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ToxiK et AddiK d'Emmanuel Lauzon

ToxiK par Emmanuel Lauzon – Collection Tabou (Éditions de Mortagne)

Comment en suis-je arrivée là? Comment ai-je pu perdre le contrôle de ma vie à ce point, sans m’en rendre compte? Tout marchait pourtant très bien pour moi. À l’école, avec ma meilleure amie Élodie, avec ma famille et dans mes cours de danse hip-hop…

J’étais convaincue de ne pas être une « droguée ».


J’ai commencé à consommer seulement pour m’améliorer, dans un contexte bien précis : ma participation à un rap battle. Je le faisais pour les bonnes raisons. Et je savais que je pouvais arrêter n’importe quand. Enfin… c’est ce que je croyais. Jusqu’à ce que les problèmes me tombent dessus. Un à un. Jusqu’à ce que ça aille trop loin…

Il a fallu que tout s’écroule autour de moi pour que je prenne conscience de ce qui m’arrivait.

Pourquoi me suis-je laissé entraîner aussi bas?

***

Au Québec, plus du quart des adolescents déclarent avoir déjà pris de la drogue, du cannabis aux substances plus dures. Si le plaisir est une des raisons souvent évoquées, un nouveau type de consommation s’est répandu au cours des dernières années : la consommation de drogues à des fins de performance. L’histoire de Kellyann met en lumière un visage différent, mais actuel, de la toxicomanie.

Je ne sais pas pourquoi, mais ça m’a pris un moment avant de me procurer ToxiK, mais surtout de le lire. Mon amie Stéphanie me répétait sans cesse que c’était son préféré, qu’il était excellent, mais il arrivait toujours quelque chose pour que je n’aille pas le livre : soit pas d’argent, soit pas en tablette. Frustration ultime! J’ai finalement réussi à me le procurer et j’avais l’impression de tenir le Saint-Graal. J’ai texté mon amie pour lui dire, toute contente. Et puis, j’ai attendu des semaines avant de le lire, honte à moi.


Je ne referais pas la biographie de l’auteur, car j’ai déjà parlé de lui dans ma critique de « TAGuée ». Si vous voulez connaître sa vie, je vous invite à aller faire un petit tour dans cette autre critique (zéro pub ici). Je suis simplement lâche de faire un copier-coller et je me dis que ça ne servirait à rien de raconter la vie d’Emmanuel à toutes les critiques que je fais de lui! Le pauvre, il va penser que je connais sa vie par cœur et ça, les amis, c’est creepy!


Alors… ToxiK. ToxiK. ToxiK. Je suis bien contente de l’avoir enfin lu. J’étais assise sur mon sofa, cherchant de quoi à faire, lorsque du coin de l’œil je vois le Tabou, là, coucher sur ma bibliothèque avec les autres livres de ma pile à lire. Je me dis « Pourquoi pas? ». Je l’ouvre et là. LÀ. Coup de foudre. Je rentre dans l’histoire dès les premières pages. Quatre heures plus tard, le livre de 300 pages était fini. D’un coup, sans avoir pris le temps de respirer (non je rigole).


Au début, je n’étais pas certaine de m’attacher à Kellyann, car la danse et le speed, ce n’est pas vraiment mon dada, mais dès que je me suis mise à lire, les souvenirs que j’ai eus! Je me suis souvenu de tous les films « Bring it on » que j’écoutais avec ma mère quand j’étais plus jeune. Je voyais Kellyann dans ce genre de compétition et je tripais en lisant. J’étais comme « wouah ». Spoiler alert, je suis très déçue que sa consommation ait fait en sorte de couper la danse.


Alors, les personnages sont des perles. Je les ai tous adorés. J’aurais aimé qu’on voie plus le frère de Kellyann, qu’il y ait un rebondissement, un lien frère sœur qui se crée, un conflit même à cause de l’Aderall, quelque chose. C’est peut-être ce que je trouve qu’il manquait le plus au niveau des relations. En revanche, Élodie et Jessica, je les trouvais très adolescentes, parfaites dans leur rôle. Christophe aussi était parfait dans ses chaussures, mais j’ai trouvé que le stéréotype du « rappeur qui se drogue » était un tout petit peu décevant.


J’ai adoré que tout arrive doucement. On y va un jour à la fois, tranquillement pas vite. La consommation de Kellyann commence tranquillement, puis se dégrade plus elle tente d’avoir un gros feeling (ce qui va lui couter très cher). Mais j’aimerais juste faire une parenthèse sur une petite coquille que j’ai trouvé drôle, c’est lorsque Kellyann parle à Christophe pour le voir le samedi, elle dit qu’elle va le voir dans deux jours, alors qu’Élodie venait de lui dire qu’ils étaient mardi. J’ai trouvé ça un peu comique et ça m’a fait penser à tous les détails qu’un auteur doit penser et maudit que quelquefois on peut être perdu à quelques bouts (je sais ce que c’est).


