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Comment ça s'édite, un livre ?


Depuis la signature de mon premier contrat, je crois qu’on m’a posé cette question un milliard de fois. Ce qu’il faut comprendre, c’est que chaque maison d’édition a sa manière de fonctionner. J’ai vécu deux méthodes d’édition qui, à leur manière, ont mené chacun à un résultat.

J’avoue, personnellement, avoir un penchant pour la méthode qu’utilisent les Éditions de Mortagne et c’est de cette manière que je vais vous expliquer le processus par lequel je suis passée.


Avant de signer pour mon premier livre, j’étais ignorante sur comment fonctionnait le monde du livre. En fait, je crois qu’avant d’y mettre les pieds, on ne sait pas vraiment tout le processus qui se déroule derrière un roman. Plusieurs s’étonnent lorsqu’ils apprennent qu’il peut se passer un an, voire deux entre la signature d’un contrat et la sortie du livre. Que se passe-t-il durant tout ce temps ? Vous avez le droit de vous poser la question. Laissez-moi vous dire qu’il se passe beaucoup de choses.


Allons-y par étape, et croyez-moi, il y en a pas mal. Je crois que sera l’article le plus constructif de tout mon blogue.


Crédit image : pris dans le cours "Le métier d'écrivain" donné à l'Université Laval par Anne Peyrouse.


ÉTAPE 1 :

Ironiquement, et ça va vous surprendre, l’étape la plus facile : écrire le livre. Eh oui, c’est vraiment le moment le plus facile de tout le processus. Vous prenez les idées que vous avez en tête et vous les écrivez. Peu importe le genre, lorsque vous écrivez le mot « fin », vous savez pertinemment que ce n’est que le commencement. Viens ensuite dans cette étape la révision et la correction personnelle. À ce moment, vous allez essayer de rendre votre manuscrit parfait avant de l’envoyer à une maison d’édition dans l’espoir de voir votre rêve se réaliser. Sauf que plus vous allez vous lire et vous corriger, plus vous allez détester votre ouvrage. Il ne sera jamais parfait, ne vous acharnez pas dessus. Trouvez-vous de bons bêta-lecteurs, corrigez ce que vous pouvez et faites-vous confiance. Entre le début et la fin de l’écriture de votre livre, votre plume se sera améliorée. Vous allez avoir tendance à retravailler sans cesse, sans réaliser que vous êtes en train de tourner en rond pendant que votre manuscrit prend de l’âge dans un document de votre ordinateur. Passez à l’étape deux.

ÉTAPE 2 :

L’envoi du manuscrit qui passera par un pigiste et/ou un comité de lecture. Si la maison d’édition voit un potentiel et apprécie votre œuvre, vous serez contacté pour signer un contrat. Conseil d’ami : vérifiez vos courriers indésirables. Ils ont tendance à s’y glisser. (Je l’ai appris de la manière forte)

ÉTAPE 3 :


Vous avez signé votre contrat, après l’avoir attentivement lu et analysé (TRÈS IMPORTANT). Le manuscrit tombe donc en retravaille, ou ce que j’appelle : le hachoir. Parce que oui, il arrive que la maison d’édition jette la hache dans votre livre avec autant de tact qu’un bucheron sur la côte nord. Si quelque chose doit être changé, ce sera changé et ce sera à vous de le faire en plus. Bah oui ! Je vous l’ai dit que l’étape 1 était la plus facile. Chez les Éditions de Mortagne, ça se fait en plusieurs étapes :


- Première lecture et rapport de lecture : cette étape consiste à corriger les gros éléments du livre, c’est-à-dire des chapitres complets, la personnalité d’un personnage, un bout de l’histoire qui est incohérent, l’ajout de ci, la suppression de ça, etc. C’est vraiment le gros coup de hachoir qui souvent peut faire mal, mais qui est nécessaire. N’oubliez jamais une chose : votre éditeur connait son travail, il sait comment mettre en valeur votre livre et faire en sorte que le lecteur appréciera sa lecture !


