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Spécial Tabou : Inclassable

SPÉCIAL TABOU : INCLASSABLE

Bonjour à tous!

Bienvenue dans cette deuxième critique regroupant d’anciens tabous. Six critiques sont prévues, ayant chacune leur thème : criminalité, sexualité, relations amoureuses, alimentaire, psychologique et les inclassables.

J’aimerais préciser que certains des romans de la collection pourraient se retrouver dans deux catégories à la fois, mais que j’ai fait un choix de classification.


Pour cette critique-ci, j’ai regroupé des Tabous dont le sujet tabou rentrait dans aucune des autres catégories :


Sortie de secours de Myriam de Repentigny

Corps étranger d’Ariane Charland

L’effet boomerang de Sophie Laroche

Onde de choc de Marilou Addison

16 ans et papa de Marilou Addison

Adios de Nadine Poirier

Projet C de Nadine Poirier


Vous trouverez le lien pour les livres en cliquant sur les images. Comme c’est un regroupement de romans et d’auteures différentes, il n’y aura pas de biographies pour des raisons évidentes. Je serais également un peu moins explicite que si c’étaient des critiques individuelles.


Bonne lecture!

 

SORTIE DE SECOURS de Myriam de Repentigny – Fugue

Entre les devoirs, les cours de piano, la troupe de danse et les exigences de sa mère, Raphaëlle n’a pas beaucoup de temps pour rêver. Jusqu’à ce fameux party où elle fait la connaissance d’Axel, un garçon mystérieux dont elle s’éprend aussitôt. Elle ne pense qu’à lui et trouve mille prétextes pour aller le voir le plus souvent possible à son appartement, en ville. Alors que ses parents pataugent en plein divorce, Raphaëlle savoure chaque minute d’indépendance loin de sa maison.


C’est ainsi qu’un soir, l’adolescente va retrouver Axel pour de bon, au lieu de rentrer chez elle comme prévu.


Pendant les semaines qui suivent, la fugueuse expérimente les joies de la liberté et la passion amoureuse, mais aussi l’insécurité et la précarité. Saura-t-elle faire les bons choix et éviter les pièges de la rue?


Le phénomène de la fugue est de plus en plus répandu chez les jeunes de douze à dix-sept ans, principalement en milieu urbain. Laissés à eux-mêmes dans la rue, ils découvrent qu’il est souvent plus facile d’entrer dans ce monde que d’en sortir. Spontanée ou planifiée, la fugue, qui n’est pas synonyme de plaisir, peut représenter une échappatoire, une manière de revendiquer sa liberté, de demander de l’aide ou encore d’exprimer une certaine révolte. Quoi qu’il en soit, elle envoie toujours un message.


J’ai commencé ma lecture en étant inquiète de ce que j’allais retrouver comme histoire. Dans plusieurs histoires de fugue, il y a un côté « facile » qui se joue souvent. La jeune légèrement irresponsable qui veut être libre et qui tombe dans les bras d’un proxénète. J’ai été agréablement surprise de voir que l’histoire de Raphaëlle était complètement à l’opposé de ça. C’est selon moi ce qui a fait en sorte que j’aime autant ce Tabou.


Lorsque j’ai lu Prisonnière du silence, j’avais eu de la difficulté avec l’écriture de l’auteure et surtout des phrases un peu vides. Dans ce roman-ci, je n’ai absolument rien à redire sur la plume de Myriam de Repentigny. J’ai adoré les émotions, la personnalité des personnages, sa façon d’écrire. Le côté « très – trop – amoureux » n’a même pas été un problème. Tout était dosé à la perfection et je tenais à le dire.

Raphaëlle est un personnage que j’ai beaucoup aimé. Elle est prisonnière d’un horaire trop chargé par une mère contrôlante et désagréable. Bien que son père soit plus « cool », cela n’empêche pas que ses parents divorcent et qu’elle doit choisir entre décevoir un de ses parents. Même si sa mère l’étouffe, elle l’aime quand même. C’est lorsqu’elle rencontre Axel lors d’un party à Montréal qu’elle goûte à la liberté pour la première fois. Axel consomme, mais ce n’est pas un proxénète. Ce n’est qu’un jeune qui aime trop la liberté et qui n’est pas responsable. Ça n’empêche pas Raphaëlle de tomber éperdument amoureuse de lui, malgré les réticences de sa meilleure amie Élise. Lorsque sa mère la punit trop sévèrement, c’en est assez. Elle quitte la maison et retrouve Axel. S’en suivent des aventures difficiles.


