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Spécial collection : Kaléidoscope – Samuel Champagne

Spécial collection : Kaléidoscope – Samuel Champagne – Éditions de Mortagne

La collection Kaléidoscope a vu le jour en février 2018. À ce jour, seul Samuel Champagne a écrit des romans dans cette section. Il en existe trois tomes qui sont faits pour être lus séparément, mais dont les personnages peuvent se croiser, car ils vont à la même école et ont certains amis ou connaissances en commun. Or, chacun des trois garçons présents dans la collection à sa propre histoire.


Le but de cette collection est de suivre un personnage dans sa découverte de soi, dont l’une des principales thématiques est la communauté LGBTQ+. Oui, les thèmes de l’homosexualité, la bisexualité et même l’hétérosexualité sont présents dans les romans, mais c’est une partie d’une histoire encore plus complexe. Par exemple, le dernier tome paru, Antonin, parle aussi du Trouble de Stress post-traumatique (TSPT).


Je vais critiquer chaque tome séparément, mais je voulais faire un spécial pour Kaléidoscope, mais encore plus à cette date.


Comme vous le savez, chaque année, Montréal organise la semaine de la fierté gaie. Avec les événements de 2020, c’est plus compliqué de pouvoir célébrer l’inclusivité et la diversité sexuelle. C’est pourquoi, avec cette critique, débute le spécial littérature LGBTQ+. Toute la semaine, ce ne sera que des livres ayant comme thématique la communauté.

Et je trouvais ça bien de commencer avec un trio extraordinaire.


Pour plus d’informations sur cette semaine spéciale, rendez-vous sur la page Facebook si vous n’y êtes pas déjà abonné.

 

Adam

Je m’appelle Adam, mais, à l’école, on me surnomme Numéro Deux. Parce que je suis le deuxième enfant d’une fratrie de sept. Mon frère aîné a eu la chance de pouvoir partir étudier loin avant que ma mère ne se mette à pondre un numéro après l’autre. Lui, il n’est pas prisonnier de tout ça.


Notre maison est trop petite, l’argent manque, mes parents travaillent sans arrêt. Alors, qui s’occupe de changer des couches, de cuisiner, de faire régner la discipline et de jouer au taxi? Moi. Moi qui n’ai aucun temps libre, aucun espace… Mais tout le monde s’en fiche. La famille avant tout, dit-on.


Dans ces conditions, impossible d’avoir beaucoup d’amis ou de faire partie de l’équipe de football de la polyvalente. Et il y a Milan… Il voudrait qu’on se voie davantage, mais je n’y arrive pas ! Ce n’est pas juste ! Je n’ai pas demandé tous ces frères et sœurs !


J’en ai assez, ça ne peut plus continuer comme ça. Évidemment, quand je le dis à ma famille, on s’engueule. Ce n’est pas la première fois, pourtant je finis par le regretter. Car, quelques heures plus tard, ce n’est pas ma petite sœur Clara, venue me rejoindre dans mon lit, qui me réveille au beau milieu de la nuit. Ce sont deux policiers…


Je ne savais pas qu’Adam était le premier tome publié dans la collection et c’est étonnamment avec celui-ci que j’ai commencé. J’étais curieuse de l’ambiance que l’auteur pouvait donner dans un roman destiné aux adolescents comportant autant de personnages. Moi j’adore les grosses familles, alors j’ai été tout de suite attirée par ce roman-ci.


On retrouve donc le personnage d’Adam, un adolescent qui se sent prisonnier de son domicile et surtout qui se sent exploité par ses parents qui ont décidé d’avoir beaucoup d’enfants. Il est en colère contre le monde et on ressent ses émotions à chaque moment du récit. Quand il est heureux, triste, fâché, stressé, etc. Il adore ses frères et sœurs, mais il est écœuré d’être le troisième parent, ce qui est compréhensible. À 16 ans, on veut aller à des partys, on veut sortir avec ses amis, pas aller chercher des enfants au service de garde, faire le souper, le lavage, les bains et le dodo. L’auteur a donc mis en place la frustration de son personnage petit à petit.


J’ai retrouvé la plume compatissante de Samuel Champagne dans l’histoire d’Adam. Oui, il est en colère, mais en même temps, il montre de l’amour. Il y a une parfaite balance entre les éléments de l’histoire.


