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En mille morceaux de Léonie Faucher

⭐ Service de Presse ⭐

TITRE : En mille morceaux

COLLECTION : Tabou

AUTEURE : Léonie Faucher

ÉDITION : Éditions de Mortagne


GENRE LITTÉRAIRE : Jeunesse

NOMBRE DE PAGES : 304


RÉSUMÉ : J’ai parlé.


Après toutes ces années de silence, j’ai osé dénoncer mon agresseur, l’homme à l’origine de mes plus grandes souffrances : mon beau-père.


Maintenant que c’est fait, impossible de reculer. Le processus judiciaire est enclenché. En plus de la peur qui m’accompagne à chaque étape, je dois affronter le regard des autres, la culpabilité étouffante de ma mère, les cauchemars incessants…


Ce que je désire par-dessus tout, c’est me défaire de l’emprise invisible qu’il continue à avoir sur moi. Et peut-être qu’un morceau à la fois, je réussirai enfin à me reconstruire.


Aux premiers abords, le système judiciaire peut paraître intimidant pour les victimes de pédophilie, dont la confiance en toute figure d’autorité est grandement ébranlée. Il est toutefois important de dénoncer son agresseur pour l’empêcher de s’en prendre à d’autres. Heureusement, plusieurs acteurs et organismes sont présents pour accompagner les victimes dans toutes les phases de leur guérison.

 

MON AVIS :


Il est important de mentionner que lorsque je lis un roman de la collection Tabou, je le fais avec mes yeux de lectrice, celle qui suit les sorties depuis l'âge de 15 ans. J'ai l'habitude de suivre les sujets qui nous sont présentés. J'attends toujours les suivants avec impatience, car c'est une collection nécessaire auprès des jeunes, les adolescents, qui ont 15 ans aujourd'hui. C'est à eux que cette collection s'adresse, bien que les lecteurs sont de tous les âges. J'ai moi-même 28 ans et je dévore ces romans, mais je crois qu'il est important de rappeler que la mission première de la collection a toujours été de sensibiliser les nouvelles générations d'adolescents qui auraient besoin d'aide vis-à-vis des sujets tabous.


Le premier constat qui m'est venu en commençant le livre, c'est à quel point j'aimais la plume de Léonie. Un premier roman, ce n'est jamais facile, on cherche encore son style, sa fluidité, on se questionne sur les mots qu'on utilise. Ici, un côté poétique au texte m'a énormément plu. Déjà, le roman commence avec ceci :

Ne me touche pas. Ces mots, j'aurais dû les hurler dès la première fois. Cependant, à neuf ans, je n'avais pas confiance en eux. À la hauteur des nombrils d'adultes, comment atteindre leurs oreilles?

Percutant, n'est-ce pas ? C'est l'impression que j'ai eue, en tout cas. J'aimais comment le texte était écrit, on pouvait bien ressentir les émotions de l'auteure. Mais ça, c'est aussi un problème que j'ai réalisé un peu plus loin lors de ma lecture et je reviendrai sur ce cas un peu plus loin.


Autre élément que j'ai tout simplement adoré, c'est qu'au lieu de se concentrer sur les agressions, mettre de l'importance sur les actes du pédophile, du criminel, l'histoire se concentre sur la réparation et le processus de guérison de la victime. Plusieurs romans dans la collection ont le point de vue des victimes, que ce soit avec Le secret, Non c'est non, Seul contre elle, peu importe l'âge de l'agresseur.e, nous avons déjà lu sur le sujet plusieurs fois. C'était donc rafraichissant de voir le point de vue du personnage après les faits, lorsque vient le temps de dénoncer et bien entendu, les procédures qui suivent après cette décision.


Le roman embarque rapidement dans le sujet, mais ce n'est pas une mauvaise chose. On retrace les premiers éléments d'agression, le contexte, à travers certains flashbacks qui précisent à travers le texte au présent. Ça permet de se concentrer sur les séquelles qui sont encore présentes des années plus tard. De voir à quel point ça affecte.


J'ai aimé que ça présente les étapes pour aller mieux, pour reconnecter avec soi-même, pour enlever l'emprise de l'agresseur petit à petit. C'est assez détaillé dans les procédures pour que d'autres victimes sachent à quoi s'attendre. Néanmoins... j'ai trouvé le tout trop "facile". Il manque d'obstacle, de péripéties, tout coule facilement et rapidement. À quel point c'est de la fiction? Difficile à dire. J'ai peur que ça décourage des victimes lorsqu'iels seront en processus. Je ne sais pas si c'est plus facile d'avoir accès à un suivi psychologique dans un cas comme ça, mais j'ai malheureusement trouvé que tout se plaçait trop bien dans le livre. Un appel, une demande et hop le rendez-vous était quelques jours plus tard. Dans la réalité québécoise, c'est normalement plusieurs semaines, voire plusieurs mois d'attentes. Donc, dans un sens, j'ai aimé cet aspect, mais dans l'autre, je crois que ça aurait mérité un peu plus d'obstacles.