La première chose que je tiens à préciser et qui a fait que je suis tombée sous le charme de ce tabou, c’est la maturité de Raphaëlle. Oui, elle est fugueuse, mais elle a une tête sur les épaules. Elle réfléchit, elle se questionne, elle est le côté responsable qu’Axel n’a pas. Ne pas l’avoir mis irresponsable a donné toute la beauté au récit. Elle est la voix de la raison.


Lorsqu’elle commence ses menstruations, Axel lui propose de voler, ce qu’elle refuse. À la place, elle décide d’aller dans un refuge dont l’information lui a été remise par une travailleuse de rue. Elle pense à sa santé et à des alternatives plus sécuritaires. Elle se lie même d’amitié avec Justine que j’ai trouvé vraiment gentille.


Même si Axel est un petit bum, il n’est pas méchant. Il veut juste être libre et aimer sa blonde comme il le peut. Il est malheureusement pris dans la spirale de la consommation, ce qui a des conséquences. Lorsqu’il commence à dealer pour un chef de gang, le tout se complique lorsqu’il veut que Raphaëlle danse pour lui, ce qu’elle refuse. C’est à nouveau une preuve de sa maturité.


J’ai bien aimé aussi l’histoire de la mère de Raphaëlle et le parallèle avec Justine. Les personnages sont attachants et bien dosés. Même si Axel n’est pas le meilleur gars du monde, je l’ai tout de même beaucoup aimé. Il ne voulait pas mal faire.


Le seul côté négatif que je dirais c’est que la fin est très précipitée. En quelques pages il se passe beaucoup de choses. Ça ne change pas que j’ai beaucoup apprécié ma lecture.


Le sujet est très bien exploité, on sort de la facilité, on informe les jeunes, bref, c’est un excellent Tabou. À lire si vous avez des adolescents à la maison.


 

CORPS ÉTRANGER d’Ariane Charland – Paralysie irréversible

Il a suffi d’une seconde pour que mon existence bascule. Un plongeon, un pied qui a glissé, et je suis devenu tétraplégique.

À dix-sept ans. Le Samuel d’avant n’est plus, je dois me faire à l’idée…

Il paraît que la plupart des gens préféreraient mourir plutôt que de se retrouver dans ma situation.

Moi aussi, si on m’avait posé la question avant mon accident, c’est ce que j’aurais répondu.

Et je ne peux pas dire que je n’ai jamais pensé à la mort depuis… Maintenant?

Je ne sais plus. Maintenant il y a mes amis, ma famille, Clara… la vie. Juste la vie.

La vie ordinaire, faite de hauts et de bas, de chagrins et de rires, comme celle des autres.

Chaque année, au Québec, de cent à deux cents personnes subissent une blessure à la moelle épinière, ce qui, bien souvent, se traduit par un diagnostic de paralysie irréversible. Du jour au lendemain, les victimes et leurs proches voient leur quotidien chamboulé. Après une phase plus ou moins longue de réadaptation, le véritable défi est de reprendre le cours de sa vie là où il a été mis en suspens.


Je suis tombée en amour avec Samuel. Son sarcasme a mis de la vie dans le récit, même si c’est un peu ironique. J’ai aimé que l’histoire s’entremêle entre le présent et le début de l’accident. J’avoue avoir été terrifiée! Qui n’a pas plongé dans une piscine hors terre en se disant que ça n’arrive qu’aux autres? Tout le monde. Moi-même je l’ai fait. Malheureusement pour Samuel, en quelques secondes, sa vie a été bouleversée au point où il finira ses jours dans un fauteuil roulant.


J’ai vraiment apprécié la personnalité de Samuel et son courage. Au début, il broie du noir, puis au fil du temps, il commence à se rouvrir à la vie. Il « s’habitue » à son état. En même temps, il n’a pas le choix. C’est comme ça et il n’y peut rien, à cause d’une erreur.