Le fait qu’il soit écœuré à l’école et appelé Numéro deux me rendait triste. L’intimidation n’est jamais acceptable, mais c’est surtout qu’Adam doit vivre continuellement avec ses questions, ses tourments, sa honte et sa peine.


Qu’est-ce qu’il y a de pire qu’être un troisième parent à seize ans ? Être gay et ne pas pouvoir faire son coming out parce que tes parents n’ont de yeux que pour les petits. C’est le quotidien qu’a écrit l’auteur pour son personnage.


L’homosexualité d’Adam est bien placée et son « struggle » personnel est parfaitement bien écrit. Il veut juste s’ouvrir, se connaître, s’apprivoiser, mais aussi rencontrer d’autres comme lui. Mais il ne peut pas, ce qui amplifie sa colère qui n’attend qu’à exploser.

Quand Milan, son petit ami, apparaît dans sa vie, on croit que ça va apaiser les choses, mais c’est pire, car il est obligé de lui mentir et il a trop honte de sa famille pour s’ouvrir à celui qu’il aime. L’ambiance devient lourde à cette partie du roman, car on ressent la tristesse et la dépression qui guette l’adolescent.


Et si tout n’était pas déjà émotionnel, arrive l’accident. Un grave accident. Le stress embarque et j’ai adoré que l’auteur ait réussi à nous amener dans une montagne russe d’émotions et de questions. On avance, on recule, on panique, on veut comprendre, savoir, être présent. On veut prendre Adam dans nos bras pour lui dire que ça va bien aller. J’ai tellement pleuré !


À partir de ce moment, l’histoire défile assez rapidement et j’ai aimé ça, parce que ça montre que dans la vie, quand ça arrive, oui, le temps s’arrête et après, le temps passe comme un éclair.


On découvre des secrets, les choses s’expliquent, se disent. Encore une fois, je me suis mise à pleurer !


J’ai fermé le livre un sourire doux au visage et des larmes sèches sur mes joues. C’est là que je me suis dit que j’avais bien fait d’acheter les trois tomes.


Note finale :



 

Antonin

S’ils savaient…


Cette phrase, c’est toute ma vie. Il y a beaucoup de choses que les gens ignorent à mon sujet. J’ai une famille qui m’aime, des amis, je suis bon à l’école. On dit aussi de moi que je suis un grand artiste. Mon existence est parfaite, semble-t-il.


Mais j’en ai eu une autre, avant, avec des parents biologiques qui sont restés dans ma tête, même après mon adoption. Je songe sans cesse à mon père, en colère par ma faute. À ma mère, partie m’acheter un cadeau sans jamais revenir. À ces journées que j’ai passées seul, dans l’appartement, à l’attendre du haut de mes six ans. Je pense à la chance que j’ai eue qu’on ait bien voulu de moi et à tout ce que je dois faire pour qu’on ne m’abandonne pas de nouveau.


C’est pourquoi je cache ma douleur. Pour que personne ne sache que je fais des crises de panique ou des cauchemars, parfois même éveillé. Ni ces parents qui me sont tombés du ciel, ni mon frère, ni mes amis. Et surtout pas William, le gars que j’aime, le seul avec qui j’arrive à oublier. Il faut que je garde la tête haute et le passé à l’intérieur. Mais les souvenirs refont toujours surface, et je commence à manquer de force pour les affronter.


L’histoire d’Antonin est le dernier à être paru, mais c’est le deuxième que j’ai lu. Je le dis tout de suite, c’est mon préféré des trois. Je ne sais pas si c’est parce que j’ai été charmée par la personnalité discrète et créative du personnage ou si c’est parce que je le comprenais dans ses angoisses et ses crises de panique. Il vit avec le doute, l’anxiété, la peur et j’ai connu ça. Tout le long de ma lecture, je voulais rentrer dans ce monde imaginaire pour prendre l’adolescent dans mes bras. Je voulais lui dire que ça irait bien, de continuer, de s’ouvrir. Gros ouf. Très émotionnel comme livre. Un gros poing à la poitrine. Des larmes à la tonne encore une fois.


