top of page
  • Photo du rédacteurMione

Baby Boy d'Antoine Charbonneau-Demers

Baby Boy d’Antoine Charbonneau-Demers (Éditions du Parc en face – Les Malins)

Les vestiaires de la piscine de l'école. Un garçon de 16 ans. Il ne dit à personne ce qui s'est passé là-dedans, mais une chose est certaine: l'Abitibi ne suffit plus, peut-être même que la vie ne suffit plus.


La mère de l'adolescent le tire de sa noirceur avec un précieux conseil: « Botte-toi le cul. » Animé par ce nouveau leitmotiv, il décide de prendre des risques pour goûter à une vie qui lui semblait jusqu’alors inaccessible. Il se donne pour mission d'acquérir, avant la fin du secondaire, assez d'expérience pour se faire remarquer lors des auditions de le prestigieuse Académie nationale d'art dramatique. Séduit par un finissant de cette école qui lui promet de l'aider avec son admission, il devient rapidement Baby Boy, une nouvelle version de lui-même qu'il n'est pas certain d'aimer...


Cette histoire d’amour entretenue par textos prendra la tournure d’un cauchemar. Jusqu’où Marc-André Langelier le poussera-t-il ?


Je l’avoue, ce livre m’a intrigué quand je l’ai vu apparaître dans mon feed sur Facebook. J’étais incertaine si ce livre pouvait me plaire ou si je pouvais être le public cible. Autant le livre peut faire très jeunesse qu’il est très mature en même temps. Je me suis laissé tenté parce que j’étais intriguée. Intriguée par le personnage, l’histoire, mais aussi par la plume de l’auteur. Je ne le connaissais pas du tout avant de lire Baby Boy, mais j’avais un feeling, une impression, je voulais voir si c’était le cas. Spoiler alert : it was.


Qui est Antoine Charbonneau-Demers ? C’est un jeune homme natif de Rouyn-Noranda qui se passionne dans l’art écrit et dans celui du jeu. Ayant étudié en Création littéraire et du Conservatoire d’art dramatique de Montréal, il sait manier les mots autant sur papier que sur scène. Depuis 2010, il prend sa place au Théâtre, mais ce n’est qu’en 2014 qu’il publie un premier texte, un essai intitulé « L’ange est nu » dans la revue Tic Art Toc. S’en est suivi la piqûre de l’écriture et en 2016, il publie son premier roman « Coco » chez VLB Éditeur. Ce roman gagnera le prix Robert-Cliche du premier roman. En 2018, c’est son deuxième roman « Good Boy », chez le même éditeur qui sera publié. Un an plus tard, il publiera une nouvelle, « La femme à refaire le monde » dans un collectif et celle-ci recevra le 1er prix du Prix du jeune écrivain au Salon du livre de Paris la même année. Finalement, en 2020, il change de direction vers le jeunesse avec « Baby Boy » qui prendra sa place dans l’une des maisons d’éditions en partenariat avec Les Malins : les Éditions du Parc en face. Lors de la pandémie du Covid-19, il a écrit un court roman numérique intitulé « Daddy » dont le lien de vente se trouve ici : https://gumroad.com/l/KXnFc


Baby Boy. Qui est Baby Boy ? On ne le sait pas. Son nom nous est inconnu. Il devient quelqu’un d’autre et ne cherche pas à reprendre sa place d’avant. Place qu'on ne connaît pas. Son histoire débute lors de son changement (ou presque) et j'ai adoré comment ça s'est mis en place. Sa sortie en tant que « Baby boy » lui ouvre des portes sur l’expérience de la vie sur toutes ses sphères; autant sur sa psychologie, sa maturité, autant avec le sexe, la drogue et l’alcool, qu’avec ses relations humaines avec les autres, bref, tout.