Je dirais aussi que tous les personnages de ce Tabou m’ont plu. Il n’y en a pas un seul qui a été de trop ou désagréable (même Jules! Il servait à quelque chose). Tout est si bien dosé que ça a rendu la lecture légère, malgré le fait que le sujet est difficile. Rémi et Noah m’ont surprise. J’avais peur qu’ils se lassent, qu’ils fassent leur vie, oublieraient Samuel, mais au contraire. Plus l’histoire avance, plus ils incluent leur ami (et cousin pour Rémi). Ils sont à l’écoute, ils sont compréhensifs. Il n’y a pas de jugement, principalement parce qu’ils étaient là lors de l’accident. Ils ont agi rapidement et ça l’a sauvé la vie de Sam. Même s’ils sont des ados qui parlent des filles, de party, ils restent attentifs aux besoins de Samuel. Ça l’a vraiment fait une différence dans l’histoire. Même les parents je les ai beaucoup aimés. Pas envahissant, juste aimant et compréhensif. Ils veulent aider leur fils pour lui permettre d’être autonome. Ils le poussent à se dépasser et c’est vraiment d’une beauté.


L’autre élément qui a fait en sorte que ce Tabou fait désormais partie de mes favoris, c’est tout ce que j’ai appris sur le sujet. Quand je vois quelqu’un en chaise roulante, il m’arrive de me questionner sur leur vie et leurs difficultés. J’essaie d’aider le plus possible en ouvrant la porte par exemple ou simplement en leur montrant qu’ils ne sont pas différents de moi. Ce n’est pas parce que la personne est handicapée qu’elle est inférieure. De plus, ce qui m’a choqué dans le récit, ce sont tous ceux qui demandaient à Samuel comment il avait atterri dans un fauteuil. Je trouve ça tellement irrespectueux! Ça change quoi de le savoir? Rien du tout… Bref! L’information. Je ne savais pas qu’il fallait se soulever aux quinze minutes pour éviter les plaies. Je ne savais pas comment fonctionnaient les transferts. Je ne savais pas qu’il existait des outils permettant à des gens paralysés d’être presque entièrement autonomes. Tout ça a répondu à ma question du haut sur le questionnement des difficultés que peut vivre une personne avec un handicap physique.


Le dernier élément que j’ai beaucoup aimé, c’est Clara. La pauvre qui essaie de savoir comment agir, d’accepter ses sentiments pour Samuel. Il ne faut pas oublier que le jugement est toujours présent. Le fait qu’elle s’inquiète de le blesser au lieu de s’inquiéter du regard des autres m’a fait beaucoup l’aimer. Elle se fiche qu’il soit handicapé, elle ne veut juste pas briser son cœur. J’ai donc apprécié le développement de leur relation et son ouverture d’esprit.


Ce Tabou est un baume au cœur en plus d’avoir une superbe histoire à raconter. Je ne m’y attendais pas et j’ai été triste de le terminer.


 

L’EFFET BOOMERANG de Sophie Laroche – Secret de famille

Je m’appelle Lou et, il n’y a pas si longtemps, je partageais ma vie entre ma meilleure amie Lucie, Benjamin (que j’aimais en secret), et les heures de retenue que me donnait sans arrêt le directeur adjoint de mon école. J’y passais tellement de temps, d’ailleurs, que j’ai fini par y côtoyer Malo Servais, le garçon qui a brisé le cœur de Lucie. Je ne croyais pas cela possible, mais j’ai découvert en lui un être sympathique… qui m’a fait connaître la véritable amitié gars-fille. Jusque-là, tout allait bien, j’étais une adolescente comme les autres. C’est ensuite que ça s’est gâté.


J’ai prononcé le prénom de Malo devant mes parents, et là, une véritable bombe a explosé! Pourquoi ma mère a-t-elle réagi si violemment? Ma sœur Marine et moi n’avons pas tardé à l’apprendre : nous avons eu un petit frère qui s’appelait Malo… et il est mort à trois semaines. Moi qui ai toujours rêvé de vivre un événement incroyable pour qu’on me remarque, j’ai constaté que ce n’est finalement pas si génial d’avoir une histoire pareille à raconter! Et je n’étais pas au bout de mes surprises…


Lors d’un week-end en famille, le mystère sur la mort de Malo a été dévoilé. Et la bombe, cette fois, était nucléaire! Je comprends, maintenant, pourquoi on nous a caché cela si longtemps. Et je vais devoir m’armer de courage pour continuer à vivre avec la vérité.


