top of page
  • Photo du rédacteurMione

Amour Interdit de Nadine Poirier

Amour Interdit de Nadine Poirier (Éditions de Mortagne – Collection Tabou)

Amélia commence tout juste à accepter la présence de sa belle-mère dans sa vie, lorsque son père lui annonce ce qu’elle redoutait le plus : ils souhaitent emménager ensemble… à la campagne ! Déracinée de force, l’adolescente se retrouve loin de ses meilleures amies, avec pour seule compagne sa nouvelle jument.


Au ranch où son cheval est en pension, Amélia fait la connaissance d’Éthan : c’est le coup de foudre! Rapidement, les amoureux deviennent fusionnels. Jusqu’à ce que les mots « relation illégale » soient prononcés. Ce Roméo et cette Juliette des temps modernes ne pourront plus s’aimer au grand jour sans craindre de voir la police débarquer pour menotter Éthan.


L’amour n’a pas d’âge, affirme un proverbe populaire. Rien de plus faux ! Selon la loi canadienne, un adolescent de quatorze ou quinze ans peut consentir à des activités sexuelles avec une personne de moins de cinq ans son aînée. Lorsque cet écart est franchi, on parle de relation amoureuse illégale, puisque cela constitue une infraction criminelle passible de lourdes sanctions.

Je me souviens quand, un jour, j’ai reçu un message dans ma boîte privée sur Facebook. On était à la mi ou la fin mars. « Va fouiller dans ce coin-là » avec un petit emoji clin d’œil. Curieuse comme je suis, je revêtis le rôle de Sherlock Holmes et me mets à fouiller pour découvrir le Tabou. Je l’ai trouvé et là, j’étais excitée ! J’attendais le sujet depuis longtemps. Il se trouvait dans le feuillet offert par la maison d’édition depuis la dernière année. De plus, l’auteure était celle que j’avais adoré lire. Adios étant mon quatrième préféré de la collection. Je crois que ce qui a été le plus difficile avec ce roman a été de garder le secret. Par respect pour l’auteure et la maison d’édition, il ne fallait pas le dévoiler, mais moi je savais et j’avais si hâte à la date de sortie ! Amour Interdit est le premier roman de la collection que j’ai eue entre les mains la journée même de sa sortie. Est-ce que ça vous montre que j’avais hâte ? Le lendemain, le roman était terminé. Je l’ai dévoré en moins de trois heures.


Avant de vous parler de l’auteure et du roman, j’aimerais faire un simple commentaire. Depuis l’annonce de la publication, certaines personnes ont pris en grippe le sujet, disant que ça romantisait la pédophilie et le détournement de mineur. J’aimerais préciser une chose : c’est complètement faux. Je vais faire mon possible pour vous expliquer pourquoi c’est faux, sans vous spoiler, mais sachez que les Éditions de Mortagne ne cautionnent pas et ne font pas l’apologie de la pédophilie (ou de l’éphébophilie) ou le détournement de mineur. Nadine Poirier a écrit un roman qui sensibilise sur le sujet. J’ai moi-même une opinion sur la loi, mais je ne suis pas ici pour faire part de mes opinions qu’on pourrait dire à la limite « politiques », je suis ici pour critiquer une œuvre littéraire. Les personnages d’Amélia et d’Éthan n’existent pas dans la vraie vie, même si des personnes réelles ont peut-être vécu ce qu’ils ont vécu. Merci de comprendre cette nuance.


