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Spécial Tabou : Criminalité

SPÉCIAL TABOU CRIMINALITÉ

Bonjour à tous !


Bienvenue dans cette première critique regroupant d’anciens tabou. Six critiques sont prévues, ayant chacune leur thème : criminalité, sexualité, relations amoureuses, alimentaires, psychologiques et les inclassables.


Pour cette critique-ci, j’ai regroupé des Tabou dont le sujet parle d’un élément criminel, peu importe lequel :


Non-prémédité de Linda Corbo

Ce qui ne tue pas d’Emilie Turgeon

Le poids du mensonge d’Emilie Turgeon

Solitude armée de Marilou Addison

Détruiredesvies.com de Dïana Bélice

Prisonnière du Silence de Myriam de Repentigny

Au-delà des apparences d’Isabelle Boisvert

Le secret de Linda Priestley

Vous trouverez le lien pour les livres en cliquant sur les images. Comme c’est un regroupement de romans et d’auteures différentes, il n’y aura pas de biographies pour des raisons évidentes. Je serais également un peu moins explicite que si c’était des critiques individuelles.


Bonne lecture !

 

NON-PRÉMÉDITÉ de Linda Corbo – Geste criminel

Depuis la séparation de ses parents, Justine essaie tant bien que mal d’améliorer sa relation avec eux et de s’acclimater à ses deux familles recomposées. En grandissant, elle affronte seule les difficultés du quotidien et combat le sentiment qu’elle n’a sa place nulle part.


Puis, le jour de ses seize ans, tout bascule. Ne contrôlant plus rien, elle voit rouge et déchaîne sa colère. Désormais, ses mains sont tachées du sang de sa victime. À jamais.


On la menotte, on la conduit au poste de police. Rien ne va plus. L’heure est venue de faire face à ses actes et d’entendre ces mots qui la glacent de peur : «Justine Lemieux, plaidez-vous coupable ou non coupable aux faits qui vous sont reprochés? »


Le geste criminel de l’adolescente la mènera devant la justice, puis en détention dans un centre jeunesse. Entourée de psychologues, psychiatres et intervenants sociaux, elle tentera de comprendre ce qui a pu la pousser à agir de la sorte et fera tout en son pouvoir pour obtenir une deuxième chance, celle de réintégrer la société.


Ce qui m’a le plus plu de ce Tabou-ci, c’est qu’on arrive à être dans la peau de Justine, malgré les conséquences auxquels elle fait face. Justine est une adolescente comme toutes les autres qui doit vivre la séparation de ses parents. Le problème, c’est qu’elle se retrouve rapidement seule, oubliée. Ses parents refont leur vie et la laissent de côté. Ça lui fait développer une colère, ce qui est parfaitement compréhensible.


Sa mère n’a plus d’attention pour elle, à cause du nouveau bébé, son père prend le bord des enfants de sa nouvelle femme, alors que ceux-ci sont cruels avec Justine. Et quand je dis cruel, c’est vraiment le cas. Même la femme de son père est d’une méchanceté.

On ressent vraiment la solitude du personnage. Sa détresse aussi, car elle a juste envie d’être vue, comprise, aimée. Même écouté, tout simplement. Elle n’a plus rien, elle est seule au monde.


Les personnages sont bien ficelés, on arrive à s’identifier à certains, alors que d’autres on se dit que c’est peut-être un peu exagéré, alors que dans la réalité, ce genre de personne existe (je pense surtout à Jonas et aux parents de Justine) et c’est ce qui m’a le plus troublé.


Que le récit se passe mi entre le centre jeunesse où Justine tente de reprendre en main sa vie après son geste et ses souvenirs amène une certaine longueur au texte, mais en même temps, permet de garder un certain suspense, car on ne sait pas ce qu’elle a fait ni pourquoi.


Et lorsqu’on le sait, on comprend Justine. Personnellement j’aurai réagi de la même manière. C’était la goutte de trop dans son vase déjà plein, débordant depuis longtemps.


Le sujet est très bien expliqué, on s’identifie bien, on rentre bien dans l’histoire. J’ai beaucoup aimé ma lecture.


 

SOLITUDE ARMÉE de Marilou Addison – Violence à l’école

Comment aimer l’école, quand tout ce qu’on y vit, c’est l’humiliation et la violence ?


Comment croire que l’avenir sera plus rose, quand on ne sait même pas si on va passer à travers sa journée ?


Mais, surtout, comment avoir encore des rêves, lorsque ceux-ci sont balayés à grands coups de poing et de pied ?


