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Spécial Tabou : Alimentaire

SPÉCIAL TABOU : ALIMENTAIRE

Bonjour à tous!


Bienvenue dans cette deuxième critique regroupant d’anciens tabous. Six critiques sont prévues, ayant chacune leur thème : criminalité, sexualité, relations amoureuses, alimentaire, psychologique et les inclassables.


J’aimerais préciser que certains des romans de la collection pourraient se retrouver dans deux catégories à la fois, mais que j’ai fait un choix de classification.


Pour cette critique-ci, j’ai regroupé des Tabous dont le sujet tabou comporte un trouble alimentaire en premier plan.


Le carnet de Grauku de Sophie Laroche

Parfaite de Carl Rocheleau

Moi j’mange de Joanie Godin


Vous trouverez le lien pour les livres en cliquant sur les images. Comme c’est un regroupement de romans et d’auteures différentes, il n’y aura pas de biographies pour des raisons évidentes. Je serais également un peu moins explicite que si c’étaient des critiques individuelles.


Bonne lecture!


 

MOI J’MANGE de Joanie Godin – Hyperphagie boulimique

La bouffe. J’y pense sans arrêt. C’est la première chose qui me vient en tête quand je me réveille et la dernière, quand je m’endors. J’ai toujours faim. En tout cas, c’est l’impression que j’ai… Mais au fond, je ne sais pas ce qu’est la faim; j’mange tellement que je n’ai pas le temps de la ressentir.


Tu es lâche, tu ne réussiras jamais à perdre du poids. Regarde-moi ces grosses cuisses flasques! Essaie donc ce nouveau régime! me chuchote mon petit démon intérieur. C’est lui qui me pousse aux extrêmes, à me gaver comme s’il n’y avait pas de lendemain.


Je donnerais n’importe quoi pour être mince, pour ressembler à la plupart des filles de mon école. Mais je n’y arrive pas. Alors je m’isole et cherche le réconfort auprès de ma seule amie : la bouffe.


L’hyperphagie boulimique est un trouble alimentaire peu connu, mais dont souffrent à la fois des hommes et des femmes en proportions presque égales. Ce trouble se caractérise par des crises au cours desquelles une personne ingère une très grande quantité d’aliments, de façon incontrôlée, compulsive, sans toutefois se purger par la suite, ce qui conduit inévitablement à une prise de poids. Les régimes multiples sont donc souvent symptomatiques de l’hyperphagie.


Je vais le dire tout de suite. J’ai lu 60 pages du roman et je ne l’ai pas fini. Avant que tout le monde commente en disant « oui, mais pourquoi tu le critiques? » ou encore « Hein? comment ça? », je vais vous expliquer.


Premièrement, je n’ai pas, pas terminer ce roman, parce qu’il était mauvais, au contraire, j’ai adoré la plume de l’auteure. J’ai aimé comment elle mettait en place l’environnement et le personnage de Billie.


La raison est que j’ai été « triggered » par le roman et c’est la première fois que ça m’arrive depuis des lustres et surtout, dans la collection Tabou. J’ai essayé de continuer et je ne pouvais pas empêcher la boule d’anxiété dans ma poitrine et les larmes de couler sur mes joues.


Voir le mot « grosse » quand le personnage pèse moins que toi, ça fesse dans le dash. Oui, c’est une fiction, mais ça reste que pour moi, j’étais incapable de ne pas me précipiter à mon miroir et pleurer devant mes bourrelets, devant mes vergetures. J’ai vraiment été affectée par ma lecture au point où je ne voulais même pas manger. Sans être hyperphagique, j’aime manger. Que ce soit santé ou pas. En lisant le début du roman, je me trouvais obèse et stupide. Ironiquement, ça me donnait faim, quand Billie parlait de bouffe. Et… Je n’arrivais simplement pas à lire sans pleurer ou me sentir mal.


J’ai donc pris la décision d’arrêter ma lecture. Et je dis et répète : ce n’est pas parce que le livre est mauvais. Au contraire, j’aimais déjà l’histoire, je sais que je l’aurais lu et adoré si ça ne m’avait pas touché autant.


Ça prouve simplement que je suis humaine. J’en ai parlé un peu sur le groupe de la Communauté Collection Tabou, parce que je me sentais exécrable. J’aimerais remercier les personnes qui ont répondu avec des témoignages et une telle maturité. La Collection a réussi à unir des gens à travers des sujets Tabou. Et pour ça, le roman est pour moi est une réussite, même si je ne l’ai pas lu.


 

PARFAITE de Carl Rocheleau – Anorexie

Je ne demande pas grand-chose à la vie. Je veux juste être la meilleure.

La meilleure élève, celle qui obtient toujours la note la plus élevée de la classe, peu importe la matière.


La meilleure fille pour mes parents, qui ont déjà assez de préoccupations avec la ferme, mon frère hyperactif et le manque d’argent.


La meilleure amie pour Katy, ma best depuis toujours, même si je sais qu’elle se sert de moi.