Quand j’ai commencé le livre, j’ai été percuté par l’ambiance. Je cherche mes mots pour ne pas avoir l’air de dire quelque chose de pas correct, parce que j’étais bien à l’aise avec ça, c’est juste que c’était très gay. Tu ne te doutes pas à un seul moment que le personnage est hétéro. L’écriture a un côté un peu extraverti et la façon dont agissent les personnages, tu reconnais l’ambiance que peut avoir, exemple, un cabaret de drag-queen. Ce qui m’amène à mon point du départ sur mon feeling qui était justifié et qui a fait que j’ai aimé le livre : c’est un spectacle. Je sais que parlé du côté « gay » de l’histoire est peut-être déplacé, mais sachez que ça me va très bien, ça faisait même différent. Non, le côté spectacle c’est un autre niveau. La plume d’Antoine est vraiment particulière, elle mélange plusieurs styles, plusieurs aspects d’un sujet, on dirait une plume qui vogue à 360 degrés, je ne saurais l’expliquer. Elle a un côté très enfantin, mais en même temps mature, masculine, mais féminine en même temps. Mais, dans cette plume, il y a la passion de l’art de la scène de l’auteur, parce que Baby Boy est écrit comme si tout était un spectacle, en passant par les expériences, que le drama, que les discussions plus sérieuses, tout fait penser à une pièce de théâtre et plus tu avances, plus tu te rends compte que tu es dans le champ et que ce n’est pas du théâtre : c’est du drag. Si vous, lecteur de cette chronique, vous êtes allé une fois dans un cabaret comme chez Mado, pour cité le plus populaire, vous allez comprendre ce que je veux dire par cette ambiance. C’est spécial et festif. Même dans les moments plus dramatiques, elle restait. C’est dur à expliquer, mais j’espère que vous allez me comprendre.


Quant aux personnages, j’ai parlé un peu de Baby Boy, mais pas assez. J’ai aimé son conflit interne. Même s’il veut devenir acteur, il cherche sa confiance en soi. Il n’est pas ouvert encore, c’est un papillon coincé dans son cocon. En fait, il ne s’accepte pas. Il n’accepte pas son poids, son homosexualité, son physique, son côté différent. Il se cherche continuellement, sans comprendre ce qui se trouve devant lui. Ce livre est vraiment une quête de soi. J’avertis, ce n’est pas une histoire de coming out, non, c’est juste une question d’identité propre. Qui est Baby Boy ? Que veut-il ? C’est ce qu’il se demande sans cesse, et nous aussi.


Pour les autres personnages, il n’y en a pas beaucoup que j’ai apprécié… En premier lieu, il y a la mère qui est, à mon goût, un peu malaisante. Légèrement trop « cool », même si, en comparaison, ma mère est exactement ce genre de mère, ça fait du bien dans un roman, un peu de stricte. Et le seul moment où elle l’a été c’est lorsque son fils part avec Anaïs et Romy. Elle sert à aider son fils sur plusieurs points, elle tente de le comprendre, de l’aider, mais il manque quelque chose qui aurait rendu la relation encore plus importante. J’aurais aimé qu’elle soit plus mère qu’amie. La scène où la mère de Baby Boy sacre juste pour dire à Anaïs que son propre sacre ne la dérange pas est malaisante. Quant au père, il est trop effacé à mon goût.


Pour Anaïs et Romy, je ne les ai pas aimés du tout. Plus la première que la deuxième qui était légèrement moins pire, mais leur personnalité, à chacune, est très superficielle. Malgré Anaïs qui fait des speechs à tour de bras sur l’environnement et la fin du monde, je l’ai trouvé hypocrite et superficielle. Romy est un peu plus réservée, mais encore une fois, j’ai trouvé que ça ne fonctionnait pas. J’ai commencé à l’apprécier seulement vers la fin. Ce sont deux personnages qui étaient nécessaires, mais que j’aurais préférés différents.


Marc-André Langelier est l’être abject de l’histoire. Tu sais que c’est une mauvaise personne, tu sais que c’est un gros con, pourtant Baby Boy continue, s’amourache, est naïf, etc. J’ai trouvé étrange que le personnage principal soit aussi naïf dans cette situation, mais en même temps, je comprends. Quand on est inexpérimenté, on croit aux rêves et on a peur de faire quelque chose de pas correct, encore plus quand on n’a pas de confiance en soi. Le problème aussi avec ce personnage-là, c’est quand on découvre ses intentions, on est comme « what the… ». Ça se passe si rapidement ! On dirait que ça l’a été jeté là pour s’en débarrasser et passé à une autre étape. Or, je pense qu’il aurait été important d’ajouter un peu de contenu sur cette fin de relation, surtout les dangers qu’à encouru le personnage principal. Ça l’a été trop simple. Tellement de peur pour rien au final ? J’aurais aimé un peu de sensibilisation et de rebondissement pour que Baby Boy assume un côté de sa nouvelle identité. Je sais que c’est un gros élément du récit, c’est grâce à lui que « Baby Boy » est venu au monde dans le sens de personnalité, mais, selon moi, il manquait de construction.