Également, j’ai découvert un talent à Emmanuel Lauzon avec le rap battle! Je me suis surprise à imaginer un rythme lorsque Kata-Strophe et Aftermath se battent en duel. Ceux qui ont lu le livre, soyez surpris, mais moi j’ai adoré les textes d’Aftermath, même si c’est un gros cochon sexiste. Ce n’est pas le personnage que j’aime, mais bien le texte créé par l’auteur. Cependant, j’ai eu une grosse déception vis-à-vis le battle de ToxiK (Kellyann) et Aftermath, car elle lui a lancé un défi de faire un texte non sexiste, alors j’attendais impatiemment de voir ce qu’il avait écrit, pour ne voir rien du tout. On voit le texte que Kellyann avait déjà composer quelques pages plus tôt et c’est tout. J’ai vraiment été déçue de ne pas voir plus que ça au niveau du rap battle, surtout que c’est la raison pour laquelle l’adolescente s’est mise à consommer.


En général, c’est un excellent roman. Je n’attendais pas moins d’Emmanuel. Ce n’est pas mon préféré (il ne déloge ni TAGuée ni [V] ivre, mais il se place dans mon top 5! Sur près de 50 romans, je pense qu’on peut dire que l’auteur a fait une bonne job!


 

AddiK d’Emmanuel Lauzon (Éditions de Mortagne)

Qu’est-ce que j’ai fait ? Comment ma vie a-t-elle pu dérailler à ce point en si peu de temps ? Probablement que les rails n’étaient pas très solides.


Depuis que je suis petit, j’ai comme un immense trou en moi. Ayant horreur du vide, je cherche constamment à le remplir. Les filles et l’écriture de rap m’aident à me sentir un peu plus… complet. Mais ce qui fonctionne le mieux, c’est la drogue. J’ai essayé presque toutes les substances possibles et, encore récemment, je réussissais relativement bien à gérer ma consommation. À l’exception de quelques incidents, elle ne m’avait jamais causé de vrais problèmes.


Jusqu’à ce que je touche aux opioïdes… et que je saute à pieds joints dans le trouble.

Maintenant, je suis prisonnier et je ne sais plus comment m’en sortir.

Je suis… addiK.


Les opioïdes sont des médicaments puissants, généralement utilisés pour le soulagement de la douleur. Ils présentent un haut risque de dépendance physique et psychologique, surtout lorsqu’ils sont pris de façon récréative, sans le suivi d’un médecin. Ils peuvent aussi mener à une surdose mortelle. L’histoire de Christophe est celle de milliers d’autres jeunes, devenus esclaves de leur consommation de drogues dures.

Pour lecteurs de 16 ans et +


Vous voici donc dans la partie deux de cette critique double. J’ai écrit la critique de ToxiK il y a plusieurs mois déjà, mais je tenais à attendre la sortie et ma lecture de son « spin off » pour en dévoiler son contenu.


Emmanuel Lauzon a eu un mauvais coup de chance lorsque la pandémie du Covid-19 a déboulé dans nos vies comme une tornade quelques jours après la sortie en librairie de son nouveau roman, qui plus est, est le 50e de la collection. Tout le monde attendait avec impatience les Salons du Livre de Trois-Rivières et de Québec pour faire signer leurs exemplaires. Ce ne fut pas possible. Puis, les librairies ont fermé. C’est un coup dur pour l’auteur. Je ne fais pas ça d’habitude, mais je vous demande ceci : si vous avez 18$ dans vos poches, allez sur le site www.leslibraires.ca et commandez-le, lisez-le, savourez-le et parlez-en ! Vous ne le savez pas, mais vous allez aider énormément un auteur d’ici qui a un cœur gros comme l’univers et du talent gros comme le ciel, en plus d’encourager une librairie indépendante d’ici.


Bref, commençons.


Christophe. Kata-Strophe. Le gars qui ne sait plus faire de strophe. Ouf, suis-je en train de me laisser influencer ? Probablement. On retrouve l’ex de Kellyann (protagoniste de ToxiK) qui est en grosse peine d’amour et perdu dans sa vie. Il n’arrive plus à écrire, à composer, mais surtout : sa consommation est en train de devenir un problème. Quand j’avais vu le mot « oxy » dans l’histoire de Kellyann, j’ai été un peu perturbé, dans AddiK, c’était encore pire. Je vous explique pourquoi.


Ma mère a eu un accident de voiture il y a plusieurs années et les séquelles de cet accident ont donné des douleurs de dos chroniques. Si vous avez lu l’histoire de Christophe, vous comprendrez que ça prend ça pour avoir une prescription d’un médecin pour de l’oxycodone, et ce, après plusieurs tests. Alors, voir dans un livre qui parle de dépendance de drogue dure un nom que je vois sur une bouteille de pilule sur la table de cuisine, ça me perturbe. Ce qui m’a également perturbé c’est : je connais le sentiment de Christophe.

