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Demi-Vie de Magali Laurent

Demi-Vie de Magali Laurent (Éditions de Mortagne)

La vie à temps partiel. Un mois d’éveil pour un mois de sommeil. Tel est le prix à payer pour survivre dans la Nouvelle Cité mondiale.


Tout juste âgée de seize ans, Ysia doit quitter ses parents et devenir une Citoyenne à part entière. Beaucoup de changements rendent sa nouvelle réalité difficile : sa superviseure est une femme froide et intransigeante, l’un de ses collègues l’épie pour une raison qu’elle ignore, et l’état de santé de son amie Kat se dégrade à vue d’œil, tout comme celui des autres habitants de son quartier.


Et si tout cela était lié ? Que manigance le pouvoir en place ? Et qui est Driss, cette personne vivant à contretemps d’Ysia et partageant sa chambre ?


Le Jardin où habite la jeune fille est une mécanique qui a fait ses preuves, mais quand l’intelligence artificielle au service des Citoyens se met à dérailler, c’est tout le système qui bascule.


La rupture est proche. Le monde tel que le connaît Ysia touche peut-être à sa fin.


Dès que j’ai vu la couverture, je savais que je devais l’acheter. C’était impossible pour moi de ne pas mettre la main dessus. Le résumé était intrigant, tout annonçait quelque chose de grandiose avec ce roman ! Mais aussi, ça m’a fait penser à un film précis que j’avais bien aimé et ce film est « Jonathan » dont le personnage (les personnages) est joué par Ansel Elgort contient des jumeaux qui vivent 12h par jour. Un fait la moitié de la journée et l’autre la deuxième. Ce principe de « demi-vie » m’impressionnait, alors vous comprendrez que je suis facilement rentrée dans ma lecture !


Pour commencer, j’aimerais vous présenter l’auteure, Magali Laurent. Peut-être la connaissez-vous à cause de sa série populaire B.O.A également publiée chez les Éditions de Mortagne. Je n’ai pas lu encore cette série, mais je compte me la procurer un jour, car je suis intriguée. Native de France, elle immigre au Québec en 2007, après avoir fait une maîtrise en journalisme. Si l’accent la trahit légèrement, sachez que son écriture ne montre pas ses origines. C’est une Québécoise qui a à cœur la littérature bleue. Magali a plusieurs œuvres à son actif. Sa première trilogie, Billy, dont le premier tome a été finaliste du Prix de création littéraire de la Bibliothèque de Québec et du Salon international du livre de Québec dans la section jeunesse en 2014, lui donne ses premiers pas dans le métier d’auteure. Puis, c’est avec Brume macabre, un roman publié chez Héritage Jeunesse qu’elle rejoindra la célèbre collection Frissons adressés aux jeunes de neuf ans et plus. Elle publiera par la suite sa trilogie B.O.A dont le premier tome reçoit le prix Livraddict en 2018. Son roman « L’ogre et l’enfant » publié chez Bayard Jeunesse sera également finaliste du Prix de création littéraire de la Bibliothèque de Québec. C’est finalement en mai 2020, avec un peu de retard dû à la situation du printemps, que Magali publie avec les Éditions de Mortagne le premier tome d’une nouvelle trilogie : Demi-Vie, Rupture.


J’ai rapidement embarqué dans le roman où on nous présente Ysia, une jeune femme de seize ans qui devient Citoyenne dans Le Jardin, une civilisation dystopique, post-apocalyptique. En fait, le genre de la série est un peu de beaucoup de chose, mais également de la Cli-fi, soit un genre littéraire dont l’histoire a été impactée par le climat. En effet, dans Demi-Vie, le monde était rendu invivable à cause des ressources qui ne suffisaient plus. Alors, cette nouvelle civilisation, dirigée par le Protecto est très stricte et également surprenante. Les citoyens, enfants comme adultes, vivent une demi-vie. Ils vivent un mois et dorment le mois suivant. Ils considèrent ceux qui sont réveillés pendant leur endormissement comme des Citoyens d’un autre temps. Ysia doit donc rapidement apprendre à être une bonne citoyenne, dans ses propres appartements où tout coûte des points durement gagnés : eau, électricité, nourriture. Le tout prévient le gaspillage de ressource. La jeune femme a de la difficulté à s’habituer à ne plus être avec ses parents qui sont transférés du Quartier des Familles aux tours des Séniors que plusieurs appellent le « mouroir ». Sympathique, je sais.


Ce que j’ai adoré dès le début de ma lecture sont les explications de l’auteure. Elle ne lésine pas sur les détails et les procédés de ce monde qu’on ne connait pas. Je trouve que c’est quelque chose de très important dans ce genre de livre, car on peut facilement se perdre à essayer de comprendre.


De plus, le personnage d’Ysia est vraiment attachant. La pauvre est prise dans une situation bien plus grande qu’elle et tente de sauver tout le monde, mais elle se rend vite compte que ce n’est pas possible. Pourquoi ? Parce qu’elle ne comprend pas ce qui se passe. En fait, personne ne sait ce qui se passe. Le fait qu’on suive une jeune femme qui se découvre, en plus d’apprendre à vivre en tant que Citoyenne et cherche à comprendre les changements de sa société aide beaucoup à la compréhension du roman dans sa globalité.