Toutes les familles ont des secrets, mais certains sont beaucoup plus graves que d’autres. Quand la vérité refait surface après plusieurs années, les conséquences sont parfois désastreuses. À l’adolescence, un lourd secret de famille peut ébranler notre confiance en soi, nos rêves et notre bonheur… Il ne faut alors pas négliger l’importance de l’amitié pour surmonter les obstacles.


Quand on me demande « quel Tabou tu ne verrais pas dans la collection? », je dois malheureusement dire celui-ci. Malgré le fait que Sophie Laroche écrit avec un talent incroyable et que l’histoire est bonne, je n’ai jamais été capable de le trouver satisfaisant dans la collection.


Lou est sympathique, mais je n’arrivais pas à m’identifier à elle. Lorsqu’elle rencontre Malo, elle a certains préjugés à cause de la relation qu’il a eue avec Lucie. C’est compréhensible. C’est une adolescente comme les autres qui a des rêves et des amours. Malo est différent. Pourtant, ça ne l’empêche pas de commencer à apprécier sa compagnie. C’est, à mon avis, la plus belle chose du roman. La relation qui se bâtit entre Lou et Malo donne le ton à l’histoire.


Quand on apprend le secret de famille, je m’avoue… comment dire… Je n’arrive pas à y croire. Toutes les familles ont des secrets de famille. Mais cacher un enfant né peu après la naissance, malgré le traumatisme, il n’y a aucune preuve? Personne qui en parle ou qui se lâche? C’est curieux. En plus, la coïncidence que Lou rencontre un Malo, quand son frère s’appelait pareil est assez mince. Je comprends qu’il ne pouvait pas avoir un nom commun, mais j’ai trouvé ça un peu poussé. Puis, que tout tombe en catastrophe, je ne sais pas, je n’ai pas été capable de le ressentir. Je trouvais ça trop « trop ».


En vérité, le sujet du secret de famille prend rapidement le bord pour se concentrer sur la relation amicale entre Lou et Malo. Si le sujet du roman avait été l’amitié gars-fille, je trouve que ça aurait eu plus de sens.


Il n’est pas mauvais, mais ce n’est pas un Tabou que j’ai apprécié.


 

ONDE DE CHOC de Marilou Addison – Euthanasie

Aussi loin que leurs souvenirs remontent, Raphaël et Elliot ont toujours été amis. Leurs retrouvailles, chaque été, étaient autrefois accompagnées de rires, de complicité et de joie.


Mais l’été de leurs dix-sept ans sera différent…


Elliot a changé. Il s’est fait une blonde – la belle Anaëlle – et il carbure encore plus à l’adrénaline qu’avant. Il n’a peur de rien et défie la vie – ou la mort – quotidiennement.


Quant à Raphaël, il craint presque son ombre et suit son ami à reculons… jusqu’au jour où, sur la falaise, il met Elliot au défi de sauter. Ce jour-là, la vie des deux adolescents bascule.

Rongé par les remords, Raphaël est sous le choc lorsque Elliot lui demande de l’aider à mourir. Qui est-il, lui, pour exercer ce droit de vie ou de mort? Et d’abord, le veut-il?


Toujours considérée comme un acte illégal dans plusieurs pays, dont le Canada, l’euthanasie suscite bien des débats. L’histoire d’Elliot et de Raphaël nous place devant une décision que personne ne voudrait avoir à prendre.


J’ai tellement pleuré en lisant ce Tabou-là. Le sujet déjà est difficile. L’euthanasie, les gens débattent encore sur le « oui » et le « non ». J’ai trouvé que c’était apporté vraiment avec maturité par l’auteure. Je dirais aussi que la douleur d’Eliott, sa colère aussi, tout comme la culpabilité que vit Raphaël. Les émotions sont présentes du début à la fin. (Pis sans rien spoiler, le chapitre avant l’épilogue et l’épilogue : OUF)


Les personnages principaux se concentrent sur Raphaël, Eliott et Anaëlle. (et je me permets ce commentaire, parce que le hasard est vraiment étrange, mais mon frère s’appelle Raphaël et son ex-copine se nomme Annaelle. Ma lecture m’a fait très bizarre !!). Raphaël est assez peureux. Il se laisse faire, il tombe rapidement dans l’ombre de son ami. Même si sa personnalité est plus « effacée », j’ai trouvé que c’est ce qui a fait en sorte de rendre complexe le récit. Eliott est le « casse-cou », le « rebelle », celui qui est plus téméraire. Lors de son hospitalisation, après l’accident à la falaise qui le laisse paralyser, les rôles doivent s’inverser. Eliott devient vulnérable, alors que Raphaël doit prendre son courage à deux mains pour être présent pour son ami qui n’arrive pas à vivre avec l’idée d’être cloué à un lit pour le restant de sa vie.