Justin ne sait pas comment s’en sortir. La seule solution qu’il trouve est dans la révolte et la riposte. Quand on a seize ans, qu’on se croit différent et que, en plus, personne ne nous comprend, quel espoir nous reste-t-il ? Malgré la venue de l’amour dans sa vie, et le bien-être qu’il en retire, Justin parviendra-t-il à se détourner de son destin funeste?


À moins que son besoin de vengeance ne soit plus fort que tout…


En compagnie d’une poignée de jeunes qui vivent les mêmes épreuves que lui, Justin fera partie d’un plan d’une rare brutalité, dont il ne soupçonne pas encore la gravité des conséquences…


L’histoire de Justin touche un sujet qui fait de plus en plus souvent les manchettes, malheureusement : la violence à l’école. Sous toutes ses formes. Même les plus extrêmes. C’est un récit qui vous marquera à jamais…


L’histoire de Justin est celle qui m’a le plus fracassé de tout les Tabou. La fin, on ne s’y attend pas, du moins, moi je ne m’y attendais pas la première fois que j’ai lu le roman. Pourtant, tous les signes étaient là. Tout était mis en place pour que ça amène à ça. En fait, en le relisant plusieurs années plus tard, j’étais scandalisé par les personnages entourant Justin et ce qui n’a pas été fait pour aider et éviter une catastrophe. Ce n’était qu’un jeune adolescent que les autres ont détruit un peu plus chaque jour.


C’est tellement bouleversant que j’ai de la difficulté à écrire ces mots. Savoir que les parents de Justin étaient trop préoccupés par leurs vies pour s’occuper et écouter leur fils. Que sa jumelle, celle en qui il est censé avoir un lien fort, le trahit et le détruit à chaque coup m’a brisé le cœur. Je n’ai aucune sympathie pour eux, aucuns remords pour Annie. Ruiner la vie et la santé mentale de quelqu’un à ce point est… affreux.


C’est difficile de lire une histoire et d’être aussi impuissant. Le système est défaillant, car il n’a pas pu aider correctement le personnage de Justin. Je ne parlerai même pas des intervenants qui ont pris leurs diplômes dans une boîte de Cracker Jack ! Les personnages proches sont écœurants. Quant aux « amis » de Justin, c’est facile retourner la tête de quelqu’un qui n’a plus rien d’autre que sa colère pour se réveiller le matin…


Marilou Addison a réussi à me retourner l’estomac et me faire arrêter de respirer. La colère de Justin, je l’ai ressentie, je l’ai comprise. Je ne voulais que lui faire un câlin et lui dire que ça irait bien. J’ai eu envie de lui dire que je l’aimais. J’ai eu l’impression que c’est tout ce qui manquait à Justin. De l’amour.


Autant il émane la colère et le désastre, autant j’ai vu dans le personnage une vulnérabilité et une humanité hors norme. On ne cause pas un geste aussi radical sans plaie ouverte. Sauf que les plaies de Justin, elles étaient sanguinolentes et l’arme du crime était tournée encore et encore dans sa chair.


C’est un Tabou difficile. On s’attend à de la colère et de la violence, avec le sujet annoncé, mais encore une fois, la fin est très difficile, même surréaliste tellement elle est douloureuse. Je me souviens du journal télévisé en 2006, alors que je n’étais qu’au début de l’adolescence. On n’oublie pas ce genre de chose là. Bien, c’est un Tabou qu’on n’oublie pas non plus.


 

PRISONNIÈRE DU SILENCE de Myriam de Repentigny – Violence domestique

Je suis une adolescente normale. Du moins, je l’étais : quatorze ans, des parents séparés, trois meilleures amies, l’école… Jusqu’à ce jour. Celui où ma mère a rencontré Michel, son nouveau chum. Au début, leur histoire d’amour avait des airs de conte de fées. Mais rapidement, ma mère a commencé à changer. Elle est devenue secrète, ne s’habillait plus comme avant, se maquillait tout le temps (même pour faire le ménage !) et semblait toujours sur le qui-vive.


Méfiant, jaloux, contrôlant… Le prince charmant de ma mère était loin de ceux que j’avais connus dans les livres de mon enfance. Avec le temps, les insultes sont devenues des menaces, puis des gifles, et, pour finir, des coups. Ma mère ne sortait plus, elle mentait à ses amies, ne répondait plus au téléphone. Malgré ma peine et ma révolte, la loi du silence semblait plus forte que tout. Jusqu’à cette nuit terrible où j’ai enfin trouvé le courage d’appeler à l’aide…


La violence domestique ne blesse pas que ceux qui la subissent, mais aussi ceux qui en sont témoins, le plus souvent des enfants et des adolescents. On pourrait croire qu’en raison de la gravité de la situation et de la diversité des réseaux de communication, il est devenu facile de se confier, de dénoncer. Mais c’est sans compter la honte, la culpabilité et la peur qui transforment chaque jour davantage la maison familiale en prison.