Nadine Poirier est une auteure, une maman, une conférencière et une organisatrice de loisirs socioculturels. Je crois que c’est ce qu’on appelle une femme polyvalente. Ayant toujours plusieurs projets sous ses bras, en plus d’être maman de plusieurs garçons. C’est grâce à eux, justement, qu’elle se trouve une passion pour la littérature jeunesse. On les remercie ! Native de la Gaspésie, elle va faire des études postsecondaires à Trois-Rivières pour finalement obtenir un baccalauréat en récréologie qui va la faire travailler dans une école secondaire pendant plusieurs années. C’est en 2006 qu’elle publie son premier livre : Olga, la fille aux pelures d’oignon. En 2012, elle rejoint le collectif de la Collection Tabou avec Adios dont le sujet est le décrochage scolaire. La même année, elle participe à la tournée Idélire en Colombie-Britannique et y retourne l’année suivante, en plus de faire la tournée Lire à tout vent. 2013 est une grosse année pour l’auteure qui a également reçu le prix AQPF-ANEL qui est offert par l’Association québécoise des professeurs de français (AQPF) et l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL) pour Adios. En 2015, elle publie un deuxième tabou, Projet C qui parle de la chirurgie esthétique, précisément l’augmentation mammaire. En 2017, deux romans sont publiés : À la dérive dans la Collection Tabou qui parle du Trouble de l’attachement et « Le jardinier qui cultivait des livres » qui remporte le prix littéraire Gérald-Godin présenté par la ville de Trois-Rivières. Durant la même année, elle partage l’idée « Une dent, un livre » durant le concours « Une idée qui conte » et elle est retenue. En 2018, elle publie son premier livre dans la collection des Pars, Cours avec Lenny, puis en 2019 avec Bernadette. Amour Interdit, publié le 3 juin est son dernier roman en date.


Je suis rentrée dans l’histoire d’Amour Interdit assez rapidement. La plume de Nadine est légère et invitante. On le sent tout de suite qu’on s’adresse à des adolescents et je crois que c’est peut-être un défaut, personnel, puisqu’en étant dans la mi-vingtaine, je me suis sentie un peu moins rejointe. Cependant, ça n’affecte pas vraiment l’histoire. Amélia est une adolescente comme les autres. Elle fait encore le deuil de sa mère, frustrée par son père et déteste sa belle-mère. L’adolescent commun dans toute sa normalité. Elle a une passion : les chevaux. Alors, quand son père lui apprend qu’ils partent à la campagne, c’est une catastrophe pour la jeune femme, jusqu’à ce qu’elle apprenne que celui-ci lui apprenne la nouvelle du cheval en pension. Alors là ! Bien entendu, elle est triste de laisser derrière elle la maison familiale, celle qui a vu sa mère mourir, mais elle sait que c’est une nouvelle vie devant elle. J’ai bien aimé comment l’auteure a amené ce changement. Pas trop brusque, pas trop léger, juste assez, exactement comme n’importe quel adolescent aurait réagi. C’était très réaliste.


Amélia va finalement rencontrer Éthan, un jeune homme de vingt-et-un ans qui s’occupe du ranch de son oncle et prévoit l’acquérir. Dès qu’il voit l’adolescente, il sait qu’elle a quinze ans, mais il la trouve beaucoup plus mature que les filles de son âge (bien qu’elle n’ait pas fait la différence entre une sellerie et un céleri, la pauvre). Rapidement, l’un se trouve dans la pensée de l’autre, ce qui cause des frictions entre Amélia et Lyvia, son amie et collègue à la cantine du village, car celle-ci est amoureuse d’Éthan depuis des années. Je crois que si je devais faire une critique au niveau des personnages, je dirais que Lyvia et ses amies n’ont pas l’air d’avoir seize ans et n’agissent pas comme des filles de seize ans. Donc ce côté-là, j’ai eu un peu de difficulté.


Bref, les deux jeunes tombent rapidement en amour et couche ensemble. Selon moi, beaucoup trop vite. Je comprends que les adolescents d’aujourd’hui (gosh, je suis si vieille que ça ?) font l’amour de plus en plus tôt, mais elle connaissait à peine le jeune homme avant de coucher avec lui. C’était très rapide et ça m’a un peu titillé. Éthan est décrit comme mature, mais également un éternel adolescent. Comme j’ai dit, il s’occupe du ranch et ne fait pas grand-chose d’autre outre donner des cours d’équitation à des élèves, dont Amélia. Vous la sentez venir la bisbille ?


La loi canadienne du consentement sexuelle est claire : les adolescents de quatorze et quinze ans ne peuvent consentir à des relations sexuelles avec quelqu’un de plus de cinq ans leur aîné. C’est à partir de seize ans qu’un adolescent a le droit au consentement sexuel. Or, dans le roman, Amélia a quinze ans et Éthan en a vingt-et-un, ce qui est un écart de six ans. Ils sont donc dans l’illégalité. Le problème dans le roman et qui a causé une couche de plus dans l’illégalité de leur relation est que le jeune homme est le prof d’équitation de la jeune fille, ce qui le met en position d’autorité.


