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Les égarés de Lori Lansens


TITRE : Les égarés (Orig. The Mountain Story)

AUTEURE : Lori Lansens

TRADUCTEURS : Lori Saint-Martin et Paul Gagné

MAISON D'ÉDITION : Alto (Orig. Knopf Canada)


GENRE LITTÉRAIRE : Fiction dramatique

NOMBRE DE PAGES : 483


SYNOPSIS : Cinq jours, quatre randonneurs, trois survivants...


Le jour de son dix-huitième anniversaire, Wolf entreprend l'ascension de la montagne surplombant Palm Springs, avec en tête le projet de se jeter dans le vide. En chemin, il rencontre trois femmes : Nola, qui a décidé de souligner son anniversaire de mariage malgré le décès de son mari, Bridget, qui s'entraîne pour un triathlon, et Vonn, en pleine crise d'adolescence. Ces trois âmes brisées lui sauveront la vie chacune à leur manière.


Une série de maladresses les précipitera au milieu des bois. Égarés, ils devront faire des sacrifices, surmonter l'angoisse et l'affolement, affronter la faim, le froid, mais aussi les véritables raisons qui ont guidé leurs pas jusqu'au coeur de cette montagne.


Célèbre pour la richesse de ses portraits et la poignante humanité de ses personnages, l'auteure des Filles use ici avec un doigté remarquable des mécanismes du suspense pour infliger à ce quatuor mal assorti le plus cruel des procès : celui où l'on est à la fois juge et accusé.


JE REMERCIE KATHERINE DAIGLE POUR LA SUGGESTION DE CE LIVRE LORS DE NOTRE SWAP LIVRESQUE À L'AUTOMNE !





MON AVIS :


Lorsque j’ai reçu ce livre lors du Swap, j’ai été intriguée dès la première seconde où mes yeux se sont posés sur la couverture. Premièrement, elle est magnifique, mais surtout, je me demandais quels secrets cette œuvre pouvait bien cacher ? Qu’est-ce qui avait poussé Katherine à m’envoyer ce roman au lieu d’un autre ? J’ai voulu le lire au bon moment et surtout, le nombre de pages m’inquiétait un peu. Au fil de ma lecture, j’étais choquée, percutée et émotionnellement prisonnière de l’histoire.


Je vais le dire : ce livre est un page-turner. Je devais dormir, écrire, faire plein de choses, mais j’ai été incapable de le lâcher et en moins de vingt-quatre heures, il était terminé.

L’histoire est assez dramatique en soi. Entre les petites blagues - peu présentes - qui se glissent dans le récit, l’ambiance est lourde et difficile, mais étonnamment, c’est ce qui fait le charme du roman. Une touche humoristique de plus et ça déséquilibraient la fluidité de la ligne directrice. C’est une œuvre qui se veut dramatique et elle nous le rend bien. Rien ne va, autant dans le passé que dans le "présent".


Le livre est construit étrangement, mais fait tout son sens dès qu’on embarque et que nous tournons les pages. Le début présente Wilfred (Wolf) qui décide de raconter son histoire à l’écrit. Donc l’histoire qu’on lit s’est passée dans le passé et est entrecoupée de souvenirs du passé du passé. Je ne sais pas si ça a du sens ? En gros, Wolf raconte comment il s’est perdu en montagne avec trois femmes, mais raconte également ce qui l’a mené à cette montagne cette journée-là. J’avoue qu’à certains endroits, j’avais de la difficulté à savoir où me situer dans la tête de Wolf, surtout lorsqu’il commence à avoir des hallucinations à cause de la soif, de la faim et du froid. Malgré tout, les sauts dans les souvenirs du protagoniste étaient ce que je préférais. J’ai adoré comment l’auteure a construit son personnage à travers les traumatismes et les blessures. On apprend progressivement la vérité sur les raisons qui ont poussé Wolf à vouloir se suicider du haut de la montagne. C’est délicat, bien ficelé et pas précipité. Lors de ma lecture, je ne me suis pas dit "Allez, je veux savoir !", non, tout était à sa place et était dit au moment nommer. En tant que lectrice, j’ai suivi le récit du personnage en acceptant sa douleur et ses difficultés à s’ouvrir. Wolf est mon favori de tous dans ce livre.