C’est un Tabou que j’avais hâte de lire, ayant déjà été à la place d’Éléonore (Léo). Je sais c’est quoi la peur, la honte, la colère. Je sais aussi ce que s’est de ne rien faire, de ne pas parler. Mais je n’ai pas apprécier ma lecture...


L’histoire en tant que telle est bonne. L’histoire avec Michel est réaliste, les réactions des personnages le sont aussi. Que ce soit la mère de Léo qui a honte, mens pour cacher la violence de son conjoint, qui change et se soumet, ça arrive. Que ce soit Léo qui est témoin et qui est incapable d’en parler, ça aussi. Sabine, qui est innocente. De Michel qui a un comportement typique qu’on peut retrouver chez plusieurs hommes violents. Même Geneviève et son inquiétude apportent du réalisme à l’histoire.


Chaque action est bien ficelée et l’escalade est bien présente. La fin est prévisible, mais normale et positive, ce qui apporte une belle fin, que j’ai appréciée.


Maintenant, le problème que j’ai rencontré, c’est avec l’écriture en elle-même. Il y avait beaucoup de répétition (le mot café six fois dans la même page par exemple) et plusieurs éléments redondants, comme des scènes qui auraient pu être effacées sans conséquence. Quant aux dialogues, c’était trop souvent vide. Des « allo, allo, ça va, oui toi, oui » il y en a et ça m’a déplu. Ça me coupait dans ma lecture.


Quant au personnage d’Éléonore, on ressent bien l’adolescente qu’elle est dans l’écrit, dans l’univers du récit, mais j’ai trouvé qu’il lui manquait de personnalité. On ressent ses émotions et sa vulnérabilité, mais encore ? Qui est-elle ? Je l’ai trouvé très soumise envers tout le monde. Elle dit toujours oui, accepte tout sans réfléchir ou se remettre en question. Elle suit le troupeau et ne se développe pas. Oui, elle a vu et vécu des trucs atroces à la maison, mais j’aurais tout de même apprécié que l’auteure lui donne plus de vie et de personnalité que de faire d’elle une suiveuse qui fait toujours le party. Il est vrai qu'elle utilise la drogue et l’alcool pour se « geler la tête », pour ne pas penser à ce qui se passe chez elle, mais je trouve que ça l’a été un peu surutilisé dans le récit.


En général, pour moi, l’histoire est bonne, mais je n'ai pas été impressionnée. L’important, je crois, c’est que les jeunes puissent s’identifier au personnage, ce qui est le cas. De ce côté-là, c’est réussi, mais ce n’est pas un Tabou que je relirai.


 

DÉTRUIREDESVIES.COM de Dïana Bélice – Cyberprédation

Peut-être es-tu comme moi. Une Camille. Loin d’être populaire à l’école, tu passes pas mal inaperçue, à ton grand désespoir, alors que tout ce que tu voudrais, c’est enfin te faire remarquer pour trouver l’amour. Mais être invisible n’est certainement pas le prérequis numéro un pour séduire ton prince charmant.


C’est arrivé un peu par hasard, mais j’ai déniché le mode d’emploi. Celui pour l’amour. Et avec le recul, je me rends compte que pour vivre une incroyable idylle, je ferais tout. Littéralement, tout. C’est un processus assez simple.


Étape numéro un : te trouver une bande d’amies, vraiment cool et populaires, question de te tenir le plus près possible des beaux gars de l’école.


Étape numéro deux : te créer des profils sur les réseaux sociaux, ainsi que sur des sites de rencontres.


Étape numéro trois : te dénuder devant ta webcam.


Étape numéro quatre (impensable, mais souvent inévitable) : pleurer toutes les larmes de ton corps en te demandant si tout ça, c’est bel et bien arrivé.


La cyberprédation est un fléau qui s’immisce dans la vie de nos jeunes de façon insidieuse. La facilité d’accès aux réseaux sociaux rend la vérification de l’identité des utilisateurs presque impossible. Les faux marchands de rêves ont ainsi tout le loisir de berner leurs victimes plus ou moins consentantes, profitant de l’anonymat d’Internet pour obtenir ce qu’ils veulent.


Ce qui m’a le plus fait « capoter » dans ce roman-là, c’est la facilité que les prédateurs ont pour avoir accès aux adolescentes (et des fois aux adolescents). C’est devenu tellement facile au cours des dernières années de rejoindre des mineurs et leur faire croire tout ce qu’elles veulent. Ils savent quelles cartes jouer, comment atteindre les plus vulnérables, celles qui ont la plus faible d’estime d’elles. Ils jouent avec ce manque de confiance et cette envie d’être aimé pour détruire leurs vies. C’est épouvantable. Avec les réseaux comme Facebook, Instagram et maintenant TikTok, c’est de plus en plus facile de se faire passer pour quelqu’un d’autre.