- Après le gros coup de hachoir, vient le coaching, ou ce que j’appelle LA VAGUE ROUGE. C’est probablement l’étape où votre joie quitte votre corps et que les regrets embarquent légèrement. Vous allez avoir hâte à la fin et à la fierté qui vous sera apportée, mais à ce moment-là, vous risquez de remettre en question votre existence et votre carrière. Voici un exemple (le flou est volontaire) :


Comme vous pouvez le voir, c’est rouge. TRÈS rouge. Rendu à cette étape, soit votre éditeur ou votre directeur littéraire si vous êtes chanceux, passe minutieusement dans l’histoire. Il ou elle lira le roman une première fois et repassera avec des commentaires pour améliorer votre texte. Que ce soit au niveau du récit ou vis-à-vis l’écriture et la grammaire. C’est souvent l’étape la plus longue et la plus difficile. Voir la quantité de commentaires peut paraître décourageant, mais souvent ce sont des détails, alors que d’autres fois ce sont des passages plus complexes. À nouveau, faites confiance à la personne avec qui vous travaillez. Néanmoins, je mets un « mais » ici : si vous sentez que le manuscrit ne vous ressemble plus ou que les commentaires de votre éditeur ne font aucun sens, écoutez-vous. C’est important de mettre ses limites et de dire non. Car oui : vous avez le droit de dire non parfois.

Après ce moment stressant et épuisant, d’échange de courriels à n’en plus finir et de back and forth de document Word, vous allez recevoir une superbe nouvelle : le manuscrit part en révision. Bienvenue à l’étape 4.

ÉTAPE 4 :

Votre histoire est retravaillée et maintenant un ou une réviseure passe les fautes qui sont assez nombreuses, on va se le dire. Rendu à ce stade, il y a un certain « fuck it » qui s’installe, même si c’est involontaire. Vous avez lu votre roman à peu près 20 fois rendu ici, vous n’êtes plus capable, mais vous devez continuer, même si vous connaissez la vie de vos personnages par cœur. Cette étape est cruciale, même si elle fait mal à l’égo (quoi ? histoire vécue ? pas du tout !). Il est important de savoir que chaque modification d’un éditeur, d’un réviseur ou autre doit être absolument approuvé par l’auteur, si ce n’est pas le cas, ehhh ce n’est pas bon signe et contactez l’UNEQ rapidement. Donc, à cette étape, quelqu’un vous met de l’avant toutes vos fautes de français, de syntaxe et vous donne des citations de dictionnaires pour vous dire les mots qui ont été mal employés. Ouin, ça fait mal à l’égo, mais c’est une étape importante. C’est une étape assez simple à passer, car vous ne faites qu’approuver les changements (ou les refusez tout dépendant comment vous le sentez, ça m’est arrivé). Après cette étape, plusieurs choses se déroulent en même temps.

ÉTAPE 5 - 6 - 7 :

La 5e étape est l’envoi du manuscrit retravaillé et révisé à la personne chargée de la mise en page. Cette étape ne concerne pas l’auteur directement là, c’est après que le travail recommence et je dirai qu’à partir de là, il y a une écœurantite qui s’installe, accompagné de stress et d’excitation. Pendant que la mise en page est en train de s’effectuer, vous recevrez les premières ébauches de la couverture. Pour cette étape (6), il y aura un échange avec la maison d’édition pour des idées, des concepts, des choix, jusqu’à ce que les deux parties soient d’accord concernant le rendu final. Et je vous dirai que c’est assez émotif comme moment de voir la couverture de votre roman (surtout le premier !). Puis l’étape 7 consiste à voir les détails, donc la 4e de couverture, la notice biobibliographique de l’auteur, les petits trucs pour la promotion, bref les derniers ajustements. De retour à l’étape 5, on vous renvoie votre manuscrit en PDF avec la mise en page. Et vous devez, pour la 150e fois, relire votre manuscrit et vérifier les coquilles ou ce qui a été oublié à la révision/correction. Il faut être attentif aux espaces de trop, aux « s » qui se sont glissés et aux incohérences qui sont passées sous le radar (et qui cause parfois des malaises impressionnants. Non non, pas une histoire vécue du tout... ahem). Après cette étape, l’auteur a fini le retravaille de son livre. Mais sa job n’est pas fini, quoique pour l’instant elle l’est.