Ici, l’auteur a montré une connaissance en art. C’est fou comment ses tomes dans Kaléidoscope sont complètement différents, mais se ressemblent à leur manière. L’auteur est polyvalent et c’est vraiment agréable de savoir qu’il peut s’étendre sur plusieurs sujets (art, sport, famille, etc).


Je crois que ce qui a fait en sorte que celui-ci vienne encore plus me rejoindre ce sont les pensées d’Antonin. J’ai parlé de ses doutes, son anxiété, sa peur, mais c’est plus que ça. C’est la vision qu’il a envers le monde qui rend l’œuvre différente. C’est un artiste, il voit autour de lui comme une œuvre d’art, mais pourtant, sa vision est teintée de gris, de noir et de rouge.


Le plus difficile ce sont les souvenirs de l’adolescent qui apparaissent à intervalle régulier dans l’histoire. On comprend donc encore plus facilement ses craintes et c’est difficile en tant que lecteur de lire ça. En fait, je voulais sauter jusqu’à la fin juste pour savoir s’il allait être correct. Le nombre de fois où j’ai dit « pauvre ti-chat » est trop nombreux.

Et comparé à Adam, qui avait déjà une plume mature, pour Antonin, je l’ai trouvée encore plus sévère, rude, poignante. Il y a quelque chose de profond dans les tomes Kaléidoscope, mais celui-ci a une petite coche au-dessus.


Lorsque Antonin est confronté entre « choisir » William, son petit-ami et sa famille adoptive qu’il a peur de décevoir, j’ai vu toute la vulnérabilité que Samuel a mis dans son personnage. C’est une plaie ouverte en plein milieu d’un roman. Je n’ai même pas de mots pour expliquer mes émotions durant LA scène. Un peu comme l’accident chez Adam, c’est une montagne russe dans l’abdomen, mais le temps est figé dans la peur et l’incertitude. Même si c’est un personnage de livre.


J’aime la guérison qui s’en est suivi et j’ai pu respirer à nouveau pour mon « ti-chat ». Son anxiété nous a unis. Peut-être ai-je été plus atteinte à cause de ça, je ne sais pas. Ça n’enlève rien à l’histoire qui entoure les blessures d’Antonin.


J’ai lu beaucoup de livres cette année, j’ai eu des coups de cœur, mais ce tome-ci vient prendre une place très précieuse dans mon cœur.


Note finale :



 

James

La première fois que j’ai ressenti ce petit fourmillement dans mon ventre, que j’ai eu l’impression que mes pensées étaient embrumées, c’était à cause d’une nageuse de mon équipe, en sixième année. Puis, les mêmes sentiments se sont répétés pour une autre fille, l’année suivante.


Mon secondaire s’est poursuivi ainsi, entre quelques blondes, des amis, les compétitions de natation et les jeux vidéo. Sans que je me pose trop de questions.


Et voilà que les sensations reviennent. Mais, ce coup-ci, je doute. Car c’est Isaac, avec ses yeux bleus et son excentricité, qui donne envie à mon corps de faire les choses différemment.


Les filles m’attirent toujours autant, mais rien ne me fait oublier Isaac. Ma famille, mon coach, les autres athlètes… Que vont-ils dire de tout ça ? Moi-même, j’ai de la difficulté à comprendre ce qui m’arrive.


Je sais nager, mais je ne suis pas sûr de savoir comment aimer un gars.


Ce troisième et dernier tome de la série Kaléidoscope (à ce jour) que je critique est la deuxième publication dans la collection. Je ne sais pas pourquoi, j’ai été moins attirée à lire celui-là. La quatrième de couverture ne me titillait pas plus que ça et le fait que ce soit un sportif ne me donnait pas plus envie que ça. Le sport et moi, on ne s’aime pas tant, même dans les livres. J’ai donné une chance à James et malgré quelques accros, je n'ai pas été déçue.


Je vais quand même être honnête, c’est celui que j’ai le moins aimé, mais quand je dis « moins aimé », je parle d’une coche en dessous d’Adam, légèrement. Il est très bon, mais j’ai préféré les deux autres.


En fait, le premier problème que j’ai eu avec James c’est sa mentalité. J’ai eu un peu plus de difficulté à le comprendre, à me mettre à sa place et à savoir comment réagir face à ses pensées et ses décisions. C’était donc pour moi beaucoup plus complexe de totalement m’immerger dans ma lecture.