Pour Camille, l’auteure a bien emmené sa fiction. On retrouve donc une adolescente qui cherche à aimer et à se faire aimer. Elle n’est pas populaire, elle est persécutée par son frère aîné, son meilleur ami est amoureux de la fille la plus populaire de l’école (Kim), bref vous voyez que pour elle, rien ne va, jusqu’au jour où Kim décide de devenir son amie. Sa vie change du tout au tout, mais elle aussi change. Sa personnalité, son style, son attitude. Elle devient de plus en plus superficielle et s’efface dans la masse. Elle croit sortir du lot, alors qu’en fait, elle devient comme tout les autres.


C’est lorsqu’elle rencontre Étienne que tout change. Elle fait face à un cyberprédateur sans le savoir. J’ai aimé que lorsqu’elle s’en rend compte, elle ne fasse pas l’innocente. Elle comprend, elle est piégée, victime, meurtrie et elle prend son courage à deux mains pour faire la bonne chose.


J’ai beaucoup aimé aussi qu’on ait des chapitres où on est dans la tête d’Étienne, pour voir l’envers du décor. Pas pour le comprendre lui, mais comprendre comment ils fonctionnent pour montrer aux lecteurs à quel point il faut faire attention. C’est une tête malade qui est montrée. Un esprit dérangé.


Le problème est que j’ai trouvé que la cyberprédation prend son temps avant d’embarquer dans le récit. Il y a beaucoup de description, certains pages comportent de très grands paragraphes, alors lorsque le sujet principal de l’histoire prend presque la moitié du roman à arriver, j’avoue que ça rend un peu plus difficile la lecture. Je sais qu’il faut une mise en place, mais ici, elle était très longue.


Mais, ces longues descriptions, je n’ai pas tant détesté ça. Ça m’a permis de rentrer un peu dans la tête de Camille, d’Étienne et même de Kim. Pour elle, j’aurais aimé qu’elle comprenne au lieu de la garder complètement bitch. J’ai trouvé la fin assez décevante dans sa globalité, mais surtout au niveau des personnages. Personne n’est vraiment heureux. La vie va continuer et c’est tout. J’ai trouvé ça correct, mais sans plus.


Durant toute l’histoire en plus, j’ai trouvé que Philippe, le meilleur ami à Camille, manquait à plusieurs endroits. J’aurais aimé qu’il soit plus présent, qu’on en sache plus sur lui, qu’il soit plus investi dans le récit.


C’est un bon Tabou, avec un beau message de courage. Un bon message aussi de prudence. Je l’aurais simplement vu différent. Plus de cyberprédation, moins de mise en contexte.


 

LE SECRET de Linda Priestley – Inceste

Aube aime son père. De tout son cœur. Il est le soleil de sa vie, son prince charmant, le gardien de ses rêves et de ses cauchemars.

Son père aime sa petite princesse. De tout son corps. Elle est l’inspiration de ses jeux interdits, son unique obsession, son pantin.

Ensemble, ils filent le parfait bonheur. Jusqu’au jour où il lui prend ce qui lui restait d’enfance et d’innocence. Aube commence alors à s’éteindre pour ne reprendre vie que bien des années plus tard, peu avant son dix-huitième anniversaire, dans un bureau du Directeur de la Protection de la Jeunesse.

L’expérience d’Aube ressemble malheureusement à celle de nombreux autres filles et garçons… mais elle a ceci de spécial : Aube a choisi de briser le mur du silence. Dans ce roman, l’inceste est abordé sans tabous afin de lever le voile sur un sujet dont les victimes et leur entourage osent très peu parler


Je me souviens la première fois que j’ai lu ce Tabou. J’étais adolescente, pas plus de dix-sept ans. J’avais entendu parler de l’inceste, mais de le lire comme je l’ai lu dans ce roman-là, jamais. Dégoûté, je l’ai été. Comme le temps a passé depuis, j’ai dû le lire et j’ai trouvé ça encore aussi écœurant. L’auteure n’a pas lésiné sur les détails pour imager la situation. Des scènes de viol sur un enfant, il y en a. Bien que le roman soit déclaré comme étant pour 14 ans et plus, j’avertit mes lecteurs que c’est pour un public averti. Ce n’est pas un roman horrifique, mais vous allez être horrifié si vous lisez ce livre.