Les choses se compliquent lorsque Raphaël et Anaëlle se rapprochent dans leur peine et leur anxiété face à la condition d’Eliott. J’ai trouvé ça quand même étrange leur relation. Même si je la comprends, je me mets dans la peau d’Eliott et je serais tellement fâché. Je comprends donc ce qui se passe à la fin. Cette fin justement que j’ai trouvée très bien. Ça l’a montré la personnalité des personnages, l’intégrité aussi, l’espoir et aussi, le pardon. Le pardon pour Raphaël, qui doit se pardonner cette journée-là d’avoir donné un défi à son ami.


J’ai trouvé ça dommage par contre le côté un peu « judgmental » de certains personnages, principalement Eliott, face à la paralysie. Je comprends qu’il est en colère, j’aurais probablement fait la même demande si j’avais été à sa place, mais la vie c’est plus que ça. C’est être capable de penser, de parler, de respirer. Certains ont encore moins que ça. Je ne me verrais pas paralysée. Comme j’ai dit, j’aurais probablement demandé à être euthanasiée aussi sur le coup. Mais, comme le personnage de Samuel dans Corps Étranger, le personnage d’Eliott doit apprendre à accepter et vivre avec sa condition. Surtout que dans le cas de celui-ci, il a la possibilité de reprendre de la mobilité à certains endroits de son corps (principalement le haut du corps et les doigts). C’est pour ça que je parle d’espoir.

Le sujet de l’euthanasie est vraiment difficile. C’est aussi très complexe, parce que des camps de forment pour dire que tout le monde devrait être dans la possibilité de décider s’il veut mourir, alors que d’autres parlent de meurtre assisté. Cette complexité est vraiment mise en valeur dans l’histoire, surtout dans la tête de Raphaël. Comme son ami ne peut pas commettre l’acte lui-même, Raphaël pourrait être accusé de meurtre prémédité ou dans le plus léger des cas, il pourrait être accusé d’avoir ignoré quelqu’un en danger. Dans les deux cas, il est dans la merde, mais en même temps, son meilleur ami souffre physiquement et psychologiquement. Cette dualité va de pair avec la personnalité des deux gars, un plus peureux, l’autre plus téméraire.


En général, un superbe Tabou qui parle d’un sujet complexe. Je crois que l’auteure a bien réussi à faire vivre son histoire et ses personnages. C’est une belle réussite.


 

16 ANS ET PAPA de Marilou Addison – Paternité à l’adolescence

À seize ans, tout ce qui m’intéresse, c’est le prochain party où j’irai, et les filles que je réussirai à séduire. À quoi bon me soucier de demain? Je ne songe qu’à mon propre bonheur, et ça me va. Après tout, on n’a qu’une vie à vivre, non?


Ça, c’était avant l’appel d’Andréanne, cette fille que je connais à peine. Avant qu’elle m’annonce qu’un bébé grandissait dans son ventre. Et que j’en étais le père…

Moi, papa?


Il n’en est pas question! Je ne veux pas de cet enfant! Je refuse de m’imaginer dans le rôle du père parfait. Le mien a foutu le camp il y a bien longtemps, alors je ne saurais pas comment m’y prendre. Mais ma mère insiste. Elle tient absolument à ce que je passe un test de paternité. À ce que je m’occupe du bébé, si c’est bel et bien le mien.

Et à ce que je devienne responsable.


La paternité à l’adolescence a toujours existé, mais, de nos jours, ses conséquences sur le parcours scolaire et professionnel du jeune parent peuvent être énormes. Il est difficile pour celui-ci de prendre ses responsabilités, alors qu’il est encore un enfant lui-même. Le soutien de l’entourage se révèle donc primordial afin que le bien-être de tous les membres de la famille soit assuré.


Quand ce Tabou est sorti, j’ai tellement hurlé de bonheur. Je ne sais pas pourquoi, je prends beaucoup à cœur les droits des hommes dans plusieurs sphères de la société. J’ai l’impression qu’on se concentre tellement sur les femmes, parce que l’égalité n’est toujours pas instaurée, que dans certains domaines, on a piétiné les hommes, ce qui a encore réduit l’égalité. Bon, ce n’est pas le sujet, mais tout ça, c’était pour dire que lorsque le Tabou, racontant l’histoire d’un garçon qui devenait père à seize ans, je savais que j’allais aimer. Et c’est le cas.