L’histoire avec le cousin, James de son prénom, j’ai trouvé ça intéressant comment ça l’a été abordé, car on est rentré dans quelque chose de beaucoup plus psychologique dans ces pages du récit. La plume de l’auteur était beaucoup plus mature, droite, présente. C’était un moment de sérieux et c’est comme ça que je l’ai ressenti. James est un personnage que j’aurais aimé plus comprendre et connaître. J’aurais aimé en avoir un peu plus sur lui et moins sur les deux filles.


Deux des personnages que j’ai beaucoup aimés c’est Shawn et M. Bissonnette, le professeur. Shawn pour sa simplicité dans la complexité. Il a juste pris une place doucement, a réussi à s’infiltrer, à être présent, à être compréhensif et à l’écoute. Et ça je l’ai ressenti dans le texte, ça l’a fait beaucoup de bien. Quant au professeur, il a apporté un côté plus littéraire à la compréhension de la pièce joué par Baby Boy, mais aussi sur la perspective de lecture du roman Baby Boy. Moi je l’ai vu comme ça, peut-être à cause d’une déformation professionnelle, mais j’ai vu tout d’un œil différent. J’ai vécu le texte au lieu de juste le lire.


Avant de parler de l’histoire, je précise aussi qu’il y a une playlist avec le roman. Je n’ai pas lu avec la playlist parce que Björk n’est pas une artiste qui me plaît (les goûts sont dans la nature !), mais j’ai apprécié sa présence dans la vie du personnage principal, car les chansons permettaient une compréhension encore plus profonde des pensées de Baby Boy.


Un côté négatif du récit, c’est qu’il y a beaucoup de dialogues. Trop à mon goût. J’aurais aimé rentrer encore plus dans la tête de Baby Boy et de ses sensations qu’avoir autant de passages « parlés ». Ça revient au style spectacle que je parlais plus haut.


Pour l’histoire, je dirais que c’est son point le plus positif. Autant j’ai détesté la majorité des personnages, autant l’histoire, je l’ai adoré. Il n’y a pas de scènes de trop, mais il manquait certaines scènes, mais bon, c’est quand même un livre de quatre cents pages, dont je comprends pourquoi il faut arrêter à un moment. On voit vraiment l’évolution de Baby Boy plus on avance. On passe d’un jeune adolescent en peine, ne comprenant pas sa vie ni son identité à un jeune adulte qui maîtrise l’art du spectacle (et du drama!) et qui accepte qui il est, avec ses qualités et ses défauts. C’est vraiment cette évolution qui fait le charme du roman.


Pour la fin, j’ai fait un sourire, mais un gros sourire. C’est vraiment une fermeture à la vie de Baby Boy créé par Marc-André et l’ouverture de la nouvelle vie de Baby Boy, créé par le personnage lui-même. Il a pris possession de son identité et le met à son avantage. Le spectacle de fin montre vraiment que le personnage est passé à un autre niveau. J’ai adoré la fin, c’est tout ce que j’ai à dire. J’ai envie de tout dire, mais je ne vais pas spoiler !


En général, c’est un bon livre. Autant je n’ai pas aimé les personnages, autant vous vous pourriez les apprécier, c’est quelque chose de personnel. Je les aurais appréciés différents, plus marquants je dirais. Mais juste pour l’ambiance et l’histoire, ça mérite d’être lu au moins une fois. C’est un très beau roman pour la communauté LGBTQ+, car elle montre qu’il ne faut pas nécessairement entrer dans un moule pour prendre sa place.


Note finale :


36 vues0 commentaire
Bannière_Mione.png
bottom of page