Et, même, la meilleure des « victimes ». Celle qui a surmonté la plus terrible épreuve de toute sa vie : un enlèvement… Et sans aucune séquelle!


Bref, je veux exceller dans tout.

Pourtant, quelque part en moi, il y a cette voix qui ne cesse de me répéter que je pourrais être plus-que-parfaite. Mais comment? Arrête de bouffer, pauvre conne.


L’anorexie n’est pas qu’une recherche absolue de la minceur. C’est la manifestation d’un profond mal-être, l’émergence d’une personnalité ultra performante, qui se fixe des objectifs irréalistes (pas seulement au niveau de l’image corporelle), qui se pousse au-delà de ses limites pour les atteindre et qui éprouve un sentiment de culpabilité constant lorsqu’elle n’y arrive pas. Au Canada, une adolescente sur trois souffre d’un trouble alimentaire, et une centaine de personnes en meurent chaque année. Les causes de l’anorexie sont nombreuses et complexes, voire insidieuses, ce qui la rend difficile à prévenir. Cependant, le rétablissement est possible, même s’il peut parfois être long et ponctué de rechutes.


Quand j’ai débuté ma lecture, j’ai eu un énorme sentiment de déjà-vu. Sur la page des Éditions de Mortagne, il y a cette phrase qui a été rajoutée (qui n’est pas sur la quatrième de couverture) : L’histoire d’Annie est basée sur un fait vécu.


En effet, mon premier commentaire, lorsque je lisais Parfaite était : mais… c’est les mêmes passages que dans Enlèvement? Ce dernier est le roman « Fait vécu » écrit par Carl Rocheleau concernant l’enlèvement de sa sœur Véronique. J’avais fait une critique de ce livre-là cet été. J’ai donc vérifié et Parfaite a été publié avant Enlèvement. C’est simplement moi qui ne les ai pas lus dans l’ordre. Donc, ne soyez pas surpris si vous retrouvez des passages identiques à semi identiques.


Le sujet de l’anorexie a vraiment été mis en valeur dans ce Tabou. Vous allez me dire « ben, c’est normal? ». Non. L’anorexie c’est plus qu’un trouble alimentaire, c’est un trouble psychologique. Une personne anorexique n’est pas nécessairement une personne maigre, mais une personne qui a un comportement alimentaire dangereux. Quelqu’un qui se pousse mentalement à être de plus en plus maigre, sans voir les conséquences sur le corps humain. Une personne adulte n’est pas censée peser 65 livres. J’ai donc adoré que l’auteur explique en précision les étapes qui mènent à ça.


Au début, le personnage d’Annie veut perdre quelques livres pour ressembler à Keira Knightley, puis elle veut descendre son chiffre sur la balance encore plus. Elle devient obsédée par les calories et les chiffres sur le pèse-personne. Prendre du poids est un échec cuisant pour elle. Elle arrête de manger, puis elle se fait vomir au point où elle a des veines qui lui éclate sur le visage et qu’elle s’évanouit. Elle commence à faire peur et j’avoue que moi, ça me terrifiait de voir les chiffres descendre au début de certains chapitres. J’étais comme « mais arrête!! ». C’était terrifiant.


La femme la plus maigre au monde pesait 65 livres. Voir Annie atteindre 64 livres et un IMC de 11 m’a donné froid dans le dos. Et je crois que c’est important que ça m’ait fait cette réaction. La perte de poids est extrême, dangereuse, mais l’auteur a également montré la puissance du mental dans la chute de son personnage. Elle veut maigrir encore et encore. Elle refuse de manger pour prendre du poids! C’est… maladif, tout simplement.


Il faut également parler de la toxicité présente dans le roman. Ça en est frustrant. Katy qui pousse son amie à perdre du poids quand elle a un excellent IMC (même si Annie ne savait pas ce qu’était un IMC). Ensuite Coralie qui montre à Annie les Proana. Alex qui la laisse plonger dans sa perte de poids. J’avais juste envie de dire POURQUOI ? Et sérieusement s’il y a un truc qui m’a vraiment frustré, c’est l’existence des « Pro-anorexia ». Être maigre ou être obèse reviennent au même pour les troubles de santé. C’est juste affreux de voir qu’il y a des sites qui soutiennent les filles qui se font vomir une feuille de salade ou un verre d’eau. Ça fait partie du problème selon moi.


Toutes ces émotions, l’auteur me les a fait vivre. J’ai adoré le personnage de JP qui réussit à aider les jeunes filles vivant avec l’anorexie. C’est un combat d’une vie et même après avoir repris du poids, rien n’indique que la personne ne fera pas une rechute. Comme dit plus haut, c’est plus qu’un trouble alimentaire. J’ai aussi beaucoup aimé voir Annie changer au fur et à mesure qu’elle comprenait des choses.


J’avoue qu’au début, je comprenais l’enlèvement, pour donner un background de la perfection au personnage, mais je dois avouer que rendu au milieu du livre, j’ai trouvé ça un peu trop. J’aurais préféré que l’histoire de l’enlèvement soit mise au début et ensuite, on continue avec Annie étant plus vieille. Ça me sortait de ma lecture quand on retournait dans le passé.