Benjamin est un player. Ce n’est pas le meilleur des gars ni le plus stable. Il aime courir après les filles. Il aime faire la fête, jouer à des jeux vidéo, sortir avec ses amis et coucher avec les filles. Il a une vie normale comme tous les adolescents, jusqu’à tant qu’Andréanne, une fille avec qui il a couché, lui apprend qu’elle est enceinte et qu’il est le père. J’avoue que sa réaction m’a mis un goût amer en bouche. Il agit comme une merde. Je peux comprendre, mais en même temps, il est tellement irresponsable qu’il en est désagréable.


Benjamin, c’est un personnage qu’on apprend à aimer. Après la réaction qu’il est préférable d’oublier, on le voit prendre sa place dans cette nouvelle réalité où son fils devra prendre sa place en priorité. Au début, il rejette la possibilité d’être le père de Liam. Lui qui a grandi sans son père, il a peur d’en être un mauvais, surtout aussi jeune. On se rend compte de toute la sensibilité du personnage. Il est confronté à ses décisions et plus il apprend à vivre avec Liam, à se faire à la vie de père, plus il s’ouvre, plus il change. Même s’il en a toujours un peu « honte » une partie du roman. Cela ne l’empêche pas de se responsabiliser. Il se prend un job de « clown/magicien » où il rencontre Justine, il s’inquiète lorsque son fils tombe malade, il continue ses études tout en élevant un bambin. Il est chanceux d’avoir la présence de sa mère et il s’en rend compte. Je dirais aussi que le fait que Benjamin ne soit pas parfait met du réalisme au récit et m’a fait l’adorer encore plus. Lorsqu’il pète les plombs parce que Liam pleure, c’est une réaction que même des parents dans la trentaine peuvent vivre. Quand il oublie des choses ou fait des erreurs, ça montre son humanité.


Quant à Andréanne, j’ai beaucoup aimé que l’auteure parle de la dépression post-partum. Même si le récit ne se concentrait pas sur la maternité à l’adolescence, j’ai bien aimé qu’on voie les deux côtés de la médaille. Ce n’est pas facile pour ni l’un ni l’autre, surtout dans les circonstances de conception. Ils n’étaient pas en couple, Benjamin ne se souvenait même pas de son nom. Élever un enfant à temps partiel, ado, c’est complexe. Benjamin devient rapidement un papa poule là-dessus, parce qu’Andréanne a de la difficulté. Même s’il trouve ça dur lui aussi, cela ne l’empêche pas de la juger un peu.


Puis il y a Justine. Justine qui se trouve mêlée un peu dans toute cette histoire, un peu malgré elle. J’ai tout de même aimé sa maturité, qui va permettre à Benjamin de prendre conscience de plusieurs choses dans son comportement et dans sa vie. Notamment envers les filles, lorsqu’il comprend qu’il est amoureux d’elle. J’ai bien aimé leur relation.


Le roman est d’une beauté par ses erreurs. Pas d’écriture, pas d’histoire, mais par les erreurs des personnages. Présenter des êtres imparfaits rend le récit parfait. C’est ce qui a eu lieu avec ce Tabou. L’épilogue m’a fait sourire et j’ai beaucoup aimé l’ambiance de l’histoire.


 

ADIOS de Nadine Poirier – Décrochage scolaire

Je m’appelle Sam. J’ai 18 ans. Je suis nul. Pour le moment, c’est tout ce que je sais de moi. Et c’est assez difficile à avaler…


Je viens de doubler mon secondaire 5. Avec brio! En fait, ce que je réussis de mieux, c’est « pocher » mes examens. En restant 100 % dans la lune (ça me ferait au moins un 100 dans mon bulletin!) et en n’étudiant pas, je me suis mérité un an de plus en enfer.


J’en peux plus qu’on me demande ce que je veux faire de ma vie! Je n’en ai pas la moindre idée. J’en ai marre d’y réfléchir. À la limite, je m’en fiche. Je veux juste lâcher l’école, sans décevoir ma blonde et ma famille. En même temps, j’ai peur de faire la gaffe de ma vie.