Une des choses que j’ai vraiment aimé dans ma lecture, c’est le changement de style de la plume de l’auteure au moment où elle se situe dans l’histoire. On commence avec des mots simples et très enfantins. C’est facile à comprendre, on se sent vraiment comme un enfant. Puis, le personnage d’Aube grandit. Avec elle se complexifient les termes, les mots sont plus recherchés, jusqu’à l’adolescence où elle parle presque avec maturité. Cette évolution de plume apporte une innocence encore plus poignante au personnage principal.


Outre le fait que le début commence avec Aube à un an et demi qui raconte ce qui s’est passé, le reste de l’histoire est très réaliste. Oui, car c’est impossible de ce souvenir d’événements si jeune. Puis, elle grandit et les traumatismes commencent à prendre place tranquillement. Les questions deviennent de plus en plus nombreuses. La solitude du personnage est palpable.


Je crois que ce livre est celui qui m’a le plus mis en colère. Comment la mère ne pouvait-elle rien voir ? Pourquoi était-elle aussi méchante avec sa fille ? Pourquoi elle n’a pas fait plus d’efforts, quand elle a vu que son conjoint était trop avec elle ? Oui, ce ne sont pas tous les pères qui sont trop avec leur fille, mais le personnage dit à la fin qu’elle trouvait le comportement de son conjoint étrange. C’est frustrant ! Quant au père…


Honnêtement, je ne comprendrais JAMAIS comment quelqu’un peut agresser un enfant. Alors encore moins le sien ! J’ai été dégoûté et en colère. Le pire c’est que l’auteure nous montre vraiment l’innocence d’Aube. Pour elle, c’est normal. Son père, c’est son protecteur, son ami, ces « chatouilles » et ces actions sont normales, car elle ne connait que ça. Mais plus elle grandit, plus son père en prend. Encore et encore. Ce n’est plus des frôlements, mais des actes sexuels sur un enfant. C’est atroce. En tant qu’adulte (et même les adolescents), on remarque d’emblée la manipulation. Son père qui lui dit qu’elle sera seule, car personne ne l’aime, qu’elle n’a que lui. C’est… indescriptible tellement c’est frustrant.


Puis, il y a l’anniversaire des dix ans et la scène de viol complète. L’élément déclencheur des plus grandes questions. La rébellion qui vient au fil des ans, la rupture de cette relation avec son père manipulateur et porc. Jusqu’au moment où elle comprend qu’il peut s’en prendre à sa sœur, Laure, plus jeune qu’elle. Ce sera le début de la fin pour le père de famille.


J’avoue que j’ai aimer comment Aube s’arme de courage pour faire face à son père et surtout face aux actions qu’elle a subies pendant des années, depuis sa naissance en fait. Mais je n’ai pas aimé la réaction de la mère. Si mon enfant me disait une telle chose, je le croirais d’emblée, surtout lorsqu’il y a des signes pendant plusieurs années d’une dépendance affective entre les deux. J’aurais vraiment aimé qu’elle soit plus une maman pour sa fille aînée. J’aurais aussi aimé que Laure prenne plus la parole, qu’elle prenne sa place un peu plus.


Quant à la toute fin, j’ai été déçue. J’aurais voulu plus, ma colère ne s’est pas assoupie. J’avais envie de plonger la main dans les pages et l’égorger moi-même.


La plume est juste, l’histoire est bonne dans sa grande majorité, mais je le répète : c’est pour un public averti ! Je sais que le livre indique quatorze ans et plus, mais je ne ferais pas lire ça à un adolescent de cet âge-là, c’est encore un peu trop jeune.


 

CE QUI NE TUE PAS d’Emilie Turgeon – Pacte de suicide

Lili, Frankie et Liz avaient élaboré le plan parfait : mourir tous ensemble, sans que les gens croient à un suicide. C’est du moins ce qu’ils pensaient. Mais ça ne s’est pas passé comme prévu…


Lili, elle, a survécu.


Après un long coma, elle se réveille à l’hôpital, où tout le monde crie au miracle. Mais pour l’adolescente, c’est un désastre. Elle n’est pas morte comme elle le voulait ! Et ses meilleurs amis sont partis, la laissant seule pour endurer cette vie qu’elle désirait tellement fuir. Pas facile de se battre pour recommencer à marcher quand ton seul souhait est d’en finir…


Lentement, Lili prend toutefois conscience que son geste a eu de graves répercussions sur les membres de sa famille. Méritaient-ils toute la peine qu’elle leur a fait endurer ? D’ailleurs, ses raisons de vouloir mourir étaient-elles valables ? Au-delà du rétablissement de son corps brisé, la jeune femme devra entreprendre une guérison beaucoup plus difficile. Celle de son esprit.


