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Le choix d'une vie vs Le choix de Savannah

Le choix d’une vie de Samuel Champagne vs Le choix de Savannah de Sophie Girard – Collection Tabou (Éditions de Mortagne)


LE CHOIX D’UNE VIE de Samuel Champagne

Je n’ai jamais réellement pensé à l’avenir. Faire des plans compliqués et se casser la tête, je laissais ça aux vieux, aux gens ennuyants comme ma sœur. J’avais quinze ans et, à cet âge, on s’amuse! Ma vie était simple : mon chum, mes amis, des partys, le collège privé. Maintenant… j’ai encore quinze ans, mais tout a basculé. Parce que j’ai fait un test de grossesse et que deux lignes sont apparues. Moi, maman? Je ne sais même pas comment m’occuper de moi-même, comment je pourrais prendre soin d’un autre humain?


Et pourtant… j’ai décidé d’essayer. D’essayer d’être une adulte, alors que tout le monde me disait que je n’y arriverais pas. La naissance approche et j’ai peur. J’ai tout perdu, j’ai dû quitter le collège, je n’ai plus d’amis. Seulement il y a cette émotion… cette force qui me pousse à croire que ce bébé va changer ma vie en mieux. Mais, sans Marisol, rencontrée dans mon école pour jeunes mères, et sans son frère Sebastian, je doute de pouvoir m’en sortir.


La maternité à l’adolescence entraîne son lot de questionnements et de doutes chez la jeune mère, surtout en raison de la pression exercée par son entourage. Il faut beaucoup de courage pour se lancer dans une telle aventure, et le soutien des proches et des intervenants est essentiel pour le bien-être de la nouvelle famille.

 

J’avais hâte de mettre la main sur ce livre. J’ai toujours été attirée par les histoires où les personnages ont des enfants. J’ai un très grand instinct maternel et j’avoue être jalouse quand je vois une fille qui tombe enceinte. Alors, lorsque j’ai entendu parler du sujet qui allait être publié, j’avais hâte de lire le livre. J’attendais ce tabou avec impatience. J’ai été particulièrement surprise que ce soit Samuel Champagne qui écrive sur le sujet, car il porte plus ses sujets sur le monde LGBT, alors la grossesse à l’adolescence, ça sortait de son champ d’écriture habituel. Je me suis dit : « Pourquoi pas? »


Je vais l’avouer tout de suite, je n’ai pas tant aimé le livre. Ce n’est pas le meilleur Tabou que j’ai lu et pas l’un des meilleurs de Samuel non plus. Moi qui a adoré Garçon manqué et Éloi, je sais que l’auteur est capable de grande chose, mais là, je ne sais pas, ça n’a pas du tout cliqué.


Alors premièrement, le personnage de Jordane, je l’ai détesté. Elle est détestable et le genre de personnalité qui m’enrage. Elle est le genre de fille qui m’aurait intimidé à l’école. Même si elle change et devient plus gentille et douce, le fait de commencer le roman avec une telle personnalité, je trouve que ça coupe la relation entre le lecteur et le personnage. Je sais que certains peuvent être content d’enfin avoir un personnage principal qui n’est pas tout gentil et tout doux envers tout le monde, mais moi, en bon anglais, ça m’a « triggered ». Ça m’a rappelé des souvenirs de l’adolescence où ce genre de fille riait de moi pour des broutilles comme mes bourrelets, un peu comme Jordane fait envers ses « amies » au début du roman, lorsqu’elle se magasine un bikini. Plus elle avance dans sa grossesse et après la naissance de son enfant, plus sa superficialité s’en va, son caractère de princesse s’adoucit, mais le choc est trop grand pour moi et je n’arrive pas à m’attacher à Jordane, comme je m’attache aux autres personnages de livres. Ça m’a un peu déplu, mais c’est bien personnel à moi. Je me suis plus reconnue en Zoé, la sœur de Jordane.


Cependant, j’ai adoré que la relation entre les deux sœurs soit tumultueuse. J’avoue avoir éclaté de rire et lâcher des « wouah » quand ça se lançait des piques et des commentaires méchants. Je ne pense pas que j’aurais réagi comme Zoé en apprenant que ma sœur aurait été enceinte, mais je l’aurais jugé sur ce qu’elle fait et sa personnalité assez désagréable comme Zoé l’a fait avant l’annonce de la grossesse. Jordane ne semble pas être une bonne fille, une bonne sœur, une bonne amie et elle juge énormément sa sœur pour être responsable et tranquille. Je comprends donc Zoé de faire la même chose à l’inverse.