J’ai juste envie d’aller voir ailleurs si j’y suis. Ouais, c’est ça, j’me pousse! Non. Ce serait carrément fou. Oh et puis, tant pis. Qu’est-ce que je risque au fond? Ici, c’est le vide, le néant. Ailleurs, j’arriverai peut-être à me trouver.


Tous les adolescents ne font pas leur entrée au secondaire avec les mêmes chances de réussite, mais la décision d’abandonner l’école est le résultat d’un cumul de situations complexes. Comme pour trop de garçons de son âge, le décrochage scolaire semblait être la seule option pour Sam. Pour trouver sa voie, le chemin peut être ardu, mais pas sans issue…


Allez savoir pourquoi, ce Tabou est mon deuxième favori dans toute la collection. Je suis en amour avec ce livre-là, ce n’est pas des blagues. Je n’ai jamais lâché l’école au secondaire, je n’ai jamais eu l’idée de le faire non plus. J’ai lâché un programme au Cégep, mais pour en reprendre un autre plus tard. Je n’ai jamais été dans la situation de Sam.


Sam se plaint tout le temps, il n’est jamais content, il se trouve nul dans tout et il est un peu déprimé. Il décide de lâcher l’école pour savoir quoi faire de sa vie, ce qui n’est pas du tout gagné, car il reste là à ne rien faire, attendant que les réponses à ses questions apparaissent par elles-mêmes. Lorsqu’il se fait quitter par Sarah, c’est la goutte de trop. Il a besoin de changement pour se trouver et c’est ainsi qu’avec ses maigres économies, un sac à dos et sa guitare, il se présente à l’aéroport et prend le prochain vol qui se trouve à être en direction de Guatemala City, au Guatemala. Il est confronté à plusieurs obstacles : l’argent et la langue. Pourtant, c’est grâce à ça qu’il va permettre d’évoluer et de sortir de sa zone de confort. Il renaît.


J’ai adoré l’évolution de Sam. J’avais envie de tout laisser tomber pour voyager avec un sac à dos, avec rien en poche, juste ma vie et l’aventure. C’est ça qui fait vibrer l’histoire. Oui, Sam est un décrocheur scolaire, mais il essaie de trouver une raison à sa vie, ce qui n’était pas le cas à l’école. « Partir pour se retrouver » est ce qui décrit le mieux ce roman.


Lorsqu’il rencontre Heidi, il se rencontre petit à petit que sa vie au Québec était peut-être idyllique. Cette jeune fille vient en aide à des enfants dans une école défavorisée. Au fil de l’histoire, il va rencontrer des personnages encore moins chanceux, dont Marco, un jeune enfant dont le plus grand rêve est d’aller à l’école, ce qui relève de l’ironie sachant pourquoi Sam est dans son pays.


Chaque personnage a une grandeur d’âme qui fait réfléchir Sam et qui surtout, le fait grandir. J’ai beaucoup aimé lorsque ses parents viennent le rejoindre et qu’il se rend compte de l’opulence de sa famille. Les choses qui sont tenues pour acquises par exemple.


Le fait que le décrochage scolaire et le voyage de Sam lui permettent de se découvrir, à travers la culture, les autres et la musique peut pousser des jeunes à faire pareil. Cependant, la morale reste présente : il faut travailler pour se bâtir un futur. Si ce n’est pas avec l’école, ce sera avec autre chose, mais le décrochage scolaire n’est pas quelque chose à prendre à la légère.


C’est vraiment un Tabou qui a réussi à me faire prendre conscience de beaucoup de chose et qui m’a permis de voyager, à travers les mots de l’auteure. C’est une histoire inspirante que j’ai beaucoup aimée. Quant à la fin ouverte, elle laisse le lecteur s’imaginer la suite. Parce qu’on ne sait jamais où la vie mène et c’est Sam qui l’a compris.


 

PROJET C de Nadine Poirier – Augmentation mammaire

Quand j’étais petite, mon père me répétait sans cesse à quel point j’étais laide. Avec mes cheveux crépus et mon teint de mulâtre, je détonnais à côté de mes sœurs, blondes, à la peau de porcelaine. En vieillissant, je rêvais de ressembler aux mannequins dans les magazines, aux vedettes de la télé. Mais j’ai fini par comprendre que je ne serais jamais comme elles. Jamais jolie. Juste ordinaire. Maintenant, je cache mon manque de courbes sous des vêtements trop grands. Et je m’isole, tentant de devenir invisible aux yeux des autres.