Avant de parler des personnages, je crois qu'il est important à ce stade de la critique de parler de mon plus gros point négatif et je plaide l'indulgence concernant mes propos. Il se peut que mes explications ne soient pas tout à fait claires, mais je vais faire mon possible. Comme je l'ai mentionné plus haut, je lis la collection avec mes yeux de lectrice, celle qui a lu tous les tabous depuis les débuts. Oui, les romans Tabou suivent une recette. Certains trouvent ça déplaisant, mais je crois que cette recette existe pour une raison. Car elle plait aux jeunes, en premier lieu, et parce qu'elle permet de bien s'imprégner de l'histoire. C'est facile à lire et à comprendre. Ici, le roman n'a pas du tout suivi cette recette et c'est malheureusement la raison pour laquelle je dois dire que ce n'est pas, pour moi, un bon tabou. C'est un excellent livre, avec une excellente histoire, Léonie a su écrire un très bon roman ! Mais, pas pour la collection Tabou.


Laissez-moi vous expliquer pourquoi j'ai cet avis, complètement personnel.


Premièrement, la protagoniste n'a pas de nom. Tout le long de l'histoire, ce n'est pas mentionné. On assume donc que c'est l'auteure, car l'histoire est inspirée de sa vie. Ça m'a créé un détachement énorme avec elle, avec les personnages, car les romans de la collection Tabou ont toujours été des romans de fiction, même si c'était inspiré de fait vécu. Le secret, Parfaite, Corrosive, Corde raide, La rage de vivre, Transidentité, Cacher son jeu, et bien d'autres ont des éléments qui sont reliés aux auteurs qui ont écrit ces livres, mais les personnages sont fictifs, l'histoire l'est aussi. Si l'histoire est trop vécue, alors là ce n'est plus de la fiction. De plus, j'ai eu l'impression que le personnage principal connaissait déjà la fin de son histoire dès le début. En gros, j'ai eu l'impression de livre de la collection Fait vécu. Et, ironiquement, Piégé, le livre sur le même sujet écrit, paru quelques jours avant dans la collection Fait vécu, m'a donné l'impression de lire un Tabou... En ayant ni le nom, ni à peine de description physique du personnage principal, auquel je devais m'identifier pour suivre l'histoire, je n'ai pas réussi à ressentir les émotions correctement, car j'avais l'impression que tout était relié à l'auteure et non pas au personnage ! Oui, ça peut aider les jeunes qui vivent une situation comme Léonie a vécu, mais pour moi, ça ne l'a pas fait du tout. Je me sentais détachée, j'étais incapable d'être touchée par le texte, car je n'arrivais pas à comprendre le vrai du faux, à voir la fiction, à m'immerger complètement. J'ai trouvé ça extrêmement dommage.


C'est aussi la raison pour laquelle j'ai été mal à l'aise avec le personnage de la mère. Dans le roman, elle est égoïste, elle ne pense pas un instant à ce qu'a vécu sa fille, il n'y a que ses émotions qui comptent. J'ai aimé la répartie de la protagoniste, même si ce n'était qu'en narration et j'ai apprécié que l'auteure explique le comportement de la mère durant les abus et que le personnage évolue, mais je ne pouvais m'empêcher de me demander à quel point ce comportement était réel ou pas dans la vie de l'auteure. Vous comprenez pourquoi j'ai eu de la difficulté avec ma lecture ? En ayant un personnage qui n'est pas fictif, dans une histoire qui est censée l'être, il y a une fissure entre le vrai du faux qui n'est pas correctement présenté, ce qui crée un détachement et un malaise, du moins de mon côté.


L'autre aspect qui m'amène à la réflexion malheureuse que ce n'est pas un bon roman pour Tabou, c'est l'âge de la protagoniste. Ici, je crée une parenthèse : je suis complètement d'accord pour des histoires avec des personnages plus âgées, plus dans le jeune adulte que l'adolescence, MAIS seulement quand le sujet nécessite un personnage de cet âge-là. C'est plus logique d'exploiter le sujet de la fausse couche et du deuil périnatal avec des personnages qui sont dans la vingtaine que lorsqu'ils sont adolescents. Ici, je n'ai pas trouvé nécessaire d'avoir un personnage qui vit dans son appartement depuis des années, a sa propre voiture, en est à sa troisième session d'université. C'est très vieux pour un personnage Tabou et je crains que les adolescents de 15 ans, à qui la collection s'adresse à la base, ne puissent pas s'identifier correctement à cause de ça. Le personnage est trop vieux. Rien n’aurait changé à l'histoire si elle avait eu 17 ans et qu'elle avait été en résidence au cégep pour sa première session. Je n'ai pas compris ce choix et j'avoue que ça m'a déstabilisé.


Tout de ce roman ne respecte pas la recette préétablie par la collection et je comprends la maison d'édition de faire des essais, car il y a plusieurs reproches concernant cet aspect des romans, mais je crois qu'il est nécessaire de prendre en compte le lectorat à qui s'adresse les livres et non pas juste les commentaires des blogueurs plus âgés et cela m'inclut.


Léonie a écrit un excellent roman, j'ai adoré l'histoire, j'ai aimé comment c'était présenté, mais pas pour tabou. Et comme j'avais en tête de lire un livre Tabou, ça l'a influencé mon expérience et mon appréciation littéraire.


Je tiens à dire que la fin du livre était magnifique et que, oui, j'ai été touchée par le texte lu par la protagoniste. Oui, Léonie a du talent pour l'écriture et je tiens à le rappeler. C'est important pour moi que ce soit compris : on a ici une bonne auteure avec un bon livre, mais qui n'a malheureusement pas été placé au bon endroit, à mon avis.


Je vous invite à faire votre propre avis en achetant le roman.


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