L’adolescence est une étape obligée, bien qu’éprouvante. Beaucoup de questions nous tiraillent, plusieurs personnes ne semblent exister que pour nous mener la vie dure. Et quand les choses empirent, on en vient parfois à envisager des solutions extrêmes, comme un pacte de suicide. Un appui extérieur aurait pu aider Lili à y voir clair afin d’éviter d’emprunter cette voie sans retour.


J’avoue que lorsque le sujet est apparu en librairie, je me souviens avoir haussé les sourcils. Pacte de suicide ? Est-ce que ça fait vraiment partie de certains esprits adolescents ? J’ai déjà pensé au suicide, j’ai même essayé, je n’ai pas honte de le dire. Mais en groupe ? Je ne sais pas, je trouvais que c’était un lourd poids à porter. Vouloir mourir soi-même est déjà difficile, alors porter le souhait de mort de tes amis proches, c’est ouf…

Le pire c’est lorsque, comme dans l’histoire, une survie. C’est la culpabilité, le deuil a porté par la suite. C’est de vivre avec un secret pour toujours, pour ne pas détruire les âmes restantes, celles qui sont endeuillées. C’est être pris pour « la miraculée », alors que la seule chose que Lili voulait, c’était mourir.


J’écris cette critique la journée mondiale pour la prévention du suicide. J’ai vieilli depuis mes idées noires. Une phrase que j’ai toujours aimée c’est : Le suicide est une conséquence permanente à des problèmes temporaires. Comme Lili, et c’est une chose que j’ai adorée du livre, c’est de voir le « après » un suicide (même raté) (et même si les autres personnages ne le savent pas). En effet, Lili garde le silence et laisse tout le monde croire que c’est un accident, mais elle, elle voit bien les conséquences du suicide. Qu’est-ce que ça cause comme souffrances à ceux qui voient un proche mourir ? Quand cette personne croit qu’il/elle n’est pas aimée et que sa mort ne blessera pas personne, c’est faux. Et ça, l’auteure a vraiment réussi à montrer les conséquences atroces qui apparaissent après la mort par suicide de quelqu’un, surtout aussi jeune.


Il faut aussi savoir que ce livre-là est dur à lire. Ce n’est pas joyeux, il n’y a pas de moments qui nous permettent de respirer en tant que lecteur. On rentre dans une bulle de noirceur et on n’en sort que vers la fin (et encore !). On est pris dans la tête de Lili qui souffre tellement ! Sa souffrance avant la tentative est toujours présente, maintenant elle doit supporter la souffrance de la perte de ses meilleurs amis et de sa tentative ratée. Elle ne voit pas la lumière au bout du tunnel. C’est très dépressif, car on suit vraiment tout ce que le personnage vit. Si elle est en colère, triste, déprimée, vous allez le ressentir comme une vague que vous ne pouvez pas éviter.


La plume de l’auteure est simplement parfaite dans ce roman-ci. Oui c’est difficile à lire, oui ce n’est pas un livre à lire quand on est déjà déprimé, mais ça fait réaliser beaucoup de choses. Dans ma lecture, j’ai réalisé la valeur de la vie de Frankie et Liz, tout comme celle de Lili. Puis j’ai réalisé la valeur de ma propre vie. Tout ce qu’il y a derrière moi et tout ce qu’il y a devant moi. C’est tellement important ! Alors si les adolescents peuvent avoir la même réalisation, alors c’est qu’Emilie Turgeon a bien fait son travail.


J’ai aussi beaucoup aimé la fin. Cette lettre écrite par Lili à ses amis montre encore là toutes ses émotions. Sa culpabilité, sa souffrance, sa peine, son regret même, mais aussi sa colère. J’ai trouvé ça vraiment bien de faire grandir le personnage à travers cette épreuve difficile et encore plus, dans le tome qui a suivi. [Juste à descendre plus bas]


Ce livre ouvre les yeux, malgré les ténèbres qui l’entourent. Malgré le fait que ce soit très dépressif. C’est un bon livre à lire une fois.


 

LE POIDS DU MENSONGE d’Emilie Turgeon – Conséquence d’un mensonge

[Suite de CE QUI NE TUE PAS]

Six mois ont passé depuis que Lili a survécu au pacte de suicide qu’elle avait conclu avec ses amis, Frankie et Liz.

La jeune femme croit désormais avoir remis sa vie sur les rails. Les séquelles causées par l’accident de voiture s’estompent, l’harmonie est revenue au sein de sa famille et elle a même trouvé l’amour dans les bras de Tom, son physiothérapeute.


Mais une ombre plane toujours sur sa tête : celle du mensonge.


Des éléments de preuve concernant la tragédie sont rendus publics, ce qui remet en cause l’innocence de Frankie. Lili devra faire un choix déchirant : laisser son ami porter le blâme et passer pour un meurtrier aux yeux de tous ou avouer son secret à son entourage.