Les personnages en tant que tels sont bien installés dans le récit. Certains plus adorables que d’autres. Sacha par exemple est d’une mignonnerie, mais j’aurais aimé qu’il soit un peu plus… humf. Il manquait un petit quelque chose qui l’aurait rendu parfait. Comme dirait Louis-José Houde, Sacha manquait de viande. Quant à Kat, bah c’est Katery quoi. Je comprends que ce soit la première amie d’Ysia en tant que Citoyenne, mais à sa place, j’aurais rapidement abandonné et je l’aurais laissé à son sort. Okay, je sais que c’est cruel, qu’il faut aider son prochain, surtout dans une société dont le moto est « Nous sommes un peuple », MAIS, nah. Moi je l’aurais laissé se débrouiller.


J’ai également eu beaucoup de peine pour les parents d’Ysia et ça nous montre un peu quel genre de civilisation s’est installée. Ils survivent, c’est vrai, mais tu es un enfant, tu vis dans le bonheur à temps partiel pour devenir un Citoyen et te dépêcher à avoir une famille pour finir dans un petit appartement lugubre qu’on appelle un mouroir. Imaginez avoir une espérance de vie de 40 ans et seulement en vivre 20 ? C’est difficile à s’imaginer, mais c’est normal pour les personnages du roman, car c’est ce qui permet la survie du peuple.

Quant au personnage de Driss, présenté en quatrième de couverture, j’ai adoré que l’auteure nous laisse un suspense quant au sexe de ce personnage de l’autre temps. J’ai trouvé que ça faisait une agréable surprise et ça m’a fait sourire. Et je crois que ça pourrait être un personnage vraiment génial à faire évoluer dans les prochains tomes.


Quant à l’histoire en général, je dirais que j’ai beaucoup aimé. Quand les Citoyens commencent à devenir des zombies et à tomber malade dû à l’utilisation excessive de leur Clairécran (un écran holographique projeter par une puce dans la main), j’ai trouvé très belle la métaphore de notre propre société. Les Citoyens de Demi-Vie deviennent addicts à leur Clairécran au point de les rendre malades. N’est-ce pas exactement ce qui se passe chez nous avec nos téléphones cellulaires ? Quand nous privilégions notre écran au lieu du temps en famille ou entre amis ? J’ai adoré la métaphore et comment l’auteure a tourné la situation. C’était vraiment intéressant à lire et surtout, à découvrir.


Cependant, j’ai deux critiques. La première étant sur les répétitions, mais je m’explique. Soit c’était voulu et je comprends le principe, soit ce ne l’était pas et c’était légèrement désagréable. En effet, on répète beaucoup le processus du Perfecto. On nous explique encore et encore comment la société fonctionne. Comment le moto est important, etc. Si l’auteure a fait ces répétitions pour nous immerger dans le roman où les personnages se font sans cesse répéter tout ça, ça aurait du sens et je dirais même que c’est du génie. Dans le cas où ce n’était pas voulu, je crois qu’il y en a effet un petit problème de ce côté-là.


La deuxième critique, elle est vraiment personnelle, mais je n’ai pas aimé la fin du premier tome. Je le met en "spoiler" au cas où. Selon moi ça en ai pas, mais on sait jamais. Surlignez le passage et le texte apparaîtra.


[SPOILER]

Je trouve qu'il y a un vide concernant les explications générales à la fin du tome. J’avais hâte d’avoir des réponses, ou au moins sur le pourquoi on n’en a pas. Tout le long de la lecture, je me posais des questions sur le comment du pourquoi, ayant hâte à l’épilogue pour comprendre un petit peu, mais sachant pertinemment qu’il y aurait un cliffhanger. Le problème est qu’on retrouve cinq pages à la fin du livre où Ysia est confronté au Perfecto, mais on ne sait pas pourquoi. On ne sait pas comment. On ne sait pas où. On ne sait pas qui. On ne sait absolument rien du tout. Bien entendu, ça pousse à lire le deuxième tome (qui n’est pas encore sorti bien entendu), mais j’aurais aimé avoir un peu d’information et d’explication dans l’épilogue, tout en laissant un suspense. Je crois que c’est ma plus grosse critique du roman, parce que j’ai été très déçue de la fin et je m’attendais à beaucoup mieux.

[FIN DU SPOILER]


Si vous aimez les romans dystopiques où la société s’éloigne de la nôtre, je crois que vous aimeriez ce roman. Sachez cependant que le style d’écriture est à mon avis penché un peu plus vers le jeunesse, mais ça ne bloque pas la lecture et le livre reste très agréable à lire. L’histoire est originale et bien élaborée. J’ai très hâte de découvrir les deux prochains tomes dans les prochaines années. Ce sera long attendre, ça je vous le garantis.


Note finale :


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