Ensuite, j’ai trouvé que le livre était bourré de cliché. Ça s’empile un après l’autre. La populaire de l’école qui oublie sa pilule contraceptive, un peu naïve (voire même stupide?) qui couche avec un gros épais qui pense juste au sexe, mais qui est super populaire à l’école (privé, rien que ça!). Une famille de riche qui a une adolescente un peu rebelle qui fait à sa tête, ainsi qu’une autre fille studieuse, tranquille, responsable, à son affaire. On a aussi la relation entre Jordane (une fille aisée) et Marisol (une immigrante plus pauvre avec des parents qui ont une petite épicerie). Ensuite, on a le copain de Jordane qui refuse de se responsabilité face au bébé et qui lance la rumeur que l’enfant n’est pas le sien. Encore là, c’est super cliché. Ça aurait été le fun que le père prenne ses responsabilités, car ça arrive (on l’a vu dans 16 ans et papa de la même collection), mais non, à la place, on a le gars populaire qui décide de sortir avec la meilleure amie de son ex. On continue les clichés avec le prénom que Jordane choisit pour son enfant, je l’avoue, j’ai levé les yeux au ciel tellement c’était quétaine! Je n’en croyais pas mes yeux. (Je vous laisse le suspense de savoir si c’est une fille ou un garçon). Pis finalement, Jordane finit par sortir avec LE gars auquel on s’y attend depuis le moment où il se rencontre. Bref, j’ai été capable de faire un paragraphe complet des clichés du livre et je trouve ça un peu désolant. J’aurais aimé un peu plus de surprise (un peu comme la déclaration de Tania pour son amie!), un peu plus de punch qui arrive à retourner la situation.


Par la suite, il y a un manque flagrant d’action. Le livre est long et tire en longueur. Après 150 pages, je ne voyais plus la fin, j’avais juste hâte que le livre finisse au lieu de me dire « Ayoye j’ai tellement hâte à la fin! ». Tout est prévisible et il manque de détail. Avant l’accouchement de Jordane, on parle magasinage, liste d’achat, responsabilités parentales. Puis on a un accouchement sans détail (ça aurait été bien de développer la relation mère-fille durant la naissance de l’enfant, ça aurait fait quelque chose de spécial. Oui, cliché, c’est vrai, mais au moins ça aurait fait pas mal d’action.) Alors après, on parle de couche, d’allaitement, de bains, de dodo, de pyjama et là tu commences à te dire… « Okay, c’est vraiment long ». Il ne se passe absolument aucun rebondissement. Un épisode où le/la petit(e) tombe malade et que Jordane doit se précipiter à l’hôpital, paniquant, se rendant compte c’est quoi le stress d’être mère et tout l’amour qu’elle porte à son enfant aurait été apprécié, voir même nécessaire à l’histoire pour ajouter un peu de piquant. À la place, on a des scènes qui ne sont pas nécessaires (comme la première date avec Nathaniel ou Samira qui n’aura, au fond, servi à absolument rien). Je crois qu’il manquait vraiment un attrait important dans le livre qui nous pousse à poursuivre jusqu’à la page 330.


Malgré tout, j’ai apprécié qu’on voie la vie de maman de Jordane et pas seulement son accouchement et la fin, mais je pense que cela n’aurait pu être plus court et non pas étiré la sauce avec une « deuxième histoire » qui traine en longueur. Beaucoup de choses auraient pu être coupées dans la deuxième partie sans faire mal à l’histoire.


ET, surtout le gros ET, je suis très très très contente que Samuel ait décidé de limiter Jordane a un enfant pour son adolescence, lors de l’épilogue et de la laisser faire ses études avant de lui faire pondre un deuxième enfant. J’ai adoré la fin. Je l’ai trouvé mignonne et très douce, comparé au reste du roman. C’est, étonnamment, mon chapitre préféré de tout le roman, l’épilogue.


En général, ce n’est pas un mauvais livre, mais je crois qu’il aurait pu être mieux ajusté et balancer entre descriptions de la vie de maman et l’action de vie de maman.


PLUS, un gros thumbs up au personnage de Sebastian qui a été mon gros coup de cœur du roman. J’avais juste envie de l’embrasser et de lui faire des câlins tout le long du roman. Tassez-vous, il est à MOI!