Le personnage d’Isaac a fait plaisir à apprendre à connaître, puisqu’on le voit apparaître dans les deux autres romans sans avoir quelconque information à son sujet. Du moins, pertinentes. J’ai préféré Isaac à James dans ce tome-ci. Peut-être à cause de la personnalité, MAIS le couple que les deux jeunes forme est l’un de mes préférés pour une raison obscure. J’ai adoré Adam et Milan, puis Antonin et William, mais il y a une chimie indescriptible entre James et Isaac que l’auteur a réussi à installer grâce à leur passion pour les jeux et leur curiosité aussi, je crois, bien.


Si je ne me trompe pas, c’est le livre de la collection qui est un peu plus « sexuel », mais ça se peut que je me trompe. Ce n’est pas tant une mauvaise chose, car le personnage de James est écrit pour être un peu plus « ouvert », disons-le comme ça ?


C’est également le seul personnage de la collection à être ouvertement bisexuel et non gay. J’ai aimé cette nouveauté et cette ouverture d’esprit face à la bisexualité, mais je n’ai pas tant aimé le fait que James se plaigne d’avoir l’air gay aux yeux des autres en se montrant publiquement avec un homme, au lieu d’avoir l’air bisexuel. Je comprends que c’est un adolescent en questionnement, mais le principe de la bisexualité c’est de juste aimé un ou l’autre sexe. Ce que tu as l’air, rendu là, ça ne change rien. C’est peut-être juste moi qui le vois comme ça. En tant que bisexuelle, si je sors avec une femme et qu’on pense que je suis lesbienne, ça ne change rien à ma vie à moi. Ce ne sont que des étiquettes.


James, comme plusieurs se concentrent trop sur les étiquettes. Même s’il revient sur ses paroles et qu’il comprend la nuance, c’est un élément qui m’a déplu dans l’histoire.

J’aurais aussi aimé qu’il mette plus en avant-plan la fratrie. La scène avec Elliot après le coming out m’a extrêmement fait rire.


Et comme j’ai dit au début, même moi, qui déteste le sport, j’ai beaucoup aimé les scènes de natation où on est en contact direct avec l’esprit de James. J’ai aimé cet aspect-là, alors que je pensais que ce serait pour moi un « turn off ». Encore une fois, Samuel a mis à l’avant des détails sur le sujet qui ont fait une différence pour la lecture.


J’ai eu des petits pitpits lorsque j’ai commencé à lire la collection qui me disait que James était bon, mais pas le meilleur et je suis assez d’accord avec ça. C’est un très bon roman, il est plaisant, j’ai aimé le lire, mais je ne pense pas le lire une deuxième fois.


Note finale :




 

La série Kaléidoscope a été pour moi une découverte impressionnante. J’adore les romans qui mettent à l’avant des couples ou des sujets de la communauté LGBTQ+, pourtant, j’ai pris mon temps avant de me prendre les trois tomes qui sont publiés depuis plus d’un an pour un, deux ans pour les deux autres. Je crois si je les avais lus ado je n’aurais peut-être pas eu autant de lien ou compris certaines informations « entre les lignes ». Je sais que la série s’adresse à des adolescents, représentant des adolescents, mais la plume de Samuel a une puissante qui me pousse à penser que cette collection pourrait être à la limite du Young Adult. Un adolescent qui doit grandir et faire face à sa quête identitaire pour devenir un adulte.


Je conseille la série à tous, mais je crois qu’avoir les pieds dans la vie de jeune adulte, d’avoir traverser l’adolescence nous permet d’encore mieux comprendre le sort des personnages et leurs choix.


Sachez que la trilogie est en vente en spécial sur le site des Éditions de Mortagne à 44,95$ au lieu de 50,85$ si vous achetez les tomes séparément. Vous n’avez qu’à cliquer sur la photo Kaléidoscope plus haut pour vous rendre sur le site web.


Nous ne savons pas si d’autres romans sont prévus, mais j’aimerais beaucoup que ce soit le cas. Peut-être même une fille cette fois-ci. LGBTQ+ regorge de beaucoup de lettres et d’identité. Qui sait ce que l’avenir réserve pour cette collection !

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