En général, j’ai vraiment adoré ce tabou. Autant puissant, que frustrant, qu’informatif. J’espère (je crois surtout) qu’il fera prendre conscience certaines filles (et garçon!) les dangers de l’anorexie.


 

LE CARNET DE GRAUKU de Sophie Laroche – Troubles alimentaires (Boulimie et Anorexie)

Si tout a dérapé, c’est seulement parce que je n’en pouvais plus de voir la photo de mon cul partout… C’est déjà si dur d’avoir à le traîner! Je sais, je sais… Je ne devrais pas utiliser le mot « cul ». Ce n’est pas un mot très « littéraire »…


Mais ce qui suit n’est pas une histoire gentille. Quand une gang de filles vraiment pestes ont photographié mes fesses à la piscine et ont fait circuler la photo de cellulaire en cellulaire, j’ai réagi comme d’habitude : je me suis bourrée de chocolat et je me suis défoulée sur mon blogue. Puis cette fille, « Kilodrame », m’a laissé un message. Elle avait un moyen de me libérer complètement de mes problèmes de poids et de mes obsessions de bouffe. Une idée de carnet…


Oui, j’ai maigri. Oui, j’ai enfin découvert la vie. Mais pas celle que j’imaginais…

Si vous voulez des beaux mots, gentils et propres, il faut choisir un autre livre. Lire le trépidant quotidien de Lisa, la belle Lisa, la mince Lisa. Ou de sa copine Justine, si jolie et si fine. Et me laisser, avec mes kilos en trop et mes bourrelets, en marge de la page. Moi, c’est une histoire de cul que j’ai à raconter. Mais pas celle à laquelle vous vous attendez!


Un roman formidable qui n’a pas peur d’appeler un chat un chat, qui capte notre attention dès les premiers mots pour ne pas la relâcher avant la dernière page. Beaucoup d’humour et d’ironie, mais surtout, l’absence de clichés malgré les sujets graves évoqués : les troubles alimentaires.


Ce roman est le tout premier de la Collection. C’est avec celui-ci, à 15 ans, que j’ai découvert la première fois les Éditions de Mortagne. Que j’y ai découvert, ben, la collection. À l’époque, il n’y avait que quatre tomes publiés. Au moment où j’écris cette critique, dix ans ont passé et il y en a maintenant 53. Incroyable n’est-ce pas?

Alors, il ne faut pas se mentir, le livre est un peu « passé date » sur certaines expressions, mais pas sur le comportement du personnage de Manon, qui est encore d’actualité.


Je n’ai pas relu le livre, parce que je m’en rappelais tellement bien. Comme quoi certains romans peuvent marquer. En dix ans, je me souviens encore des émotions que j’avais ressenties à ma lecture. Principalement de la frustration envers le comportement de Manon, sa psychologie aussi. Mais également, de la curiosité. À 15 ans, je me demandais si je pouvais faire ça moi aussi, un carnet pour purger mes fesses et mon ventre. Si ça me permettrait d’arrêter de me faire écœurer. (Dix ans plus tard, je peux dire que ça n’aurait servi à rien. Je n’ai pas perdu de poids et j’suis allée à mon bal avec le gars le plus populaire sur deux promotions).


L’histoire de Manon et de son alter ego « Grauku » marque les esprits. Parce que c’est douloureux. Lorsque Kilodrame lui propose l’idée du carnet, au moment où Manon est à terre, elle a l’impression que c’est une idée de génie. Ses fesses ont parcouru l’école secondaire. Elle en a marre que les gens rient d’elle pour son embonpoint. Au lieu d’avoir des amies qui l’encourageraient à s’accepter comme elle est, avec ses rondeurs et ses imperfections, elle est trahie par deux camarades de classe désagréables. L’auteure montre l’impact que peut avoir l’intimidation. Le geste de Lisa et Justine va avoir mis la vie de Manon en danger au bout de la ligne.


J’ai trouvé intéressant comment le personnage ajoute sur sa liste un élément, puis un autre. À nouveau, on joue sur le mental. C’est plus qu’un trouble alimentaire. Manon se conditionne, à travers son carnet, à ne plus manger ci et ça. Ce qui fait en sorte qu’elle ne mange presque plus rien et qu’elle devient obsédée par son poids. Elle va en perdre. Elle va même se faire un chum, mais le prix à payer, en vaux-t-il la peine? Non. Car c’est dangereux. Et l’auteure l’a très bien mis en valeur.


En général, c’est un bon roman qui parle des troubles alimentaires en généraux. Il faut faire attention, c’est ce que l’auteure nous dit à travers l’histoire de Manon. Et je crois que c’est bien réussi.


 

C’est ce qui conclut la quatrième catégorie du spécial Tabou! J’espère que ça vous aura plu! N’hésitez pas à laisser un commentaire, à liker et partager!


À la semaine prochaine!

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