aimante que celle qu’il s’est fabriquée dans son imaginaire.


Son agressivité grandissante et ses séjours fréquents au centre jeunesse lui confèrent un statut de délinquant, de rebelle. Qui donc voudrait d’un adolescent pareil sous son toit ? Une famille, pourtant, semble finalement croire en lui… Et il y a Laurie. Si forte et courageuse. Se pourrait-il que cette rencontre parvienne à tout changer ?


L’abandon, qu’il soit vécu au sein d’une cellule familiale ou en institution, est souvent responsable du trouble de l’attachement. Des comportements défiant les règles établies par la société s’ensuivent, ainsi que les sanctions qui s’imposent. Il devient alors difficile de penser à l’avenir de façon optimiste. S’ouvrir aux autres peut être la solution pour réussir à repartir sur de nouvelles bases


Cette lecture était inclue dans le Spécial Tabou, précisément dans la catégorie Psychologique. Cette catégorie ne sera jamais publiée, puisque j'étais incapable d'avoir l'esprit présent pour la lecture de livres aussi lourd que ceux qui font partie de cette catégorie. De plus, comme il y en avait plusieurs qui ne m'ont pas plu, je ne trouvais pas ça approprié de finalement en faire une critique complète comme je l'ai fait avec les autres catégories. Cependant, j'ai lu À la dérive et je savais, au moment de ma lecture, que je devais en parler. C'est pour cette raison que cette critique sort. Concernant les plus vieux Tabou restant, malheureusement, ils resteront dans l'ombre sur ce blog.


Merci de votre compréhension.





MON AVIS :


Il y a certains sujets de la Collection qui peuvent attirer moins l'œil d'un lecteur. C'est mon cas avec le trouble de l'attachement. Je n'étais pas intriguée et sans ce blog, je ne sais pas si j'aurais réellement pris le temps de le lire. Ce n'est pas contre l'auteure ou quoique ce soit, ce n'était simplement pas une lecture qui m'intéressait. J'aurais probablement fait la plus grosse erreur. Avant d'embarquer dans la critique, je vais dire ce que je ne pensais pas dire. À la dérive est devenu mon roman de la collection préféré. Je ne pensais pas m'attacher aux personnages comme je l'ai fait ni apprécier le récit comme je l'ai fait. J'ai reçu un coup au cœur et je suis tombé en amour avec ce livre.


Premièrement, j'ai appris que le trouble de l'attachement, c'est beaucoup plus complexe et difficile que je ne le pensais. Une chose que j'aime beaucoup de la collection, c'est l'apprentissage qui se résulte de chaque lecture. À travers le personnage de Nolan, j'ai compris un mal que je ne connaissais pas avant. J'ai toujours cru que le trouble de l'attachement, c'était volontaire, alors que ce n'est pas du tout le cas.


Dans ce roman Tabou, Nolan est venue me toucher comme jamais un personnage ne l'avait fait avant. Sa détresse, sa colère, son ressentiment et surtout son impuissance ont offert au récit des émotions difficiles à lire. Lorsque l'auteure parle des expériences passées du jeune Nolan, encore enfant, qui ne comprend pas pourquoi on l'a enlevé à sa mère et qui cherche, par tous les moyens, même adolescent, à la retrouver. Pour lui, la DPJ les a kidnappés, sa sœur et lui. Son combat contre le système mène à un combat contre lui-même, puisqu'il refuse de se laisser aller à une vie meilleure en s'attachant à une nouvelle personne. En se faisant enlever de sa mère, quelque chose s'est brisé en lui. Personne ne pourra prendre sa place, peu importe les moyens entrepris par ces gens pour le faire. Malgré la volonté de Zoé et Marco pour aider l'adolescent, il n'y a rien à faire. Il est borné à se saboter dans le simple espoir de retourner vers sa maman. À bat l'école, la seule chose qu'il veut, c'est travailler, faire de l'argent pour aider sa mère.

Les souvenirs de son enfance sont assez difficiles. Le nom des « Madame » - ces femmes qui s'occupent des foyers d'accueils visités par Nolan et Zoé - apporte une touche de légèreté voire même d'humour dans les passages beaucoup plus sombres. Nous, en tant que lecteur, on voit bien à quel point les deux enfants étaient négligés et en danger. Leur mère n'était pas une bonne maman et pas une bonne personne. En tant que lectrice, moi j'ai eu envie de secouer Nolan, comme sa sœur a eu envie de le faire un nombre incalculable de fois. C'est ce qui a donné du réalisme à l'histoire et qui m'a permis de m'immerger complètement au point de ne plus différencier la fiction de la réalité. J'ai été touchée au plus profond de mon être.

Lorsque les choses commencent à se placer et que le protagoniste adolescent arrive chez Juliette et Benoît Gravel, j'ai ressenti le changement dans la narration. Une touche encore plus humaine et agréable à la plume de Nadine Poirier. Cette touche s'appelle de l'espoir. C'est difficile comme lecture quand tout va mal, surtout quand le personnage principal a de la difficulté à voir son problème et à réaliser la douleur qu'il se cause. L'apparition de Juliette, Benoît et Mustafa dans le récit est un baume au cœur. Chaque petit détail et attention qui font changer Nolan petit peu par petit peu fait du bien. On comprend, en même temps que lui, qu'on peut être heureux, si on se donne la chance de l'être. Juliette, comparée à sa mère biologique, traite l'adolescent comme une maman doit traiter son enfant. Ils font absolument tout pour qu'il soit bien, heureux, en santé et toujours le ventre plein. Certains moments apparaissent comme des clichés campagnards, mais en vérité, c'est ce qu'avait besoin Nolan et donc, c'est ce qu'on avait besoin nous, en tant que lecteur.


Quant à Mustafa, son côté philosophique et le modèle qu'il devient pour l'adolescent apporte beaucoup à l'histoire. Vers la fin, lorsque Nolan réalise tout ce qui s'est passé et qu'il comprend la leçon apportée par l'homme et sa nouvelle famille d'accueil... c'est d'une beauté. C'est tellement beau que je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer à chaudes larmes. Je n'étais pas triste, au contraire, j'étais heureuse et je vivais le moment avec le personnage. Ce sont les plus belles larmes que j'ai versées pour un roman de la collection.

L'ajout de la romance avec Laurie donne également un espoir agréable au récit. Elle était bien placée, ni trop ni pas assez, juste parfaite. De plus, la jeune femme avec sa différence apporte un vent de fraicheur dans la vie de Nolan, avec la réalisation que, si on se donne la peine de voir le positif, tout ira pour le mieux.

Cependant, j'avoue que j'aurais aimé avoir plus de moments avec Zoé. Pour un personnage assez important dans la vie de Nolan et dans le récit en général, je l'ai trouvé un peu trop absente. Mais c'est un détail qui m'est bien personnel.

La plume de Nadine Poirier a réussi, à mon avis, à venir créer une histoire fictive si réelle et humaine qu'elle en est souffrante. C'est un roman que je ne pourrais jamais oublier et que je vais chérir dans un coin de ma tête pendant très longtemps.

Bannière_Mione.png
bottom of page