Ce que j’ai aimé, c’est que dans l’histoire, dès que les deux protagonistes apprennent pour la loi et sur les conséquences, ils arrêtent de se voir et même de se parler en attendant le seizième anniversaire d’Amélia, pour ne pas causer de problème. Éthan n’est pas un pédophile et non, il ne manipule pas l’adolescente. Il est amoureux d’elle, mais il est trop vieux pendant un moment, alors il accepte d’être patient. Le problème étant que relation, il y a déjà eu et une dénonciation peut se faire une semaine après les faits comme cinquante ans après.


À partir de ce moment, l’auteure met son rôle de sensibilisatrice en œuvre. Amélia décide de faire une vidéo virale pour expliquer la loi aux adolescents et aux jeunes adultes, elle se renseigne auprès d’un avocat et d’une juriste, bref, on nous explique la loi et on nous permet de comprendre les conséquences d’avoir une relation amoureuse illégale. Il est important de comprendre que oui, Éthan et Amélia étaient amoureux, mais oui, il existe dans la vie réelle des personnes qui manipulent les adolescents et adolescentes pour avoir des relations sexuelles. C’est à ça que sert la loi, à protéger. Selon la loi, il n’y a pas de différence, mais selon moi, il y en a une, mais une personne de trente ans qui a des relations avec une ado de quinze et un jeunes adultes à peine sortie de l’adolescence qui a vingt-et un an qui a des relations avec une ado de quinze, je trouve ça pas pareil, alors j’ai compris l’auteure d’avoir permis à Éthan et Amélia de s’aimer durant un moment.

J’ai apprécié que les personnages se renseignent et prennent le temps d’expliquer les choses, notamment Catherine, la belle-mère détestée, qui va essayer de prendre du temps avec sa belle-fille pour l’aider. J’ai trouvé ça très beau et cette compréhension est nécessaire pour aider les adolescents qui sont dans la situation d’Amélia. Que ce soit parce qu’ils y sont piégés ou pas.


Il y a seulement deux éléments qui m’ont beaucoup déplu et c’est bien personnel. Le premier est peut-être un détail, mais un qui m’importe. J’ai détesté le choix de typographie pour le roman. Le style machine à écrire où on voit à peine l’italique et où le gras est agressant, j’ai trouvé ça déplaisant. J’ai eu aussi l’impression que la typographie avait été choisie pour agrandir les mots, pour faire un plus gros roman. Parce qu’en réalité, l’histoire est bonne, mais elle passe assez rapidement et se lit très vite. C’est peut-être une impression, mais voilà. Le deuxième élément, c’est Chloé. Je n’ai pas compris pourquoi cela avait été ajouté à l’histoire. Chloé qui est agressé sexuellement par un gars d’un an son aîné, c’est dommage, c’est triste, on informe à propos de la CAVAC, ce qui est très bien, mais selon moi, ça ne servait absolument à rien. Peut-être le côté qu’elle a quinze ans et donc n’a pas de consentement sexuel, mais je crois qu’il aurait été plus intéressant de faire tourner cette agression par un adulte plus vieux qu’Éthan pour montrer la différence des cas. Où une a été consentante, mais la loi lui dit que non et une autre où elle n’a pas été consentante et la loi la protège. Vous voyez ce que je veux dire ? Je crois que c’est quelque chose qui aurait pu être intéressant à tourner.


En terme général, c’est un bon roman Tabou. Un roman qui va susciter de l’indignation probablement, mais c’est le but, car c’est un sujet « tabou ». Mais selon moi, Nadine Poirier a très bien fait son travail et a réussi à nous offrir un livre qui sensibilise et surtout nous enseigne quelque chose. C’est à mon avis, la plus grosse difficulté que peut avoir un roman de cette collection et elle l’a très bien réussi.


Note finale :


47 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
Bannière_Mione.png
bottom of page