Sauf que la vérité risque de tout faire s’effondrer… encore une fois. Lili est-elle prête à mettre en péril son bonheur tout neuf?


Les conséquences du mensonge se révèlent parfois d’une gravité insoupçonnée. C’est ce qui arrive lorsqu’on doit répondre de ses actes devant la justice. Dans cette suite de Ce qui ne tue pas, le parjure risque d’être lourd à porter pour Lili. Au-delà des considérations légales se profilent également des questions éthiques : sacrifier la quiétude de ses proches, même illusoire, ou préserver la mémoire d’un être cher ?


J’ai honnêtement préféré ce tome-ci au premier. La raison est qu’il est un peu plus lumineux, oui, mais surtout parce qu’on voit réellement toutes les conséquences que le pacte a eues sur Lili. Alors que l’entourage commence tranquillement à faire leur deuil, à passer par-dessus, même l’adolescente commence une histoire d’amour avec son physiothérapeute (bon, autant il est mignon, autant j’ai trouvé ça étrange). Le problème qu’elle doit faire face dans cette histoire-ci, c’est qu’il y a une incohérence à la théorie de l’accident.


Maintenant, tout le monde croit que Frankie est un meurtrier et a délibérément voulu se tuer, lui et ses meilleures amies, mais Lili sait que c’est faux. Oui, c’est celui qui souffrait le plus des trois, mais nous, en tant que lecteur, on connait la vérité, alors que tous les autres personnages ne le savent pas. Il y a quelque chose de frustrant dans la situation.


Lili a grandi, évolué, elle se remet tranquillement de ce pacte qui a failli lui coûter la vie. Elle sait aussi qu’elle est la seule à pouvoir arrêter qu’ils ternissent la mémoire de son ami, mais que cela a un prix. Elle est obligée de dire à tous que c’était un suicide à trois.


Elle a vu les dégâts que le deuil a causés à leurs familles, surtout à celles de François et Élisabeth, mais ils croient tous que c’est un accident qui leur a enlevé leurs enfants. Nous, en tant que lecteur, on a vu les conséquences du suicide, ici, on voit les conséquences du mensonge assez clairement, car la tristesse est remplacée par la colère.


La famille de Liz s’en prend à la famille de Frankie, car ils croient que c’est sa faute s’ils ont perdu leur fille. La famille de Lili est coincée entre les deux, car leur fille a survécu. On voit l’état des parents dégradés plus le livre avance et c’est pénible. Pas dans le sens que c’est plate à lire, dans le sens que l’émotion te prend à la poitrine et que c’est difficile.


J’avoue que j’aurais aimé que les parents de Liz soient moins intenses, mais en même temps, je ne suis pas maman, je ne sais pas ce que je ferais si j’apprenais que l’ami de mon enfant serait peut-être la cause de ma perte. Peut-être j’agirai de la même manière, je ne sais pas.


J’ai aimé comment Lili avoue tout à tout le monde, comment les réactions diffèrent selon la personnalité du personnage, comment l’impact bouscule une vie entière.


J’ai ici aussi beaucoup aimé la fin, car on voit la rédemption de Lili. C’est même un mot utilisé par l’auteure elle-même. J’ai aimé le rappel de la musique, constante harmonie dans les deux tomes. On imagine un futur radieux pour le personnage et c’est la lumière au bout du tunnel qui apporte une légèreté qu’on ne retrouvait pas dans CE QUI NE TUE PAS.


 

AU-DELÀ DES APPARENCES d’Isabelle Boisvert – Intimidation

Si on m’avait dit, il y a quelques années, que je triperais sur Stéphanie Dubuc, je ne l’aurais jamais cru. Mais voilà, maintenant, je suis pris au piège. Je suis tombé sous son charme et je n’arrive plus à me la sortir de la tête.


Tous les autres considèrent Stéphanie comme une nerd, une rejet, mais pour moi, c’est la fille la plus parfaite de l’école.


Toutefois, quand on est un sportif populaire, on n’a pas le droit d’aimer ce genre de personnes. On se fait juger et nos amis pensent qu’on est fou, qu’on est devenu loser, comme ces gens que tout le monde écœure parce qu’ils sont différents. J’en ai assez. Faut que ça arrête. Ça va trop loin !


Stéphanie croit que je la niaise, mais c’est faux ! Je l’aime tellement… Je dois réussir à la convaincre que mes sentiments sont réels. Je dois faire changer les mentalités dans cette école. Je dois surtout faire du ménage dans mes amis, parce qu’ils n’ont peut-être pas tous une influence positive sur moi, finalement.