Avant de parler des trois femmes, je voulais vous parler de Byrd. Byrd est le meilleur ami de Wolf. Il a une grande place dans l’histoire, sans réellement y être. On suit également sa progression à travers les souvenirs de son ami, pourtant, il est si bien construit, que j’ai eu l’impression de suivre un deuxième protagoniste, mais sur une autre timeline. C’est lui la touche d’humour qui amène légèreté sans détruire la trame dramatique du récit, lui même victime de drame et de difficulté. C’est un personnage que j’aurais aimé soit encore plus présent. Je l’ai adoré et une partie de moi, espérait que Wolf et Byrd finissent ensemble. Spoiler alert : Ce n’est pas le cas. Dommage.

Dans les personnages secondaires, il y a les détestables Frankie et Lark. Honnêtement, dès qu’ils étaient évoqués, je levais les yeux au ciel. Des égoïstes irrécupérables. Ils apportaient encore plus de lourdeur au texte, mais donnait du poids au personnage de Wolf, sans eux, l’histoire n’aurait pas lieu.

Puis, il y a les trois femmes avec qui Wolf se perd en montagne : Nola, Bridget et Vonn. On apprend assez rapidement qu’elles sont de la même famille. Trois générations de Devine. La trame du destin prend sa place au moment où Wolf les rencontre. À partir de ce moment-là, le hasard est mis à part, tout est une question de destin... et de chance.


Bridget est, à mon avis, la pire des trois. Mon dieu qu’elle me tapait sur le système. Dès qu’elle ouvrait la bouche, j’avais envie de lui mettre un bâillon. De plus, bien qu’elle soit présentée elle aussi comme égoïste et une mauvaise mère, on apprend au fil de l’histoire qu’elle a ses propres démons, ses propres traumatismes même si elle n’en parle pas. Elle pèse sur son dos un bagage important qu’elle refuse d’accepter, ce qui la rend désagréable aux yeux de tous, mais qui surtout, la rend humaine. À la fin du roman, j’avais appris à la supporter, voire même à l’apprécier. L’auteure a bien mené la trame de ce personnage jusqu’à la fin de l’histoire. J’ai été impressionnée.


Nola, l’aîné, vit un deuil, celui de son mari, mais aussi un deuil de la vie. Elle doit apprendre à tout faire seule, à surmonter tous les obstacles, surtout pour Vonn, sa petite-fille. C’est le côté sage de l’histoire. Elle apporte l’amour et la sagesse avec ses souvenirs de son défunt mari et de sa jeunesse qui n’a pas toujours été parfaite. C’est elle qui s’ouvre la première sur ses regrets et sa vie. C’est également la première blessée et celle pour qui on s’inquiète le plus. J’ai beaucoup aimé ce personnage que j’ai trouvé profond et doux.

Finalement, Vonn, l’adolescente, celle un peu plus rebelle, qui elle aussi, a des secrets et des démons intérieurs. Elle va beaucoup se rapprocher de Vonn, car ils partageront une certaine détresse psychologique. Les deux souffrent pour leurs propres raisons, mais la jeune femme arrive à lire en Wolf comme dans un livre ouvert, malgré leur rencontre hasardeuse et catastrophique. C’est un personnage qui, à mon sens, aurait mérité plus de profondeur, plus d’ouverture. J’ai l’impression d’avoir été laissé sur ma faim avec elle, mais comme il y a plusieurs personnages, ça n’a pas tant impacté ma lecture. Je crois qu’en rajouter aurait alourdi le texte. J’aurais bien sacrifié le blabla de Bridget pour nous offrir plus de moments à propos de Vonn. Sa fin à elle, je l’ai trouvé étrange. Son comportement change et même si je comprends le traumatisme, j’ai trouvé ça un peu "out of character", surtout quand on apprend le secret et énorme plot twist à la fin du livre. Je l’ai soudainement moins apprécié.


Le seul défaut que je donnerais dans l’entièreté de l’œuvre, et c’est un avis très personnel, c’est que j’ai eu de la difficulté à bien m’imaginer les lieux décrits. Ça bougeait beaucoup et je n’arrivais pas à me faire une image mentale précise. Vous voyez bien que cela ne m'a pas déranger plus que ça.

En général, c’est un excellent livre, une superbe histoire dramatique qui viendra vous émouvoir, vous faire réfléchir sur la vie, sur les privilèges qu’elle offre et sur l’instinct de survie, pas seulement quand on se perd en montagne, dans la vie de tous les jours.

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