On se calme, je ne suis pas toxicomane, je ne suis pas addict à quoi que ce soit. J’ai des douleurs chroniques « féminines » et ça m’est arrivé deux ou trois fois d’avoir recours (avec son approbation) aux médicaments de ma mère pour calmer la douleur. Comparé à ma mère qui ne ressent pas le « high », moi, je l’ai vécu.


C’est tentant d’en prendre plus et encore et encore. Tu as l’impression d’être sur un petit nuage et tu planes littéralement dans un autre monde. Mais c’est toxique. C’est dangereux. Mais j’ai compris le sentiment de Christophe quand il prenait ses pilules d’Oxy, parce que j’avais vécu son trip. Alors que j’ai eu de la difficulté à m’identifier à Kellyann, moi et Christophe, c’était fusionnel. Je n’ai jamais pris de l’Oxy pour le plaisir, mais je comprenais le sentiment du personnage face à l’effet de la drogue. Moi aussi, ça m’est arrivé d’en vouloir d’autres, d’en vouloir plus, de planer encore et libérer mon esprit. Mais je savais que ce n’était pas bien et que je mettrais ma mère dans une situation désastreuse, en manque, mais surtout, dans la douleur. Alors cette « envie » je l’ai vite chassé de mon esprit.

Christophe lui, tout au long du roman, il est dans une escalade, sans cesse, vers un nirvana de plus en plus haut, mais de plus en plus dangereux. Plus tu montes, plus le choc sera fatal à la descente. J’ai adoré ça dans le livre. On monte les marches, en même temps qu’il monte les siennes.


Une pilule, deux pilules, trois pilules, snif la pilule et hop ça commence à ne plus être assez.

La tête de Christophe ne voyait plus que l’envie et était terrifié du manque. Il voulait sentir plus, mais également ne plus rien sentir du tout. C’est l’effet de planer qu’il recherchait tant.

Puis, une marche en entrainant une autre, son pusher et ami, le laisse sans drogue. Il est fauché, il en a besoin et il est prêt à commettre un crime illégal pour s’en procurer. C’était éprouvant. En lisant, tu ressens les tremblements, tu ressens la sueur qui coule de ta nuque jusque dans le bas de ton dos. Tu comprends Christophe et en même temps, tu souhaites qu’il trouve de l’aide.


J’ai adoré sa relation avec son père, compréhensif, qui ne tente que de sauver son fils qu’il aime plus que tout au monde. Oui, en tant que parent, tu peux avoir envie d’abandonner ton enfant qui ne fait qu’à sa tête, mais son père à lui, n’a jamais cessé de croire en ses talents et ses capacités. Quant à sa mère… j’aimerais juste lui dire que c’est une grosse vache qui a bien fait de partir, car elle ne mérite pas une famille à agir comme une merde comme ça. Tout comme moi, vous la détesterez.


Entre tous les souvenirs qui s’accumule à travers le planage, la musique qui prend une place importante, Christophe se retrouve devant quelque chose de plus imposant que ça fameuse oxy : l’héroïne ! Mais attention, il la fume, jamais il ne se piquerait (bien sûr…) !

Puis viens la fuite, loin, la trahison. Vol et anonymat sont désormais de mise. Motel miteux, propriétaire louche, mais également perte de conscience à cause de la drogue. Il s’évade dans le sommeil et les rêves pendant des heures.


Puis fumer n’est plus assez et c’est l’injection qui suit. Sur le coup, je m’y attendais, mais en même temps, j’espérais que non. Je me suis lié à Christophe et l’oxycodone, mais l’héroïne, ce n’est pas dans mes cordes. J’avais l’impression de ne plus comprendre le personnage en même temps que celui-ci se perdait également. Alors c’est un bon move de l’auteur ! On ressent exactement ce qui se passe. Ce n’était plus un livre, mais un film.


Le seul détail que j’ai moins aimé c’est le « hasard » qui a eu lieu entre Christophe et Raph. Qu’elle était la probabilité, qu’en s’éloignant de la police, il tombe nez à nez avec un intervenant de rue ? J’ai trouvé ça un peu poussé, mais j’ai adoré l’inclusion des centres d’injections et des intervenants de rues qui sont une nécessité dans notre métropole (et toutes les métropoles en fait !).


L’escalade va finir par prendre fin. Je vous laisse découvrir comment. À mes yeux, c’était la meilleure manière de terminer le roman.


En général, avec Addik, j’ai ressenti une montagne russe d’émotion : stress, plaisir, inquiétude, surprise, soulagement, tristesse. J’ai également compris pourquoi il était destiné aux 16 ans et +. Je le déconseille aux plus jeunes. C’est très détaillé dans certaines scènes.

Alors que je mettais ToxiK dans mon top cinq, je dirais que ce spin-off a pris sa place. J’ai préféré l’histoire de Christophe que celle de Kellyann. Que voulez-vous, j’ai un faible pour les garçons qui sont dans le trouble.


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