Mais voilà, récemment, j’ai trouvé la solution à mes problèmes. À mon manque de confiance. Tout ce qu’il me faut, ce sont des seins plus gros. Je me sentirais tellement bien! Je pourrais porter des décolletés comme les autres filles, et enfin espérer connaître l’amour…


Ma mère et ma meilleure amie me parlent des complications de l’opération. Mais je me fiche de ce qu’elles racontent. Aucun risque n’est assez grand pour me dissuader d’aller jusqu’au bout de mon projet C.


Beaucoup de jeunes femmes pensent à recourir à l’augmentation mammaire, convaincues que, pour être belles, elles doivent correspondre aux modèles fabriqués par l’industrie de la mode. La chirurgie comporte toutefois des risques qui ne sont pas toujours considérés avec sérieux par les patientes. Bien se renseigner est primordial avant de songer à cette solution dont certains effets peuvent être irréversibles.


J’ai eu beaucoup de difficulté avec l’histoire de Maeva. Même si l’histoire parle principalement de la confiance en soi, de l’acceptation de soi, des risques d’une opération, je l’ai trouvé un peu désagréable comme personnage...


J’ai aimé l’histoire dans le sens où l’auteure amène beaucoup d’information sur la culture de beauté qui se déroule depuis quelques années sur les réseaux sociaux et depuis encore plus longtemps avec les magazines. Les filles « parfaites » qui en réalité, ne le sont pas. Surtout avec Instagram et Tik Tok maintenant, on voit des « challenges » style « Glow up » qui peuvent démoraliser certaines filles qui ne rentrent pas dans la norme avec leur corps. Comme Maeva, avec sa petite poitrine.


J’aime le fait qu’elle a parlé de confiance en soi. Le personnage se compare à ses sœurs « plus belles » et doit faire face à son père qui lui rappelle qu’elle n’est pas très jolie. S’en sont suivi des complexes importants et une volonté de devenir jolie, comme les filles de magazines. C’est surtout qu’elle veut plaire, surtout à Victor qu’elle a peur qu’il la quitte, car elle n’a pas de poitrine. Le livre parle d’acceptation de soi, mais le problème de Maeva, c’est qu’elle essaie de se convaincre que l’augmentation mammaire c’est pour elle, alors qu’elle fait ça pour satisfaire le regard des autres.


Ce que je n’ai pas aimé, c’est surtout son comportement. Malgré les compliments, elle ne fait que se rabaisser sans cesse. En fait, elle n’écoute personne. Elle est bornée sur son bonnet C. Peu importe ce que les autres disent, elle veut son nouveau bonnet. C’est une rupture entre ce qu’elle veut et ce qu’elle reçoit. Elle ne comprend rien. Même quand elle fait face aux dangers de l’opération, même quand elle est avertie, qu’elle a des preuves sous les yeux, elle décide quand même d’aller à la clinique. C’est frustrant et je dirais même, décourageant. Je sais que c’est le personnage, mais ça rend le tout difficile. J’aurais aimé qu’elle soit plus réfléchie, qu’elle se pose plus de questions, qu’elle essaie de se trouver elle-même à travers ses complexes, qu’elle se renseigne au lieu de tout de suite sauter à l’opération.


J’avoue aussi que le sujet de l’augmentation mammaire pour les adolescents, j’ai trouvé ça un peu tutché. Oui, le regard vis-à-vis la culture de beauté était intéressant, mais je me demande s’il y a vraiment autant d’adolescentes qui font les démarches pour une augmentation mammaire à l’âge de Maeva ? Je sais que l’auteure s’est renseignée beaucoup sur le sujet, mais mon côté lectrice trouvait ça un peu invraisemblable. Ironiquement, j’aurais préféré que le sujet soit abordé dans l’autre sens avec la réduction mammaire. Peut-être que ce sera un prochain Tabou, qui sait? Ce serait intéressant de voir ce côté-là en tout cas.


En général, c’est un bon livre quand on passe par-dessus certains détails comme l’attitude de Maeva. Les autres personnages sont bien ancrés et apportent une fluidité au récit. J’aurais personnellement aimé que le tout soit un peu différent.


 

C’est ce qui conclut la dernière catégorie du spécial Tabou! J’espère que ça vous aura plu!

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