TITRE : Monstrueuse féérie
AUTEUR : Laurent Pépin
MAISON D'ÉDITION : Flatland
GENRE LITTÉRAIRE : Nouvelle
NOMBRE DE PAGES : 95
SYNOPSIS : Quand un psychologue rencontre une Elfe dans le Centre psychiatrique où il travaille, il croit d'abord que cet amour naissant permettra d'écarter les Monstres qui l'assaillent... Avis aux amateurs : conte pour adultes teinté de pataphysique, de psychanalyse, de poésie et d'humour noir.
« Depuis toujours, j'ai du mal à établir des contacts avec les gens «normaux». Quand je suis dans le trou noir, la tronche à l'envers, avec l'envie d'engueuler le vent et les oiseaux, je me dis parfois que ce sont des modèles en série, des ersatz, des brumes floues, sans consistance.
Alors que les bizarres, c'est plus noble. Eux, ce sont des modèles uniques qui sont nés sans mode d'emploi et en kit et qui ont dû se fabriquer seuls. Alors, bien sûr, ça donne des constructions très personnelles. Les idées ne sont pas au bon endroit, ou bien elles sont morcelées ou trop vastes, sans limites. Et parfois, il manque des pièces. C'est le problème des trucs en kit.
Je suis devenu psychologue et je travaille dans ce Centre. Souvent mon boulanger me demande si ce n'est pas trop dur de travailler avec «les fous». Moi j'ai envie de lui répondre que ce qui est vraiment dur, c'est plutôt ce genre de dialogue, mais je me tais.
Et je ne peux pas répondre que parmi les Monuments, on peut parfois trouver des elfes. »
JE REMERCIE L'AUTEUR POUR L'ENVOI DE SON LIVRE EN SERVICE DE PRESSE.
MON AVIS :
Okay. Ce livre est un coup de cœur, un énorme coup de cœur... mais je ne sais pas pourquoi. En fait, je sais pourquoi, mais je n’ai aucune idée de ce que raconte le livre. Je suis au courant que dit comme ça, c’est étrange, mais je crois que ce sera la critique la plus difficile depuis le début de ce blogue, parce que je ne sais réellement pas quoi dire... ou voir comment le dire.
L’histoire vogue beaucoup dans la tête du personnage. Il s’enfouit dans des souvenirs qui sont mélangés entre réalité et hallucinations. Dans le présent, il est toujours prisonnier de ces souvenirs et en tant que lecteur, on voit à travers les pages la descente aux enfers d’un personnage qui est confronté à la folie depuis l’enfance et qui se noie à travers ses expériences et traumatismes. C’est très difficile à expliquer.
J’ai classé le livre comme une nouvelle, car c’en est une. Mais une nouvelle de quoi ? Je n’ai absolument aucune idée. Fantastique peut-être ? C’est ambigu, mais tellement spécial à la fois. Même si je ne comprenais pas du tout l’histoire, je me suis laissée bercer par les mots et les images et je me suis fait prendre au jeu. J’ai été absorbée et j’ai terminé ma lecture rapidement.
La plume de l’auteur est absolument magnifique, poétique et profonde. Rares sont les écrivains qui peuvent écrire aussi bien. Malgré l’histoire rocambolesque, je mangeais les phrases, je sentais les métaphores, je vivais le moment de lecture. J’ai été impressionnée par la qualité littéraire et je crois que c’est en grande partie pourquoi cette œuvre est un coup de cœur.
Bien entendu, il y a des passages déstabilisants. Plus haut je vous parle de traumatismes, mais il y a un problème. En fait, la fiction fantastique vient se mélanger à la fiction contemporaine. Le personnage ne sait pas décelé le vrai du faux entre les deux et ça amène le lecteur à se poser les mêmes questions. Quels sont ces monstres dont il fait allusion ? C’est complexe et déstabilisant. Des scènes un peu plus gore attendent à quelques tournants, mais j’ai adoré.
J’ai eu l’impression que le personnage cherchait une « normalité », et le lecteur, moi, aussi un peu au passage, mais la normalité est subjective. Le personnage cherche le bonheur, mais est coincé dans ses souvenirs. Il aime son Elfe, mais la repousse à cause de sa folie.
Le livre en soi a un côté schizophrène, hallucinatoire qui fait voyager, mais qui donne une touche d’épouvante vraiment intéressante.
Honnêtement, c’est difficile à décrire comme expérience de lecture. Je vous conseille de vous faire votre propre idée, la plume de l’auteur vaut le détour juste pour ça. Le récit risque de vous donner un petit mal de tête, mais le livre mérite deux tylenols !
