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L'achat compulsif de livres, un vrai problème ?


Depuis que je suis blogueuse, je n’ai jamais autant acheté de romans. En soi, ce n’est pas un problème, je dis toujours aux gens, qui me disent « encore un livre? », que ça pourrait être de la drogue ou bien de l’alcool, mais que non, ce n’est qu’un livre. Mais cette comparaison me donne toujours quelques frissons dans le dos.


Et si l’achat compulsif de livres était un vrai problème ? Et que je le balayais sous le tapis en me disant que c’est « moins » pire, car c’est une œuvre culturelle et non pas dommageable pour ma santé ?


Cette semaine, sur les réseaux sociaux, je partageais les définitions des termes PAL et PAA, soit Pile à lire et Pile à acheter. Plusieurs ont pris en riant le fait qu’ils ont plus de deux cents livres non lus dans leur pile à lire et le triple dans leur liste de souhait. Des défis sur le net proposent aux lecteurs assidus de diminuer leur pile de livres non lus et plusieurs ont de la difficulté, achetant souvent plus qu’ils n’en lisent. D’autres, comme moi, vont s’acheter un roman quand ils sont déprimés, juste parce que ça fait du bien. Certains vont commander les nouveautés, même si le budget n’y est pas, pour suivre la vague sur les réseaux sociaux. Pour ne pas être « out » de ne pas avoir le dernier livre en vogue.


Et si je vous demandais comment ça se passe dans une librairie. Êtes-vous capable de sortir de là sans acheter un roman ? Ou vous en tenir à celui que vous veniez chercher ? Si oui, je vous félicite, car c’est un grand pas. Mais avez-vous pu vous empêcher d’ajouter des titres sur votre PAA ? Je ne le crois pas.


Est-ce que ce comportement est un problème ? Pas nécessairement, car il ne fait pas de mal à personne, sauf à notre portefeuille. De plus, si on ne s’empêche pas de manger ou de payer notre loyer, je ne crois pas qu’on puisse appeler ça une dépendance, même si les signes autour sont ambigus.


Néanmoins, je crois qu’il faut se positionner sur la base de ce comportement : l’influence.

Remontons quelques années auparavant, alors que les seuls réseaux sociaux étaient Skyblog/Skyrock et MySpace. On était influencé par la musique et les vêtements. On s’achetait des CD chez HMV comme si on tenait une collection. C’était pareil avec les boîtiers de films et de série chez Archambault. Les livres ? On les louait à la bibliothèque et, si on l’appréciait vraiment, on le notait pour, peut-être un jour, l’acheter quand on serait adulte. On n’hésitait pas à donner nos romans, à les passer à nos amis et, s’il ne revenait pas, on se disait tant pis. Les nouveautés nous passaient sous le nez, bref, on lisait et on achetait selon nos désirs.


Puis, Facebook et Instagram sont arrivés. Ceux qui collectionnaient les CD achetés chez HMV ont commencé à collectionner des séries de livres chez Renaud Bray. Soudainement, l’attrait d’une grosse bibliothèque a envahi les plateformes. On voyait les Américains avec leurs livres colorés, leurs belles couvertures, leurs nouveautés et on voulait faire pareil. Les Bookstagram ont pris d’assaut les lecteurs, leur faisant découvrir leurs lectures, les nouveautés des maisons d’édition, bref, l’actualité, selon les comptes auxquels nous sommes abonnés, ne montre que des livres.


C’est de la publicité. Quand vous voyez quelque chose passer souvent, vous vous dites que c’est bon, que vous voulez l’avoir vous aussi. Vous voulez faire partie de ceux qui en profitent, bref vous voulez faire partie de « la gang ». Vous achetez donc des nouveautés en masse. Des romans qui passent sans cesse sur votre fil s’ajoutent à votre panier d’achats. Vous allez en librairie et vous voyez le roman que MissTelle et MissLautre ont mis sur Instagram et vous vous dites que, tant qu’à être là, aussi bien le prendre aussi. Et aussi, tant qu’à y être, vous tombez sur une œuvre qui vous fait de l’œil, mais n’ayez jamais vu ailleurs. Vous le prenez et en parlez à vos abonnés. L’instant d’après, ce livre qui vous était inconnu parsème votre fil d’actualité.


L’achat compulsif de livres n’est pas un problème en soi. Il est dicté par l’influence journalière. Voir des avis positifs ou négatifs d’un livre vous poussera à vous faire votre propre opinion. Une belle couverture vous donnera envie de l’avoir dans votre bibliothèque pour y ajouter de la couleur.


Mais tous ces achats, vous ne les lirez pas en revenant à la maison. Même moi, je ne le fais pas. Ce sentiment d’urgence à le posséder immédiatement, pour dire aux autres « regardez, je l’ai moi aussi ! », s’effacera et il prendra la poussière pendant des semaines, des mois et peut-être allez vous-même l’oublier. Sans l’avoir lu. Il traînera dans votre PAL. Vous achèterez d’autres livres entre temps, faisant partie de votre PAA, en vous disant qu’il vous faudrait vider votre pile à lire avant, mais personne (ou presque) ne respecte cet engagement-là. Car on veut faire partie de la gang de lecteurs, de bookstagrammer, on veut posséder les nouveautés, même si ce n’est pas pour les lire tout de suite.


On dirait que c’est rassurant.

Ainsi, la prochaine fois où vous vous demanderez pourquoi vous avez acheté tel livre, allez voir votre fil d’actualité sur les réseaux sociaux. Vous comprendrez pourquoi.


Est-ce qu’il y a un remède à ça ? Pas vraiment. Ne vous désabonnez pas en masse de blogueurs ou de gens du milieu littéraire, ce n’est pas à ça que sert cet article. Non, il sert à sensibiliser sur un phénomène de masse qui se répand depuis quelques années. Si votre PAL ne vous fait pas peur et que vous achetez des livres, car ça vous fait du bien, continuez. Ça ne blesse personne, ça prend juste pas mal de place après un moment. Mais si c’est quelque chose qui commence à vous inquiéter, n’hésitez pas à vous faire un budget maximum. Si vous allez en librairie, n’apportez que l’argent nécessaire pour le livre que vous venez acheter, vous saurez que vous ne pourrez pas sortir avec un autre.


De plus, avoir une wishlist n’est pas une mauvaise chose. Ça vous permet, avec le temps, de savoir ce qui vous tente vraiment ou non. Et peut-être que certains livres vous donnent envie, mais que vous ne voulez pas nécessairement les acheter. Dans ce cas, n’hésitez pas à les emprunter à la bibliothèque, papier ou numérique sur le net. Ce n’est pas parce qu’on est en 2022 que ce système n’existe plus, au contraire, il s’est adapté.

Avoir une belle bibliothèque et des nouveautés, ça fait toujours plaisir. Mais prenez le temps de vous demander ceci : le faites-vous pour vous, pour votre passion ou bien pour paraître cool sur Instagram ?


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