L’intimidation fait rage plus que jamais dans les écoles et elle a des conséquences désastreuses sur l’estime des adolescents. Quand on est témoin d’actes violents, et même de propos déplacés, on ne devrait pas garder le silence, mais dénoncer ceux qui s’amusent aux dépens de leurs victimes. Parce que les gestes font mal sur le coup, mais les paroles provoquent bien souvent des blessures pour la vie.


Ce qui m’a surprise, la première fois que j’ai lu ce livre-là et qui a fait en sorte que je l’ai adoré, c’est que le personnage principal n’est pas l’intimidé. Avec David, on a les deux côtés de la médaille et une certaine neutralité qui fait toute la différence.


J’ai été intimidée longtemps, alors je comprenais Stéphanie et les autres personnages qui ont été intimidés. J’ai vu en Éric les intimidateurs qui m’ont persécuté.


J’ai vraiment beaucoup aimé la prise de conscience de David envers les agissements de son ami. Il l’a laissé faire longtemps, mais il commence à comprendre que ça ne se fait pas, que quelque chose cloche et que ce n’est absolument pas correct. Leurs commentaires et leurs actions ont emmené la mort de quelqu’un. C’est grave et c’est important de montrer, surtout dans un livre comme ça, les conséquences que peut avoir l’intimidation sur quelqu’un. Ça peut partir d’une blague et finalement apporter des idées noires chez quelqu’un, ce n’est pas à prendre à la légère. L’intimidation, ça peut détruire des vies et que David s’en rende compte amène de l’espoir.


Dans ce livre, on voit vraiment l’action des intimidateurs et les conséquences chez les intimidés. J’ai adoré comment le personnage principal, même s’il n’est pas intimidé, prend le temps d’aider, de changer les choses, de s’investir dans le cas des gens qui sont « rejetés ».


Le personnage de Mathieu est vraiment adorable et ce qu’il a vécu, c’est l’enfer sur terre. La honte, la colère, la tristesse, la dépression, je suis passé par là. Je me suis reconnue en lui.

Quant à Stéphanie, je dirais que le groupe de lecture a apporté une certaine fraicheur et une coupure avec le reste du monde. Comme plusieurs, l’adolescente s’enfuit de son monde de « rejet » avec les livres et les histoires dans lesquels elle peut se plonger. C’est absolument véridique et en même temps si simple. C’est un côté que plusieurs intimidés ont pour se sortir la tête de l’eau : s’évader ailleurs. Ça rend les journées moins pires. J’ai aimé sa force, son courage, son caractère.


Même si l’histoire est teintée par les sentiments de David envers Stéphanie, on se rend tout de même compte vite qu’il ne fait pas ça que pour elle, il fait ça pour tout le monde. Il essaie de se racheter pour n’avoir rien fait pendant des années.


J’ai aussi beaucoup aimé la prise de conscience d’Éric. Oui, ça ne rachète pas ce qu’il a fait ou son comportement, mais qu’il ait réfléchi sur lui-même et qu’il se rende compte de ses actions montre que tout le monde peut changer. C’est rare, mais ça arrive. C’est vraiment génial et ça m’a fait aimer le roman encore plus.


Malgré quelques petites longueurs et répétitions dans l’histoire, surtout dans l’histoire David/Stéphanie, c’est un excellent Tabou sur l’intimidation. Je n’aurais pas fait mieux moi-même. Je me suis reconnue, j’ai revécu des souvenirs qui n’étaient pas plaisants, mais je suis la preuve vivante qu’on peut se sortir de l’intimidation, qu’on peut y faire face et qu’on en ressort plus fort.


Anecdote. J’ai dû travailler avec mon intimidateur, en tant qu’adulte. Je vous jure, ce n’est pas facile, de voir le visage qui vous a martyrisé pendant des années hors des salles de classe. Ce qui a fait en sorte que j’ai réussi à lui pardonner, c’est comme Éric, il a un peu compris que ses actions étaient de trop. J’ai pu lui montrer que j’avais réussi à rester forte et à ne pas me laisser mourir pour les mots et les actions de quelqu’un d’autre. Il a vu ma force et ça, c’est le meilleur sentiment qui puisse exister.


C’est une histoire réaliste qui fait réfléchir. Ça montre les impacts sur tout le monde. J’aurais aimé que les parents soient un peu plus impliqués, surtout ceux de Stéphanie vis-à-vis l’intimidation de leur fille. L’histoire avec les parents de David m’a laissé un peu de marbre, je me suis demandé si elle était nécessaire.


En général, c’est un superbe Tabou. Je crois qu’il est dans mon top dix à date.

 

C’est ce qui conclut la première catégorie du spécial Tabou ! J’espère que ça vous aura plu ! N’hésitez pas à laisser un commentaire, à liker et partager !


À la semaine prochaine !

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