 

LE CHOIX DE SAVANNAH de Sophie Girard

Je fondais tant d’espérances dans l’année de mes quinze ans… Je m’imaginais enfin rencontrer le grand amour, ressentir les petits papillons et tout le tralala. Pourtant, jamais je n’aurais pu imaginer l’enchaînement d’événements qui m’a amenée à faire le vide… en moi. Christophe, le « roi de la drague », qui m’a envoûtée d’un simple regard, si profond que j’ai été engloutie. Ma mère, qui ne me comprenait pas, qui me surprotégeait, surveillait mes moindres gestes. Ce que j’ai pu la détester! J’ai tant cherché liberté, la sensation d’enfin vivre MA vie, à MA façon, même si ça ne faisait qu’enrager encore plus ma mère… Et puis, la trahison, la peine, l’incompréhension. J’aurais voulu hurler ma douleur à la terre entière. Mais voilà que la vie en a décidé autrement : je devais mettre ma peine de côté et faire un choix… Un choix si important qu’il déterminerait chaque minute de mon existence… et de la sienne.


Sophie Girard, travailleuse sociale, propose ici un roman d’une grande sensibilité, dans lequel elle aborde avec beaucoup de finesse certains des enjeux les plus préoccupants de l’adolescence : les relations amoureuses, la grossesse non planifiée et l’avortement.


Ce tabou est dans l’un des premiers que j’ai lus de la collection, non pas parce que c’est le 4ème à être sorti (alors que Le choix d’une vie est le 48ème), mais pour la raison que j’ai dit plus haut, j’adore quand on parle de grossesse.


Je n’ai pas aimé ce roman à l’époque, parce que je commençais à réfléchir sur les sphères de notre société et sur les conséquences de l’avortement. Sans rentrer dans mes opinions politiques, disons que je ne suis pas tout à fait pour, mais pas totalement contre non plus. Même en sachant que Savannah va avoir un avortement, j’ai espéré tout le long du livre que ça n’arrive pas.


Je me suis assise dans mon salon et j’ai rouvert le roman, plusieurs années plus tard et c’est là que j’ai vu le décalage d’écriture. Le roman de Sophie est beaucoup plus doux, mais également plus… kitch? Non, je ne sais pas comment l’expliquer. Il y a vraiment une différence. J’avais l’impression qu’on tentait de m’éduquer au lieu de me raconter une histoire, comme Samuel l’a fait.


Savannah est beaucoup plus attachante que Jordane (honnêtement ce n'est pas difficile à battre.), mais également beaucoup plus naïve. C’est un niveau incomparable. Elle tombe dans les bras de Christophe très facilement et couche avec lui par peur de le perdre (au contraire de Jordane qui est affirmée dans sa sexualité). Mais, la façon dont Christophe parle à Savannah, gosh, je ne me souvenais même pas qu’on pouvait parler aussi quétainement à quelqu’un. (Oui, j’ai inventé un adverbe avec quétaine, jugez-moi pas). Les « ma puce » qui se répètent à chaque dialogue sont particulièrement agaçant.


La scène de l’avortement est pénible et très dure à lire, je donne des points à l’auteur ici. Ça montre que ce n’est pas une décision à prendre à la légère. C’est très difficile vivre un avortement et ça peut être très douloureux, surtout à un jeune âge (Savannah et Jordane ont 15 ans toutes les deux). J’ai apprécié que l’auteure décrive en détail ce qui se passe au lieu de juste dire que l’avortement s’est passé. Ça met de l’action dans le livre et nous fait vivre la douleur du personnage. Même si je trouve que Jordane a plus réfléchi à la question de sa grossesse que Savannah, je pense que chacune des deux, selon l’histoire du livre, a pris la meilleure décision pour leur vie. (Oui, je sais que ce ne sont que des personnages!)

Le livre est également moins long d’une centaine de pages (et ça paraît) et j’ai trouvé qu’il manquait aussi de l’action. Beaucoup de réflexion et de descriptions, mais pas assez d’intrigue.


Je précise également, que ce roman, comme les premiers de la collection, sont des ré-éditions. Je me demande s’il y a eu des changements ou si tout est resté identique ? Hum.

 

Je crois que chacun des livres a offert une version de la grossesse non planifiée assez réaliste de la chose. J’aime qu’il y ait les deux livres publiés, même à plusieurs années d’intervalles, car si ça arrive à une jeune fille de 15 ans, comme Savannah et Jordane, elle aura peut-être une meilleure idée quoi faire, en voyant les deux possibilités devant elle. C’est tellement difficile aujourd’hui, quand quelque chose comme ça arrive sans prévenir, de prendre la meilleure décision. La collection Tabou montre les deux côtés de la médaille et je suis très contente que ce sujet soit publié et offert aux jeunes adolescentes.

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