ÉTAPE 8 :

Le manuscrit final est envoyé à l’imprimeur qui va s’occuper de l’impression, de la découpe et de l’assemblage du livre. Anecdote : saviez-vous que selon la couleur utilisée sur une couverture, un livre peut prendre plus de temps à sécher qu’un autre ? Merci, Aimée Verret, pour l’information !


ÉTAPE 9 :

Lorsque le roman est terminé d’être imprimé et monté, celui-ci est récupéré par un distributeur qui se chargera de l’expédition à la maison d’édition et dans les librairies. Il y a également le diffuseur, selon la maison d’édition, qui aura au préalable fait le tour des librairies pour organiser un office. Qu’est-ce qu’un office ? C’est l’achat d’un livre en avance. Par exemple, une librairie pourrait commander 20 exemplaires d’un roman et les paierait à la maison d’édition, mais après une année, pourrait en retourner 5, que la maison d’édition serait obligée de rembourser. Sauf que le diffuseur, lui, fait en sorte de cibler les besoins des libraires pour éviter que ce genre de chose se produise. Il sert à conseiller le libraire sur la bonne quantité à se procurer pour en avoir assez et pas de trop. S’il fait bien son travail, normalement tout va bien !

ÉTAPE 10 :

Maintenant, l’auteur doit reprendre son travail et, avec l’aide de la maison d’édition, assurer la promotion de son œuvre. À partir de cette étape, le roman est en voie d’être en librairie, les services de presse sont bientôt envoyés et le suspense est à son comble. Souvent, l’utilisation de booktrailer, de jeux ou d’extraits sont utilisés pour attirer l’attention du lecteur. Les réseaux sociaux sont un enjeu majeur rendu à cette étape, ainsi que les médias traditionnels tels la télévision et les journaux. Mais comme vous le savez, tout se passe sur internet ces temps-ci. L’utilisation d’Instagram, Facebook et TikTok apporte énormément de visibilité à un livre. Les blogueurs sont également un vecteur ESSENTIEL à la promotion d’un livre. Que la critique soit négative ou positive, l’important c’est que le message soit distribué. Ceux qui diront que le livre est mauvais risquent d’attirer le regard de certains qui veulent voir par eux-mêmes si c’est réellement le cas. Aussi niaiseux que ça. De plus, avec la COVID, les lives dans des groupes spécialisés ou auprès de blogueurs (comme moi) permettent la promotion de l’œuvre, surtout vers la sortie. C’est un enjeu extrêmement important et je dirais, avec le coaching, le travail le plus difficile. C’est, personnellement, l’une de mes plus grosses lacunes.


ÉTAPE 11 :

La toute dernière étape : profitez de la sortie. Votre livre est dans les mains de vos lecteurs. Qu’ils apprécient ou non, ce n’est plus de votre ressort. Acceptez les commentaires. Apprenez d’eux. Gardez ce qui peut vous aider à vous améliorer et jetez le reste. Ça ne sert à rien de se casser le coco avec ça, de toute façon : il est trop tard. Vous saurez pour la prochaine fois, si vous êtes assez masochiste pour recommencer toutes ces étapes.

Mais honnêtement, c’est un peu comme une drogue. Après la première fois, même si on souffre, on a tout de même envie de le refaire encore et encore, car la fierté de tenir son livre entre ses mains vaut tout le désespoir et le manque de sommeil causé par la correction.

J’espère que ce petit guide de l’édition aura répondu à vos questions !

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