TITRE : Délaissée. Persécutée. Jugée.
COLLECTION : Fait vécu
MAISON D'ÉDITION : Éditions de Mortagne
GENRE LITTÉRAIRE : Biographie
NOMBRE DE PAGES : 312
SYNOPSIS : Une enfant de la DPJ, voilà ce que je suis. Ces trois lettres me suivront toute ma vie. J’en suis marquée au fer rouge, comme du bétail.
Tout a commencé par une mère monoparentale, toxicomane et violente, et un beau-père agresseur. Ensuite, ceux qui devaient me protéger m’ont fait passer d’une famille d’accueil à l’autre, aveugles à la négligence que je subissais. Séquestrée, j’ai grugé les barreaux de mon lit pour ne pas mourir de faim. Abandonnée, j’ai cherché à être aimée à n’importe quel prix. Mais qui veut s’occuper d’une fillette avec un bagage aussi lourd ?
« Il ne faut pas s’attendre à des miracles avec une mère comme ça. Ça donne des enfants fuckés, des bons à rien. Y a rien à faire avec ce monde-là. Le mieux, c’est de la caser jusqu’à ses dix-huit ans, et de gérer ses fugues jusque-là. » Ces phrases, je les ai entendues souvent. Pourtant, elles ne résument pas qui je suis.
Malgré ce qu’on m’a répété, je sais aujourd’hui que j’ai de la valeur, une personnalité, un avenir. Et que je ne suis pas qu’un nom sur un formulaire, pas qu’un dossier d’enfant maltraitée parmi tant d’autres.
Nancy St-Laurent a été appelée à témoigner devant la commission Laurent, Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse. Après avoir entendu son histoire, un de ses membres lui a suggéré d’écrire un livre… celui que vous tenez entre vos mains.
JE REMERCIE LES COMMUNICATIONS JULIE LAMOUREUX ET LES ÉDITIONS DE MORTAGNE POUR L'ENVOI DU LIVRE EN SERVICE DE PRESSE.
Comme tous les livres de cette collection, je n'attribue pas de note. Je suis inconfortable de noter un livre qui relate l'histoire réelle d'une personne.
MON AVIS :
OUF ! J’ai tellement été en colère en lisant ce livre. Comment peut-on faire autant de mal à une enfant ? Comment notre société peut-elle laisser faire ce genre d’atrocité ? Le livre de l’auteure est venu me frapper dedans comme un train. J’ai pleuré, j’ai ragé et j’ai tellement remis en question le système que je trouvais désolant. Le roman m’a un peu fait penser à celle des jumelles martyres, publié dans la même collection. Maudit que ce n’est pas normal ! Maudit que ça me met en criss ! Ben oui, je sacre, parce qu’on ne peut pas finir sa lecture sans lâcher plusieurs sacres tellement c’est dégueulasse. L’histoire de Nancy est d’une atrocité et je ne souhaiterais même pas ces sévices à mon pire ennemi. C’est d’une horreur et je suis heureuse qu’elle ait réussi à s’en sortir dans la vie malgré le peu de chance qu’elle a eu à la naissance. Et tout ça, c’est grâce à elle et personne d’autre que ce soit bien clair.
À peine avais-je terminé le chapitre deux que je voulais frapper quelqu’un tellement les propos racontés par l’auteure étaient effroyables. Le manque de logique des intervenants de la DPJ est dégueulasse. Il n’y a pas d’autres mots. Combien de fois me suis-je dit « voyons donc? ». Bien trop souvent.
Tout le long, on ressent la douleur de Nancy et surtout sa peur. C’est affreux de lire autant d’horreur. J’ai eu envie, d’innombrables fois, de la prendre dans mes bras et de l’aider. Les gens qui la considérait « une enfant à problème » n’ont clairement pas remarqué que le problème résidait dans son environnement toxique et problématique. Grandir sans amour et dans le rejet, ça n’aide pas à la santé mentale et à être « bien élevé ». En même temps, était-elle seulement bien élevée ? Non, elle l’a fait toute seule. Elle a dû apprendre à vivre, à grandir, à devenir une adulte complètement seule, car le système, les adultes et les intervenants l’ont laissé à elle-même dans un milieu horrible. Protéger la jeunesse qu’ils disent ? Bullshit ! Si c’est trop « difficile », ils n’hésitent pas à se débarrasser de toi et c’est exactement ce que Nancy dénonce avec son histoire. Je ne peux pas croire que des êtres humains ont pu faire ça à une enfant, à une adolescente…
De plus, lorsqu’elle parle de ses racines autochtones, j’ai trouvé ça très difficile comme passage. J’avoue m’être posé des questions moi aussi. Est-ce que son traitement injuste a été causé par une forme de racisme ? Au plus profond de moi, j’espère que non. Mais d’un autre côté, je ne peux m’empêcher d’avoir un doute.
Ça fesse sur un solide temps comme lecture, mais j’ai trouvé que ça donnait beaucoup d’espoir, car malgré les difficultés, Nancy a réussi à prendre sa vie en main. Malgré des vices et un milieu propice à la déchéance, elle est devenue une femme forte et indépendante. Elle est devenue mère et n’a pas reproduit tout ce qu’elle a vu dans sa vie. Elle s’est battue pour montrer qu’elle était une bonne personne, une bonne maman, et on lui a donné raison. Parce que ce n’est pas parce que tu as l’étiquette de la DPJ dans le front que tu es moins que rien. Nancy n’est pas une moins que rien. Nancy n’est pas un numéro de dossier. Nancy n’est pas un objet. Nancy est une femme, une humaine, à qui on doit le respect comme à tout autre être humain sur cette terre. Ce livre est l’espoir que les choses changent, que d’autres enfants n’aient pas à vivre ce que Nancy a vécu, ce que les jumelles martyres ont vécu, ce que la pauvre fillette décédée à Granby a dû vivre. C’est aussi l’espoir que ce n’est pas parce que tu passes dans le système que tu ne peux pas t’en sortir à l’âge adulte. Ce sera probablement plus difficile, mais pas impossible. Et je remercie du fond du cœur l’auteure d’avoir partagé son histoire pour ça.
Le seul élément négatif que j’ai à apporter au livre c’est qu’il y a plusieurs incohérences (âge et nom qui changent à deux endroits) et plusieurs fautes de français qui ont bloqué légèrement ma lecture. Néanmoins, cela ne m’a pas empêché de vivre le récit et de ressentir les émotions qui se dégageaient des pages. Un livre à lire ABSOLUMENT. Il est temps que les choses changent, et vite !
Je vous conseille également l'écoute de la chanson composée par le conjoint de Nancy qui, je vous le dit, m'a fait pleurer toute les larmes de mon corps.
